À l’approche des élections prévues en 2028, la Synergie des Missions d’Observation Citoyenne des Élections (SYMOCEL) multiplie les rencontres avec les parties prenantes pour alerter sur les risques d’un nouveau cycle électoral chaotique si les réformes jugées prioritaires ne sont pas engagées rapidement. Devant la presse ce samedi 15 novembre, Luc Lutala Kyad'i, coordinateur national de la SYMOCEL, a dressé un état des lieux critique du cadre juridique et institutionnel actuel, tout en soulignant les principaux défis hérités du processus électoral de 2023.
Selon la SYMOCEL, les scrutins du 20 décembre 2023 ont laissé « un goût amer » et révélé des « failles structurelles profondes ». L’organisation souligne que d’autres missions d’observation, telles que l’ECC-CENCO, ont abouti à des constats similaires, pointant des irrégularités, des lenteurs dans les procédures, un manque de traçabilité, des contentieux judiciaires récurrents ainsi qu’une recrudescence de « crimes électoraux ».
Face à ces dysfonctionnements, la SYMOCEL a élaboré dernièrement un rapport comportant 36 recommandations, dont 18 considérées comme prioritaires pour appuyer les réformes électorales jugées urgentes.
Interrogée sur la capacité du dispositif législatif actuel à garantir des élections crédibles en 2028, la SYMOCEL reste mesurée.
« Il serait illusoire d’aborder sereinement les échéances de 2028 sans une révision en profondeur de certaines lois clés : la loi organique relative à la CENI, la loi électorale, ainsi que les mécanismes de répression des crimes électoraux », prévient l'organisation.
Selon elle, chaque début de cycle électoral doit s’accompagner d’ajustements juridiques afin d’assurer, entre autres, un consensus élargi sur la composition de la CENI, des procédures plus transparentes, une traçabilité renforcée des opérations électorales et un cadre plus strict contre la corruption.
Une feuille de route contestée par la SYMOCEL
La Synergie des Missions d’Observation Citoyenne des Élections (SYMOCEL) a émis de vives critiques à l’égard de la feuille de route récemment rendue publique par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pour l’organisation, ce document soulève un « problème de régularité », car il prévoit des actions allant au-delà du mandat légal de l’équipe dirigeante actuelle.
De plus, Luc Lutala, coordinateur de la SYMOCEL a expliqué que « cette feuille de route ne saurait être considérée comme un véritable calendrier électoral, car elle n’est accompagnée ni d’un budget détaillé, ni d’un plan de décaissement clair validé par le gouvernement ».
« Il s’agit davantage d’une déclaration d’intention que d’un instrument de planification fiable », a-t-il poursuivi, notant que même la CENI semble en difficulté pour sa mise en œuvre.
Le dossier sensible des élections locales, toujours en attente d’organisation malgré les engagements pris, exacerbe les tensions entre le gouvernement et la centrale électorale. Tandis que le gouvernement accuse la CENI d’avoir épuisé les fonds alloués, cette dernière affirme au contraire être confrontée à un manque de financement.
« D’eux deux, il y a sûrement une partie qui dit vrai et l'autre qui nous arnaque », déplore Luc Lutala Kyad'i, qui appelle à mettre fin à cette confusion qui continue de freiner l’avancement du processus électoral.
Face au risque de voir se répéter un cycle électoral conflictuel, la SYMOCEL appelle désormais à une implication accrue de toutes les parties prenantes : députés, sénateurs, partis politiques, société civile et médias. L’objectif est de créer un consensus national autour des réformes institutionnelles et de préparer la mise en place d’une nouvelle équipe à la tête de la CENI.
« Nous sommes dans une phase de sensibilisation et de mobilisation des différentes parties prenantes, en synergie, pour engager les réformes nécessaires. Si celles-ci aboutissent, nous pourrons espérer un cycle électoral beaucoup plus apaisé, transparent et conforme aux standards démocratiques », estime l’organisation.
James Mutuba