Huile de palme en Tshopo : 38 000 tonnes par an, un potentiel freiné par des défis structurels

Infographie ACTUALITE.CD.

Avec ses 200 000 tonnes annuelles produites à l’échelle nationale, l’huile de palme est un pilier méconnu de l’économie congolaise. Dans la province de la Tshopo, autrefois appelée grenier agricole de la RDC, la filière tente de retrouver sa gloire d’antan grâce à des initiatives telles que le PSFD (Programme de mise en valeur des savanes et forêts dégradées) et à des acteurs locaux comme Quadratus Mangaza, responsable de la société Bora.

La Tshopo produit actuellement 38 000 tonnes d’huile de palme par an, soit près de 20 % de la production nationale. Cependant, cette performance est en deçà de son potentiel. Selon Quadratus Mangaza, « la filière est sous-exploitée en raison des plantations vieillissantes et d’un manque d’organisation structurelle. » Sur les 38 000 hectares anciennement cultivés, seuls 13 000 hectares restent en activité. Les infrastructures inadéquates, combinées au manque d’investissements, freinent considérablement la montée en puissance de la région. Quadratus appelle les autorités à prendre des mesures concrètes pour relancer cette filière stratégique. « Ce que moi je peux demander à nos autorités, c’est d’appuyer tout d’abord la filière huile de palme. Elle est porteuse, car presque tous les ménages consomment cette huile. »

L’un des principaux obstacles reste l’accès au financement pour les petits producteurs. Quadratus Mangaza plaide pour la création d’un fonds de garantie, une initiative qui permettrait aux producteurs de sécuriser des prêts pour renouveler leurs plantations et moderniser leurs équipements. Les semences de qualité, essentielles pour augmenter la productivité, représentent également un défi majeur. « C’est la première fois que nous avons des semences de qualité grâce au PSFD. Cependant, leur coût reste un frein important, » souligne-t-il. En parallèle, les infrastructures routières dégradées compliquent l’évacuation des produits vers les marchés. « La qualité des routes n’est pas seulement un problème pour les producteurs. Elle impacte directement les prix et limite notre compétitivité. »

Malgré ces défis, la demande pour l’huile de palme reste élevée, tant sur les marchés locaux qu’internationaux. La Tshopo exporte déjà vers des provinces voisines comme le Nord-Kivu, mais également vers l’Ouganda et le Rwanda. Cependant, l’absence d’une transformation locale à grande échelle limite la valeur ajoutée captée par la région. Quadratus Mangaza précise : « Nous vendons une tonne d’huile à environ 500 à 600 dollars, mais une huile de bonne qualité peut se négocier entre 1 000 et 2 000 dollars. Cela montre l’importance d’améliorer nos process et d’investir dans la transformation. »

Pour développer durablement cette filière, Quadratus Mangaza insiste sur la nécessité de structurer les acteurs de la filière pour optimiser la production et la commercialisation. Il souligne également l’importance d’investir dans la recherche et la formation pour développer des semences de qualité et former les producteurs afin d’augmenter les rendements. Il appelle aussi à la création d’un fonds de garantie pour faciliter l’accès au crédit pour les petits producteurs et demande une amélioration urgente des infrastructures pour réhabiliter les routes reliant les zones de production aux grands marchés comme Kinshasa et Goma.

Avec un soutien accru des autorités et des partenaires internationaux, l’huile de palme pourrait devenir un moteur économique majeur pour la Tshopo et pour la RDC. « Cette filière a tout le potentiel pour transformer l’économie locale et répondre à une demande croissante, tant au niveau national qu’international, » conclut Quadratus Mangaza.