Goma : Les habitants et les déplacés de guerre désemparés par la crise économique à quelques heures de la Saint-Sylvestre

Le site des déplacés de Lushagala
Le site des déplacés de Lushagala

La fête du Nouvel An approche à grands pas. À Goma, de nombreuses familles peinent à réunir les moyens nécessaires pour célébrer la Saint-Sylvestre. En cause, une flambée des prix des produits alimentaires et autres articles essentiels, dans un contexte de crise économique aggravée par la guerre d'agression imposée à la RDC par le Rwanda, sous couvert du M23. La situation est encore plus critique pour des milliers de déplacés vivant dans des camps à Goma et ses environs. Jonathan Kombi nous décrit l’ambiance qui règne à Goma, à quelques heures de cette fête de fin d’année.

Dans le marché de Kituku, situé dans le quartier Kyeshero, à l’ouest de Goma, où se trouve un abattoir, les prix des vaches ont flambé. Une vache qui se vendait entre 600 et 700 dollars se négocie désormais à 1 000 dollars, voire plus. Malgré cette hausse, de nombreux acheteurs affluent pour se procurer de la viande pour les festivités. Plusieurs membres des associations villageoises d’épargne et de crédit se regroupent également pour partager des vaches achetées avec les sommes cotisées tout au long de l’année.

« Ce mardi matin, il y avait peu de vaches à Kituku. Celles de petite taille sont proposées à des prix oscillant entre 700 et 800 dollars. Beaucoup de gens attendent de nouvelles arrivées prévues en provenance de Masisi. Cela montre qu’il y a non seulement une crise, mais aussi une hausse importante des prix. Certains membres des AVEC (associations villageoises d’épargne et de crédit) et d'autres particuliers ont récupéré leur viande lundi. Il y avait beaucoup d’effervescence », témoigne un boucher du quartier Kyeshero.

Malgré la crise, l’esprit festif persiste chez certains habitants. « L’ambiance de la fête est là. Même si les gens se plaignent de la crise, hier, plusieurs vaches ont été abattues. Tout le monde veut célébrer à tout prix. Malgré la guerre, il y a des personnes qui fêteront. C’est cela aussi la résilience des habitants de Goma », affirme Kahindo Espérance, une ménagère rencontrée alors qu’elle cherchait des provisions pour les festivités.

Dans le centre commercial de Birere, des embouteillages importants sont signalés, comme partout ailleurs dans cette ville volcanique. Malgré la crise économique qui touche presque tout le monde, les habitants se pressent pour acheter des pommes de terre, de l’huile végétale ou de la viande de chèvre. Les prix des chèvres, comme ceux des autres produits, ont également grimpé au marché de Kahembe, ce qui suscite des plaintes sur le manque d’argent.

« Les prix de nombreux produits ont augmenté, et les ventes pour le Nouvel An sont faibles comparées à celles de Noël. Les gens n’ont pas d’argent. Le taux de change du dollar a aussi grimpé, et la guerre nous affecte sérieusement. Cela explique pourquoi les prix des pommes de terre, de la farine de maïs, de l’huile végétale et d’autres produits sont en forte hausse », explique Justine Kalondero, commerçante à Birere.

La ville de Goma est isolée de ses principales zones d’approvisionnement, notamment Masisi et Rutshuru, en raison des affrontements avec le M23. Cette situation rend la vie particulièrement difficile pour les deux millions d’habitants de la ville.

« Toutes les voies d'approvisionnement vers Goma sont bloquées, à l’exception de celle en provenance du Rwanda. Le lac Kivu présente également des dangers, notamment après l’accident du bateau Merdi », souligne un transporteur de vivres.

Dans les camps de déplacés, la situation est dramatique. Ces personnes, qui ont fui leurs villages à cause de la guerre, manquent de tout pour célébrer la nouvelle année, comme ce fut le cas à Noël. L’assistance, bien qu’apportée par des personnes de bonne volonté, reste insuffisante pour permettre une fête digne de ce nom. Les déplacés appellent une fois de plus à la fin de la guerre, afin de retourner dans leurs localités.

Enfin, d’autres catégories de personnes, comme les malades hospitalisés et les prisonniers, ne pourront pas célébrer le Nouvel An dans la gaieté. Ces groupes vulnérables nécessitent également une attention particulière de la part de bienfaiteurs.

Jonathan Kombi, depuis Goma