Depuis plusieurs décennies, la région des Grands Lacs est confrontée à une instabilité sécuritaire persistante liée aux tensions récurrentes entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Alors que Kinshasa accuse Kigali de soutenir des groupes armés, notamment l’AFC/M23, en vue de déstabiliser l’Est du pays, le Rwanda justifie pour sa part ses interventions sur le sol congolais par la supposée collaboration entre les Forces armées de la RDC et les FDLR, considérés par le régime Kagame comme responsables du génocide de 1994.
Bien que des initiatives diplomatiques aient été engagées aux niveaux continental et international pour tenter de résoudre ce conflit, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a renforcé cette dynamique lors de son IXᵉ sommet tenu le samedi 15 novembre 2025 à Kinshasa. À l’issue des travaux, les États membres ont été encouragés à privilégier le dialogue et les mécanismes régionaux existants pour régler les différends bilatéraux.
"Sur la sécurité et la paix régionales : Appelons tous les États membres à résoudre les différends bilatéraux par le dialogue et les mécanismes régionaux existants, en réaffirmant les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États. Encourageons les États membres à renforcer les mécanismes conjoints de sécurité aux frontières et à intensifier la coopération ainsi que le partage d’informations pour lutter contre la contrebande d’armes, l’exploitation illégale de minerais et d’autres activités criminelles transnationales", dit le communiqué final du Sommet.
Les participants ont également salué le travail réalisé par l’Angola, qui a passé le flambeau de la présidence tournante de la CIRGL à la RDC. Ils ont appelé Kinshasa à œuvrer pour obtenir la reconnaissance officielle de la CIRGL comme mécanisme régional de l’Union africaine, une étape décisive pour renforcer son rôle dans la gestion des crises sur le continent.
La RDC assume désormais la présidence tournante de l’organisation pour la période 2025-2027. Dans son allocution, le président Félix Tshisekedi a promis d’accomplir ce mandat « dans un esprit d’écoute, d’impartialité et d’efficacité », tout en comptant sur le soutien de ses homologues, notamment celui de la Troïka.
"Notre mandat sera un mandat de résultats articulé autour de cinq priorités : la réforme institutionnelle de la CIRGL ; le rétablissement et la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionales ; le renforcement de la coopération judiciaire ; la lutte contre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles à travers un programme efficace de traçabilité des minerais ; et l’intégration économique régionale. Le temps nous presse d’agir pour faire de la région des Grands Lacs un véritable espace de paix, de sécurité et de développement", a souligné Félix Tshisekedi.
La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs regroupe douze États : l’Angola, le Burundi, la République centrafricaine, la République du Congo, la RDC, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie. Créée face à l’ampleur régionale des crises politiques et sécuritaires, elle s’emploie à promouvoir la paix durable, la sécurité et le développement dans cette région stratégique du continent africain.
Clément MUAMBA