Arrestation de Denise Mukendi et Maria Ntumba : Comment les jeunes femmes peuvent-elles tirer le meilleur parti des réseaux sociaux tout en minimisant les risques ?

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 Denise Mukendi et Maria Ntumba, ont été arrêtées  à Kinshasa suite à des propos jugés offensants tenus sur les réseaux sociaux Tiktok et X (Twitter). À ce sujet, le DeskFemme d’Actualite.cd a rencontré François Mulunda, professionnel du numérique, spécialisé en stratégies digitales. Il revient sur les limites de la liberté d'expression à l'ère du numérique, et particulièrement sur la responsabilité des jeunes femmes dans leur utilisation des réseaux sociaux.

François Mulunda, quel est votre avis sur l’arrestation de ces femmes et les griefs qui leur sont reprochés?

François Mulunda: Ces arrestations sont un rappel des limites de la liberté d'expression en ligne. Si nous avons le droit de nous exprimer, nous devons également être conscients que nos paroles peuvent avoir des conséquences réelles, tant sur notre vie personnelle que sur celle des autres. Les réseaux sociaux sont des espaces publics numériques, et comme dans la vie réelle, nous devons faire preuve de responsabilité et de respect. La liberté d'expression n'est pas absolue, et elle doit s'exercer dans le respect des autres et de la loi. Ces incidents mettent également en lumière les risques inhérents à une utilisation imprudente des réseaux sociaux, et soulèvent des questions plus larges sur la place des jeunes femmes dans le cyberespace.

Quels sont les risques encourus par les jeunes femmes en utilisant les réseaux sociaux ?

François Mulunda: elles sont souvent confrontées à des formes de harcèlement en ligne, à des contenus haineux, à l’atteinte à la réputation et à des pressions sociétales qui peuvent limiter leur expression.

Comment peuvent-elles tirer le meilleur parti des réseaux sociaux tout en minimisant les risques ?

François Mulunda : Elles doivent avant tout être conscientes de l'impact de leurs paroles en ligne. Un message posté peut être partagé des milliers de fois et avoir des conséquences durables. Il est important de réfléchir avant de publier, de vérifier ses sources et de se méfier des fake news. Elles doivent cultiver une présence en ligne positive, en mettant en avant leurs talents, passions et ses valeurs.

Comment peuvent-elles concrètement utiliser les réseaux sociaux de manière positive et constructive ?

François Mulunda: Elles peuvent:

 (i) Construire une image positive en mettant en avant leurs compétences, passions et valeurs. 

(ii) Créer du contenu de qualité en privilégiant des publications originales, informatives et inspirantes. 

(iii) Interagir avec la communauté en échangeant avec les abonnés, répondre à leurs commentaires et participer à des discussions constructives. 

(iv) Se protéger et protéger la vie privée en ajustant les paramètres de confidentialité des comptes et en évitant de partager des informations personnelles sensibles. 

(v) Se tenir informé des bonnes pratiques en matière d'utilisation des réseaux sociaux et des risques encourus.

Quel rôle les plateformes sociales peuvent-elles jouer dans la lutte contre la haine en ligne et la désinformation afin de protéger les utilisateurs ?

François Mulunda: Elles doivent mettre en place des mécanismes de signalement, de modération des contenus haineux, de lutte contre la désinformation mais aussi sensibiliser les utilisateurs aux risques encourus et encourager un comportement respectueux. Le gouvernement doit également travailler en étroite collaboration avec les plateformes pour élaborer des réglementations adaptées.

Quels conseils pouvez-vous donner aux parents pour aider leurs filles à naviguer dans le monde numérique ?

François Mulunda: Le dialogue est primordial. Les parents doivent parler ouvertement avec leurs filles des réseaux sociaux, de leurs dangers et de leurs opportunités. Il est important de leur apprendre à se protéger en ligne, à signaler les contenus inappropriés et à faire confiance à leur intuition. Les parents peuvent également accompagner leurs filles dans la création de leurs profils et les aider à développer une culture numérique responsable.

Quel rôle les écoles et les institutions peuvent-elles jouer dans l'éducation aux médias sociaux ?

François Mulunda : Elles doivent intégrer cette thématique dans les programmes scolaires, en proposant des cours sur la citoyenneté numérique, le cyberharcèlement et la protection des données personnelles. Les institutions peuvent également organiser des ateliers et des conférences pour sensibiliser les jeunes et leurs parents aux enjeux du numérique.

François Mulunda appelle à mettre en place des actions de sensibilisation et d'éducation pour permettre aux jeunes femmes de s'épanouir pleinement dans le monde numérique, tout en évitant les pièges.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka