Nord-Kivu: ACEDH tire la sonnette d'alarme sur les conditions difficiles de travail des défenseurs des droits humains dans des zones occupées par le M23

Un village du territoire de Rutshuru
Un village du territoire de Rutshuru

Les défenseurs des droits humains œuvrant dans les zones sous occupation des rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, a indiqué jeudi l'ONG Alerte congolaise pour l’environnement et les droits de l’homme (ACEDH). Cette dernière a initié une pétition à adresser au président de la République pour soutenir l’initiative de la révision de la loi relative à la protection et à la responsabilité du défenseur  des droits humains. 

« Les acteurs qui sont dans les zones sous occupation sont en train de travailler. Si le gouvernement a eu des informations par rapport aux massacres de Kishishe, ce n'est  pas qu'il y a eu des acteurs du gouvernement qui sont partis à Kishishe. Ce sont des acteurs qui sont au niveau local. Certains ont été arrêtés. D'autres ont été exécutés du fait d'avoir partagé ces informations. Et donc, ce sont des acteurs qui sont là, qui sont en train de travailler difficilement, avec peine mais qui sont engagés et qui sont en train de payer de leur engagement et nous devons donc reconnaître ces efforts là », a dit Me Olivier Ndoole, secrétaire exécutif de l'ACEDH. 

Et de poursuivre : 

« Un autre aspect, c'est que la guerre n'arrête pas le droit. La guerre peut perturber la mise en œuvre d'une loi mais la guerre n'arrête  pas le droit. C'est-à-dire, même ceux qui sont en train d'occuper savent qu'il y a des lois. Ils savent qu'il y a les droits de l'homme, le droit international humanitaire et d'autres. Il y a d'autres stratégies de protection et de défense plus sûres qui permettent à ces acteurs d'interagir et de contribuer à juste titre par rapport à l'amélioration de la sauvegarde sociale et l'amélioration de la justice climatique. Il y a par exemple des éco gardes qui sont toujours sur terrain et qui continuent à protéger la biodiversité du parc, quelles que soient les contraintes sécuritaires. Il y a d'autres acteurs communautaires qui alertent par rapport à la situation du lac à Vitshumbi. Ils sont en train de travailler mais dans des conditions exceptionnelles ».

 

Nécessité de réviser la loi sur la protection et la responsabilité du DDH

 

La loi n°23/027 du 15 juin 2023 relative à la protection et à la responsabilité du défenseur des droits humains en RDC contient certaines insuffisances, estiment les initiateurs de la pétition qui circule déjà en vue de la collecte d'un plus grand nombre des signatures avant d’être déposée auprès du Président de la République. Les défenseurs des droits de l’homme se mobilisent pour dénoncer ses caractères iniques, répressifs, intimidant et insécurisant, à leur endroit, dans l’exercice de leur travail. 

« En principe, lorsqu'on a obtenu la loi relative à la protection des défenseurs des droits de l'homme, c'était pour nous, défenseurs, question de vouloir acquérir un outil pour nous protéger. Mais, une année après, est-ce que nous sommes suffisamment protégés ? Les différentes analyses vis-à-vis de différentes dispositions de la loi prouvent que nous n'avons pas été suffisamment protégés. Si on parle par exemple des assassinats des défenseurs des droits de l'homme, la situation est restée presque la même. Depuis janvier de cette année, on a déjà enregistré six assassinats dont un journaliste à Butembo. Vous avez peut-être dénoncé mais qu'est-ce qu'il y a eu après ? Faudra-t-il s'arrêter à la dénonciation ? Disons, non. C'est pour cela que nous proposons à ce que, s'il y a des violations graves vis-à-vis des défenseurs des droits de l'homme, que les enquêtes puissent être obligatoires. On propose qu'il y ait une caisse sociale de réparation des préjudices. Que les veuves et orphelins des défenseurs des droits de l'homme ne puissent pas rester sans voir les préjudices être réparés », a dit Me Éric Kambale, consultant à l'ACEDH.

La demande de révision de la loi relative à la protection du défenseur des droits de l’homme arrive alors que la RDC est au centre des actions sur l’avenir de la transition énergétique, solution climatique et ses conséquences sur les droits locaux, les accaparements des terres, les massacres liés aux agressions et pillages des ressources naturelles. 

Jonathan Kombi, à Goma