La révision constitutionnelle envisagée par le président Félix Tshisekedi divise profondément l’opinion publique à Kinshasa. Entre scepticisme, colère et approbation mesurée, les habitants de la capitale congolais se livrent à cœur ouvert sur cette initiative qui fait débat. César Olombo nous livre les réactions recueillies dans la ville-province de Kinshasa.
La révision ou le changement de la constitution proposée par le président Félix Tshisekedi continue de susciter un vif débat à Kinshasa, où les positions sont tranchées. Dans un contexte marqué par des tensions sociopolitiques, les habitants de la capitale se montrent divisés. Certains dénoncent une distraction face aux urgences du pays, tandis que d'autres défendent l'opportunité de corriger des dispositions qu’ils jugent problématiques.
Héritier Bono, un Kinois interrogé, illustre la méfiance partagée par une partie de la population. « Modifier la Constitution, oui ; la changer, non. Ni Félix Tshisekedi ni Augustin Kabuya ne nous disent clairement en quoi la Constitution actuelle bloque la bonne marche du pays », affirme-t-il. Il poursuit en énumérant les priorités non résolues : « La guerre à l’Est, l’eau et l’électricité, les emplois, le pouvoir d’achat... Rien de tout cela n’est empêché par la Constitution. Changer ce texte ne fera qu’aggraver les tensions et provoquer des morts probables », conclut-il.
Des positions nuancées
Si certains rejettent catégoriquement l’idée, d’autres, comme Célestin, un homme d’affaires, y voient une opportunité. « L’article 218 de la Constitution elle-même permet sa révision. Ce n’est pas un péché. Je suis favorable à des ajustements pour corriger certains dispositifs », explique-t-il, tout en se distançant du débat sur un éventuel changement du texte fondamental.
Cependant, les critiques se multiplient. Kiyanda Kabala, un jeune cireur de chaussures, laisse éclater sa colère. « Nous l’avons élu avec le slogan ‘le peuple d’abord’. Aujourd’hui, c’est devenu ‘le peuple lui-même’ ! Nous vivons dans un pays sans père ni mère. Rien ne marche. Où va-t-on ? », s’interroge-t-il avec désillusion.
Un contexte de défiance politique
Certains, comme Rolly, choisissent de défendre le président Tshisekedi, pointant du doigt une opposition qu’il accuse de haine et de vengeance. « Félix Tshisekedi n’a pas besoin de s’éterniser au pouvoir. Corriger les monstruosités de la Constitution profiterait au peuple congolais, pas à lui », martèle-t-il.
À l’opposé, Léon Munga reste convaincu que cette initiative ne sert qu’à renforcer le pouvoir en place. « Tout ce qu’ils font est dans leur intérêt, pas celui du peuple. Où est l’urgence pour nous, Congolais ? », dénonce-t-il.
Une priorité contestée
Enfin, pour Jubril Buluku, le problème réside dans le moment choisi. « Je ne suis pas opposé à la révision de la Constitution, mais dans un contexte où le Congo entier n’est pas en sécurité et où la vie sociale des Congolais n’est pas prise en charge, ce n’est pas la priorité », estime-t-il.
La question de la révision constitutionnelle, portée par Félix Tshisekedi, reflète un clivage profond au sein de la société kinoise. Si certains appellent à une réflexion sereine, d’autres craignent des répercussions politiques et sociales dans un pays déjà fragilisé.
César Olombo