La situation sécuritaire est restée préoccupante en octobre dans le territoire de Lubero, situé dans la province du Nord-Kivu. Selon le rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA/RDC), la zone a été marquée par une série d’attaques meurtrières perpétrées par des éléments armés dans la Zone de Santé de Manguredjipa.
"Selon des sources de la société civile locale, entre le 7 et le 29 octobre, des incursions dans les villages de Katanga, Rizerie, Itembo, Mukondo et Manguredjipa ont causé la mort d’au moins 55 civils et provoqué le déplacement d’au moins 50 000 personnes vers la ville de Butembo et d’autres localités environnantes. Les infrastructures scolaires sont restées fermées dans plusieurs localités, compromettant la reprise des activités éducatives, tandis que les structures sanitaires demeurent gravement affectées par une pénurie de médicaments", rapporte OCHA/RDC dans son document rendu public mardi 18 novembre 2025.
Par ailleurs, des évaluations menées par l’ONG S1 en octobre dans la Zone de Santé de Kayna, située au sud du territoire de Lubero, ont révélé la présence de plus de 23 000 personnes déplacées et 95 000 personnes retournées dans les localités de Kayna, Bulotwa, Mighobwe et Bukomerwa. Ces populations vivent dans une situation d’extrême vulnérabilité, aggravée par l’instabilité sécuritaire et les affrontements armés survenus entre août et octobre 2025 dans les territoires voisins de Rutshuru et Walikale.
S’agissant du territoire de Beni, toujours dans la province du Nord-Kivu, le mois d’octobre a été marqué par une combinaison de violences armées, de criminalité et de tensions sociales. Selon OCHA, le 3 octobre, des affrontements entre l’armée congolaise et un groupe armé à Machongani ont entraîné le déplacement préventif de plusieurs ménages vers Oïcha, bien que l’ampleur exacte demeure inconnue. Le 7 octobre, un camion privé transportant de l’aide humanitaire destinée aux populations déplacées d’Eringeti et de Mayi-Moya a été incendié à Oïcha par des individus armés non identifiés.
"Cet incident illustre les risques élevés pour les acteurs humanitaires et les défis d’accès dans la zone. Par ailleurs, la menace des engins explosifs improvisés (EEI) demeure préoccupante. Deux personnes ont été tuées et quatre autres blessées lors d’explosions survenues à Kalunguta et à Kilya au cours du mois d’octobre", ajoute OCHA.
Cette partie de la province du Nord-Kivu fait face aux attaques répétées des ADF, des rebelles à l’origine essentiellement ougandais. Actifs depuis près de trois décennies dans l’est de la RDC, ils ont fait allégeance en 2019 au groupe État islamique, qui les présente comme sa branche d’Afrique centrale. En dépit des opérations militaires conjointes entre l’armée congolaise et l’armée ougandaise, la menace demeure.
Clément MUAMBA