Des élections des membres du bureau définitif de l'Assemblée nationale à l'insécurité persistante dans l'Est de la RDC, en passant par la tentative de coup d'État, la semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Adzik Onkipa Agnès.
Madame Adzik Onkipa Agnès, pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?
Adzik Onkipa Agnès : je suis anesthésiste-réanimatrice, actrice socio-politique et membre de la synergie des jeunes africains pour la consolidation de la paix et de la sécurité en RDC.
L’armée congolaise a affirmé avoir déjoué un coup d’État le 19 mai à Kinshasa. Comment avez-vous perçu tous ces événements ?
Adzik Onkipa Agnès Ces événements m'ont laissée perplexe avec beaucoup de questions sans réponses. Comment tous ces hommes et leurs armes ont circulé dans la capitale sans qu'un seul service de sécurité ne soit alerté ? Comment ont-ils accédé au Palais de la nation sans aucune résistance de la part de la garde républicaine ? Toutes ces questions conduisent à conclure qu'il s'agissait soit d'un coup arrangé, soit d'une énorme défaillance de nos forces de défense et de sécurité.
Quelle analyse faites-vous de l'implication des étrangers, notamment des citoyens américains, dans cette affaire ?
Adzik Onkipa Agnès Depuis la nuit des temps, nous savons que les occidentaux sont auteurs ou complices de nos malheurs. Ceci est une preuve de plus de l'implication des forces étrangères dans la déstabilisation de notre pays. