De la 79ème session de l’ONU à l’autorisation d’afficher des banderoles pour sensibiliser sur la révision constitutionnelle en RDC en passant par l’avertissement de l'entrée illégale d'individus au Congo-Kinshasa, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Nsiku Yeka Israelle.
Madame Nsiku Yeka Israelle, pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Nsiku Yeka Israelle : Je suis licenciée en entrepreneuriat, fiscalité et gestion des entreprises, Assistante à l’université catholique du Congo (UCC)Responsable de Glamour Mode et vendeuse dans une société de beauté féminine.
A la tribune de la 79ème session de l’ONU, le chef de l’Etat congolais a réitéré son appel à la communauté internationale à condamner avec fermeté les actions rwandaises et à imposer des sanctions ciblées contre le régime de Paul Kagame pour son rôle dans la crise de l’Est. Comment interprétez-vous cet énième appel du Président Félix Tshisekedi?
Nsiku Yeka Israelle: En dénonçant de nouveau le rôle du Rwanda, Tshisekedi continue de positionner la crise à l'Est comme un enjeu crucial de son mandat. Cet appel réaffirme sa volonté de trouver des solutions durables pour ramener la paix et la stabilité dans cette région tourmentée par des conflits armés depuis des décennies. C’est une tentative de pousser la communauté internationale à réagir de manière plus proactive pour mettre fin à une crise qui a de graves conséquences humanitaires et sécuritaires pour la RDC.
En réponse à une demande de l’Union Nationale des Cadres Universitaires congolais, le VPM en charge de l’Intérieur Jacquemin Shabani encourage cette dernière à afficher des banderoles pour la sensibilisation de la population au référendum d’initiative populaire pour la révision constitutionnelle en vertu de l’article 218 alinéa 4 de la Constitution. Comment percevez-vous cette initiative ?
Nsiku Yeka Israelle: La perception de cette initiative dépendra en grande partie du contenu de la réforme proposée, du niveau de transparence du processus, et de l'engagement véritable de toutes les parties prenantes pour garantir que cette révision soit bénéfique pour la démocratie et l'avenir du pays. La participation active de la société civile est cruciale pour s'assurer que le processus reste inclusif et reflète les intérêts de la majorité des citoyens.
L'Ambassade de la RDC en RSA a lancé un avertissement concernant l'entrée illégale d'individus au Congo-Kinshasa, dans le but de déstabiliser le pays et renforcer l'insécurité. Comment avez-vous accueilli ceci?
Nsiku Yeka Israelle: cet avertissement soulève des inquiétudes sérieuses. Il reflète les tensions persistantes auxquelles la RDC fait face en matière de sécurité, notamment dans les régions de l'Est, où des groupes armés et des acteurs extérieurs jouent souvent un rôle déstabilisateur.
La Cour de Justice de la communauté économique de l'Afrique de l'Est a ouvert jeudi 26 septembre à Arusha, en Tanzanie un procès opposant la RDC au Rwanda dans le conflit qui sévit dans l’Est. Quelles sont vos attentes ?
Nsiku Yeka Israelle: L'ouverture de ce procès est un développement important dans les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit prolongé dans l'Est de la RDC. Cette démarche judiciaire pourrait être perçue comme un signe de recours à des solutions pacifiques et institutionnelles pour aborder des questions complexes, notamment les accusations mutuelles d'ingérence, de soutien à des groupes armés, et les violations des droits humains.
Le Ministre de la Justice, Constant Mutamba a exhorté les Procureurs généraux près les cours d'Appel, à engager des poursuites contre les auteurs d’actes de dépravation des mœurs sur les réseaux sociaux. Quelle est votre opinion par rapport à ceci?
Nsiku Yeka Israelle: L'idée de réguler les comportements en ligne peut être positive si elle est appliquée de manière juste et proportionnée. Cependant, cela nécessite une approche claire, transparente et respectueuse des droits humains afin d'éviter toute dérive autoritaire ou arbitraire.
Quelles mesures devraient être mises en place pour mieux encadrer l'utilisation des réseaux sociaux en RDC ?
Nsiku Yeka Israelle: Plusieurs mesures pourraient être envisagées afin de garantir un équilibre entre la liberté d'expression, la protection des droits individuels, et la sécurité nationale. On peut :
- Mettre en place des lois spécifiques encadrant l'usage des réseaux sociaux pour prévenir les abus comme la diffusion de fausses informations, la cybercriminalité, et les discours de haine.
- Exiger des plateformes de réseaux sociaux de respecter les lois locales et d'agir rapidement pour supprimer les contenus illicites (violence, incitation à la haine, désinformation).
