Procès en appel du Coup d’État manqué : l’affaire prise en délibéré, la Cour militaire promet un verdict dans le délai légal

Prononcé dans l'affaire coup d'Etat manqué, le 13 septembre 2024
Prononcé dans l'affaire coup d'Etat manqué, le 13 septembre 2024

Siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo, la Cour militaire de Kinshasa/Gombe a bouclé les plaidoiries dans le cadre de l’affaire relative à la tentative de coup d’État du 19 mai dernier et à l’attaque de la résidence de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale. Cette étape fait suite au réquisitoire du ministère public et aux deux journées de plaidoiries des avocats de la défense, tenues les 13 et 15 janvier 2025.

Après avoir entendu les arguments des différentes parties, le président de la Cour militaire, le colonel magistrat Jean-Robert Kilensele Muke, a estimé que le dossier était suffisamment éclairé. La Cour a donc mis l’affaire en délibéré et s’est engagée à rendre son verdict dans le délai légal.

Les 37 prévenus ayant interjeté appel, condamnés en première instance à la peine de mort, ont unanimement plaidé leur innocence, espérant être acquittés. Parmi eux, Marcel Malanga, fils de Christian Malanga, figure clé présumée du coup d’État, a exprimé son souhait de tourner la page.

“Je suis originaire de Bandundu, mais je veux regagner les États-Unis. Je dois organiser les obsèques de mon père pour qu’il repose en paix avant de reprendre ma vie là-bas”, a-t-il déclaré, appuyé par ses avocats.

Zalman Benjamin, un autre prévenu, de nationalité américaine, a également rejeté toute implication dans le complot.

“Ma relation avec Christian Malanga était purement professionnelle. Je n’ai jamais participé à un crime ni eu connaissance de cette tentative de coup d’État. J’ai tout perdu : mes entreprises, ma famille. Je demande à la Cour de m’acquitter”, a-t-il plaidé.

L’expert en sécurité et défense, Jean-Jacques Wondo, condamné en première instance pour association de malfaiteurs, a également clamé son innocence.

“Je déclare devant Dieu et la nation que je suis innocent. Je n’ai jamais été impliqué dans ces actes que je condamne. Je pardonne à ceux qui sont derrière cette cabale politique contre moi”, a-t-il affirmé.

De son côté, Nkiele Mbuela Ruphin, un Congolais naturalisé canadien, a insisté sur son innocence et son absence de lien avec le groupe incriminé :

“Je ne connais pas Christian Malanga ni son organisation. Mon séjour en RDC était uniquement motivé par des affaires. Libérez-moi pour que je reprenne mes activités”, a-t-il demandé.

Lors de ses réquisitions, le colonel Parfait Mbutamutu, représentant du ministère public, a salué le travail du tribunal de première instance et affirmé que les prévenus avaient volontairement adhéré au mouvement “New Zaïre” de Christian Malanga, visant à renverser les institutions légalement établies.

En première instance, les 37 accusés avaient été condamnés à la peine de mort pour association de malfaiteurs, attentat et terrorisme. Parmi eux figurent Marcel Malanga, Tyler Christian Thomson, Zalman Benjamin et Nkiele Mbuela Ruphin. L’expert militaire Jean-Jacques Wondo avait également été condamné à la même peine pour association de malfaiteurs et attentat.

D’autres condamnés avaient écopé de 20 ans de servitude pénale pour détention illégale d’armes de guerre. En revanche, 13 personnes avaient été acquittées, les accusations de terrorisme et de financement du terrorisme n’ayant pu être prouvées. Un prévenu, Tikimo, avait bénéficié de circonstances atténuantes et été déclaré non coupable.

La Cour militaire, siégeant en appel, devra confirmer ou infirmer les sentences prononcées par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe. Le verdict est attendu dans les prochains jours.

Clément Muamba