Dans une interview datant du 28 mai, Marie Brun, coordinatrice d’urgence pour Médecins Sans Frontières (MSF) à Goma, est revenue sur l’intensification des combats depuis le début de l’année dans l’Est de la RDC entre plusieurs groupes armés, dont le M23, et les forces armées congolaises, ainsi que sur les conséquences pour les déplacés, contraints une nouvelle fois à subir ces violences.
Mme Brun révèle que pour le mois d’avril, MSF a enregistré plus de 1700 cas de violence sexuelle dans les camps de Shabindu, Rusayo et Elohim, dont 70 % sont commis sous la contrainte d’une arme.
"La majorité des femmes victimes de violences sexuelles prises en charge par nos équipes rapportent avoir été violées lors de la collecte du bois de chauffage. On observe de plus en plus d’agressions à l’intérieur même des camps et des cas de viols collectifs ont été également rapportés. "
Elle a également soutenu que dans les camps autour de Goma, les tirs d’artillerie lourde entre belligérants ont causé la mort de 23 personnes et fait 52 blessés depuis février 2024. D’après les Nations unies, au
Au moins 18 civils, en majorité des femmes et des enfants, sont décédés et 32 autres personnes ont été blessées lors des bombardements touchant plusieurs sites des déplacés au cours de la seule matinée du 3 mai.
Selon Marie Brun, ce contexte d’insécurité grandissante se superpose à des conditions de vie extrêmement précaires, à la concentration de porteurs d’armes à l’intérieur et autour des camps densément peuplés et au rapprochement des positions militaires à proximité immédiate des personnes déplacées.
"Ces dernières semaines, Goma s’est peu à peu retrouvée encerclée par plusieurs lignes de front, avec entre 600 000 et 1 million de personnes déplacées et deux millions d’habitants entassés sur un
territoire restreint. Les personnes déplacées vivent dans des conditions sanitaires déplorables sans accès adéquat à l'hygiène, dans des abris faits de bâches en plastique sur des sols jonchés de pierres volcaniques. L’accès à l’eau potable et à la nourriture est très difficile et aléatoire. Les civils sont pris en étau entre les différents groupes armés, blessés ou tués dans des tirs croisés, victimes de la criminalité et plus particulièrement de violences sexuelles," précise la coordonnatrice d'urgence pour MSF à Goma.
Face à cette insécurité persistante, elle appelle toutes les parties au conflit à respecter les camps des déplacés et à cesser les combats à proximité. Elle invite aussi à la protection des civils et au respect du droit humanitaire international, au respect des structures de santé, du personnel médical et humanitaire, et au respect des patients.
Nancy Clémence Tshimueneka