Grand-Katanga : La présence militaire dans les zones minières justifiée par des impératifs de sécurité et de contrôle des ressources sensibles, selon le général Eddy Kapend

Eddy Kapend
Le général de brigade, Eddy Kapend

Dans un entretien accordé à ACTUALITE.CD, le commandant de la 22ᵉ région militaire a expliqué que l'absence de clôtures, la protection des minerais stratégiques comme le cobalt et l’uranium, ainsi que l’usage d’explosifs contrôlés par l’armée, sont au cœur de cette présenc particulièrement à Tenke Fungurume Mining, Kamoa, COMIDE ou encore à CMT.

« Il est important de vérifier si cette présence militaire est officielle. Certains soldats ont-ils été affectés à ces sites ? Ensuite, partout où se trouvent le cuivre et, particulièrement, le cobalt, il y a souvent de l’uranium, une matière interdite à l’exploitation en RDC. L’armée a l’obligation légale de protéger ces sites pour empêcher leur accès par des exploitants pirates », a déclaré Général Eddy Kapend.

Une mission au-delà de la sécurité

Au-delà des questions de sécurité, le Général Kapend a souligné que les militaires facilitent aussi l’exploitation minière en raison de l’utilisation d’explosifs nécessaires au déblayage des roches.

« Les rochers imposants compliquent l’extraction. Les machines seules ne suffisent pas toujours. Les entreprises doivent recourir à des explosifs fabriqués par Afridex, une société de défense. La production, le transport, l’utilisation et le stockage de ces explosifs sont sous contrôle de l’armée. Sans ces explosifs, il est impossible de briser les roches pour permettre aux machines de fonctionner », a-t-il expliqué.

Cependant, le Commandant de la 22ᵉ région militaire a soulevé une problématique majeure : « La vraie question est de savoir qui autorise illégalement la présence de militaires sur certains de ces sites. En ce qui concerne les explosifs, c’est l’armée, en l’occurrence la 22ᵉ région militaire, qui supervise tout dans un cadre légal. »

Un risque d’insécurité accrue

Le Général Kapend a également averti qu’un manque de sécurisation des zones minières pourrait favoriser la création de groupes armés, particulièrement dans une région comme le Lualaba, où l’on dénombre plus de 31 000 ressortissants chinois actifs dans les mines.

Un appel à une solution durable

Bien que l’armée joue un rôle crucial dans la sécurisation des sites miniers, le Général Kapend estime que la présence militaire n’est pas une solution à long terme. Il appelle à une réforme structurelle impliquant tous les acteurs du secteur minier.

« Il faut une conférence économique réunissant la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) et les investisseurs du secteur minier. Ces discussions devraient porter sur la création de gardes industrielles pour protéger les sites et sur l’installation de clôtures autour des concessions. »

Pour cet officier supérieur, la présence militaire dans les zones minières n’est pas une nouveauté. Le Général Kapend a rappelé qu’en 1978, après la guerre des Six Jours, le Maréchal Mobutu avait déployé des militaires dans les zones minières pour protéger des sites stratégiques comme Kolwezi.

Vers une nouvelle approche de la sécurisation des mines

Les propos du Général Kapend mettent en lumière les défis que pose la gestion des ressources minières en RDC : protéger des sites stratégiques tout en s’assurant que cette sécurité ne se transforme pas en occupation illégale par les forces armées. Une réforme impliquant toutes les parties prenantes semble indispensable pour concilier développement économique et sécurité dans une région au cœur des richesses du pays.

Timothée Prince Odia