L’actualité politique congolaise est en effervescence depuis le dépôt, à l’Assemblée nationale, d’une pétition réclamant la déchéance de son président, Vital Kamerhe. Cette initiative parlementaire, qui dépasse désormais 200 signatures, soulève de nombreuses questions : enjeux de gouvernance, luttes internes au sein de la majorité, ou encore positionnement stratégique à l’approche des prochaines élections.
Mais au-delà des couloirs du Palais du Peuple, que pensent les citoyens ordinaires ? Le Desk Femme d’ACTUALITE.CD a tendu le micro à quelques femmes rencontrées dans les rues de Kinshasa pour avoir leurs points de vue.
Mireille Mwela, 42 ans, vend des légumes au marché central de Matete. Pour elle, la pétition contre Vital Kamerhe est une affaire de politiciens, mais elle mérite tout de même attention.
« S’il a mal géré, qu’il rende compte. C’est normal. Mais ce n’est pas la première fois qu’on entend ce genre de choses. On chasse une personne, une autre arrive, et rien ne bouge. Le peuple reste toujours dans la souffrance. La vraie pétition, c’est celle pour notre quotidien. »
Nadège, 29 ans, infirmière à Lemba suit de près l’actualité. Pour elle, les accusations de gestion opaque doivent être traitées sérieusement, sans précipitation politique.
« On parle de mauvaise gouvernance, de décisions prises sans consultation. S’il y a des preuves, que la procédure suive son cours. Mais il ne faut pas que ce soit une chasse aux sorcières déguisée. Les institutions doivent être respectées. »
De son côté, Jeanne Lesay, propriétaire d’un salon de coiffure à Lemba, suit les débats avec un mélange de curiosité et de méfiance.
« Moi, je ne connais pas tous les détails, mais j’ai vu à la télé qu’il y a plus de 250 députés qui ont signé. C’est énorme. Ils ne peuvent pas tous mentir. Je pense que si Vital Kamerhe est innocent, il pourra se défendre. Mais s’il a échoué, qu’il parte. Nous voulons des dirigeants qui respectent les lois. »
Aminata Bobi, 56 ans, veuve, vendeuse de pain à Ndjili, se montre plus fataliste.
« Moi je ne m’occupe plus trop de leurs histoires. Chaque année, c’est la même chose : pétitions, accusations, changements. Et pourtant le prix du pain monte, l’eau manque, les écoles sont en mauvais état. Ils se battent pour leurs postes. Mais nous, les mamans, on veut juste la stabilité. »
Rachel Mwadi, 24 ans, étudiante en droit à l’UNIKIN, voit dans cette pétition un tournant dans la vie politique congolaise.
« Avant, les responsables politiques étaient intouchables. Aujourd’hui, même le président de l’Assemblée peut être remis en cause. C’est sain pour notre démocratie. J’espère que cela ouvrira la voie à plus de transparence, pas seulement à l’Assemblée, mais dans toutes les institutions. »
Les réactions recueillies traduisent la diversité des regards féminins sur cette actualité. Certaines femmes expriment leur lassitude face aux luttes de pouvoir, d'autres réclament justice, transparence et responsabilité. Toutes, cependant, s’accordent sur un point : la classe politique doit être au service du peuple, et non de ses propres intérêts.
Nancy Clémence Tshimueneka