- Intégrer des modules d'éducation aux médias et aux réseaux sociaux dans les écoles pour enseigner aux jeunes comment utiliser ces plateformes de manière responsable.
Suite à la polémique déclenchée par les propos de Denise Mukendi, alias Denise Dusauchoy, sur le réseau social X, Constant Mutamba ordonne l’ouverture d’une enquête sur les allégations de viol de l’opposant Jacky Ndala. Que pensez-vous de ceci?
Nsiku Yeka Israelle: Le fait que l'enquête soit ouverte témoigne d'une volonté d'apporter des éclaircissements et d'éviter que l'affaire ne soit uniquement jugée sur la place publique. Si les accusations sont fondées, il est important que justice soit rendue. En revanche, si elles s'avèrent infondées, cela soulignerait l'importance de ne pas instrumentaliser des sujets aussi graves pour discréditer des adversaires politiques. Cette situation reflète également le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion rapide d'informations et de rumeurs, ce qui rend encore plus cruciale l'importance d'une enquête rigoureuse.
Dans le cadre du programme de désengorgement des prisons, 1 685 prisonniers de Makala, malades, ont été remis en liberté le 22 septembre 2024 par le ministre de la Justice. Quelle est votre évaluation des mesures prises pour libérer ces prisonniers ?
Nsiku Yeka Israelle: Bien que cette mesure soit un pas en avant, un geste humanitaire important et un moyen de répondre à la crise de surpopulation, elle ne traite pas des problèmes plus larges du système judiciaire congolais, comme la lenteur des procédures judiciaires, les détentions prolongées sans jugement, et l'insuffisance des infrastructures carcérales. Un plan global de réforme judiciaire et pénitentiaire reste nécessaire pour garantir une gestion durable et humaine du système carcéral.
Depuis lundi 23 septembre, un jeune de 15 ans est en garde à vue à Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, pour avoir posté sur Facebook une vidéo de lui en train de s'essuyer les fesses avec un t-shirt à l’effigie du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Quelle est votre opinion quant à ce?
Nsiku Yeka Israelle: Dans les sociétés démocratiques, même en période de transition, il est essentiel de trouver un équilibre entre la liberté d'expression et la protection de la dignité des figures publiques. Réagir de manière excessive à ce genre d’actes peut entraîner une perception de répression et accentuer les tensions sociales. Une approche plus pédagogique pourrait favoriser un climat de dialogue plutôt qu'une escalade de la répression.
Israël a promis jeudi 26 septembre de combattre le Hezbollah libanais jusqu'à la victoire, rejetant un appel international à un cessez-le-feu de 21 jours, pendant que les frappes aériennes massives se poursuivent sur l'est et le sud du Liban. Que pensez-vous de ce rejet du cessez-le-feu ?
Nsiku Yeka Israelle: Le rejet d'Israël d'un cessez-le-feu de 21 jours et sa promesse de combattre le Hezbollah jusqu'à la victoire soulèvent des questions complexes sur la dynamique du conflit au Moyen-Orient. D'un côté, Israël justifie sa position en raison des menaces sécuritaires posées par le Hezbollah, notamment en ce qui concerne les attaques transfrontalières et le soutien militaire qu'il reçoit de l'Iran. De l'autre côté, l'absence de cessez-le-feu pourrait aggraver la situation humanitaire dans les zones touchées, en particulier pour les civils qui subissent les conséquences des frappes aériennes.
Mardi 24 septembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à forcer la Russie à faire la paix avec Kiev. Tout en dénonçant l'Iran et la Corée du Nord comme des complices de la guerre menée dans son pays. Quels sont, selon vous, les obstacles majeurs à un règlement pacifique du conflit en Ukraine ?
Nsiku Yeka Israelle: Le conflit en Ukraine présente plusieurs obstacles majeurs à un règlement pacifique. L'Ukraine et la Russie ont, chacun, des positions fermes concernant leurs revendications territoriales et politiques, rendant les négociations difficiles. D’un coté, L'Ukraine refuse de céder des territoires, tandis que la Russie ne montre aucune intention de renoncer à ses gains. De l’autre, L'Ukraine bénéficie d'un soutien militaire et économique significatif de la part de l'OTAN et des pays occidentaux, tandis que la Russie reçoit également un soutien, bien que plus limité, de pays comme la Chine, l'Iran et la Corée du Nord. Ce soutien complique les négociations en augmentant les enjeux pour les deux parties. Ces facteurs, entre autres, rendent la situation complexe et les perspectives de paix incertaines.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka