Sud-Kivu: sur 24 structures de santé dans les zones de santé de Katana et Kalehe, 15 ont dû fermer, 10 endommagées et 16 pillées, d'après une évaluation menée par MSF suite aux affrontements début 2025

La partie Est de la République Démocratique du Congo continue de s'enfoncer dans une crise humanitaire toujours alarmante exigeant une action urgente pour protéger les enfants et un accès humanitaire sans entrave. De mai à juillet, Médecins Sans Frontières (MSF) dit avoir déployé une intervention d’urgence à Katana et Kalehe, au Sud-Kivu, où le conflit a mené le système de santé au bord de l’effondrement.

Au cours de deux mois, MSF a offert gratuitement des soins vitaux à plus de 2480 personnes et rétabli des services essentiels, notamment grâce à d’importants dons de fournitures médicales qui ont soutenu les structures locales et répondu aux besoins urgents des communautés.

«Une évaluation menée par MSF en mars, suite aux affrontements violents dans la zone début 2025, a révélé une situation de crise majeure: sur 24 structures de santé évaluées dans les zones de Santé de Katana et Kalehe, 15 ont dû fermer, 10 ont été endommagées et 16 ont été pillées. En réponse, MSF a soutenu les hôpitaux généraux de référence de Katana et Kalehe, ainsi que les centres de santé de Katana Nuru, Mabingu, Lushebere, Kalehe et Luzira», renseigne MSF dans un communiqué rendu public ce mardi 12 août 2025.

L’intervention de MSF s’est focalisée sur la prise en charge pédiatrique des enfants de moins de cinq ans, le traitement de la malnutrition, les soins gynéco-obstétricaux présentant des complications et le soutien aux victimes de violences. En plus des dommages subis par les structures de santé, mettant en péril leur opérationnalité, les patients font face eux aussi à des barrières d'accès aux soins telles que les difficultés économiques et l’insécurité.

« Le nombre de patients a explosé depuis l’arrivée de MSF. Nous n’admettions qu’environ cinq nouveaux cas pédiatriques par semaine. En juin, ce chiffre est passé à près de 60 admissions hebdomadaires. Avec la gratuité des soins et l’approvisionnement en médicaments garantis par MSF, ainsi que le travail conjoint entre les équipes de l'hôpital et celles de l'organisation, nous avons pu observer une baisse de la mortalité », explique le Dr Bahati Magadju, directeur général de l’hôpital général de référence de Katana. 

Les affrontements dans la région ont également exacerbé la vulnérabilité alimentaire des ménages, de nombreuses familles étant privées de l’accès à leurs champs et faisant ainsi grimper les prix des denrées.

« Beaucoup de familles ont perdu leurs moyens de subsistance et n’ont plus de quoi se nourrir correctement. Nous avons fourni des aliments thérapeutiques comme le Plumpy’Nut, ce qui a permis à des enfants de se rétablir de la malnutrition », explique Emmanuel Njikam, coordinateur adjoint de projet pour MSF. 

Avant de mettre fin à son intervention d’urgence, MSF a fait don d’un stock médical couvrant les besoins des services appuyés durant l’intervention par MSF pour une période supplémentaire de 2 mois, aux mêmes hôpitaux et centres de santé qu’elle soutenait à Katana et Kalehe. Malgré ces avancées, l’insécurité et la fermeture des aéroports de Bukavu et Goma continuent de limiter l’accès humanitaire.

« Il existe encore des zones où nous ne pouvons pas intervenir, alors que les besoins restent immenses. Il est essentiel que tous les acteurs garantissent un passage sécurisé pour l’aide humanitaire et qu’un approvisionnement régulier en médicaments et aliments thérapeutiques soit assuré par le ministère de la santé et ses partenaires. Trop de centres de santé sont aujourd’hui gravement sous-approvisionnés. », souligne Muriel Boursier, cheffe des programmes MSF au Sud-Kivu.

La semaine dernière, le Haut-Commissaire a renouvelé son appel à toutes les parties aux conflits dans l'est de la RDC pour qu'elles protègent les civils et respectent toutes leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme. Il a également exhorté toutes les parties à la déclaration de principes récemment signée à s'engager de bonne foi dans le processus de paix et à agir avec détermination pour mettre fin aux cycles de violence récurrents.

Le gouvernement de la RDC et le groupe M23 ont signé une déclaration de principes au Qatar le 19 juillet 2025, convenant d'un cessez-le-feu et de la poursuite des négociations en vue d'un accord global. Cette déclaration a été précédée par la signature d'un accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington, le 27 juin. Pourtant, les progrès significatifs sur le terrain restent limités, laissant les communautés touchées dans une profonde incertitude.

Clément MUAMBA