Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) a exprimé, dans une déclaration ce mardi 10 septembre, son souhait de participer aux commissions d'enquêtes mixtes sur la récente tentative d’évasion à la prison centrale de Makala dont la répression a fait plus de 130 morts.
Cette demande intervient après que Félix Tshisekedi a demandé, lors du dernier conseil des ministres, au VPM de l’Intérieur et au ministre d’Etat de la Justice de « lui soumettre, endéans une semaine, les conclusions de l’enquête en cours, qui devrait déterminer les causes exactes de cet incident ».
« Nous saluons l'implication du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) et de la société civile dans le processus d’enquête par les autorités du pays, décision prise au récent conseil de ministre élargi. La LUCHA souhaite être également associée à ces enquêtes afin d'assurer un suivi rigoureux, pertinent et responsable de ce dossier. Nous plaçons notre participation à cette commission mixte sous le signe de la garantie de la transparence du processus. Ensemble avec d’autres parties prenantes, nous veillerons à ce que les victimes obtiennent justice et réparation», peut-on lire dans la déclaration.
A Actualité.cd, le docteur Jacques Issongo, membre actif de Lucha, précise les motivations de cette demande : « notre démarche est principalement guidée par le souci de transparence. Étant à l’origine de la demande pour des enquêtes indépendantes, il est logique que nous participions à ce processus afin d'assurer un suivi rigoureux et responsable. Notre présence au sein de ces commissions permettrait de garantir que les investigations se déroulent dans un cadre impartial, avec l'objectif de rendre justice aux victimes et d'apporter des réponses claires sur les circonstances du carnage à la prison de Makala. »
Par ailleurs, cette organisation de la société civile souligne que ce dernier drame à Makala s'inscrit dans un cycle de violences qui touche la prison depuis 2017. « Le carnage récent de septembre 2024 n’est qu’une réitération des violences récurrentes à Makala, accentuées par des conditions de vie dégradantes et l’usage excessif de la force par les autorités pénitentiaires. Cette prison est devenue un lieu de souffrance et d'abandon, où les droits humains des détenus sont systématiquement bafoués », poursuit la LUCHA dans sa déclaration.
Pour Lucha, le manque de mesures efficaces pour améliorer la situation des détenus s’explique principalement par une absence de volonté politique et de vision de la part des autorités. Ces dernières semblent souvent accaparées par d’autres priorités, négligeant les réformes nécessaires dans le système carcéral.
Face à cette crise, le gouvernement, avec au premier rang Félix Tshisekedi, a ordonné une enquête approfondie pour déterminer les causes et les responsabilités de cet incident, impliquant des éléments d'insurrection orchestrés de l'extérieur avec des complicités internes. Alors que la thèse d'une simple évasion est remise en question, le gouvernement appelle à une vigilance accrue face aux tentatives de déstabilisation.
Dans ce climat d'incertitude, la LUCHA et d'autres mouvements de la société civile espèrent que cette épreuve servira de catalyseur pour des réformes indispensables. Leur souhait est clair : que les leçons tirées de cette crise permettent d'éviter de futures horreurs et de garantir le respect des droits fondamentaux des détenus en RDC.
Christelle Nsimba, stagiaire UNISIC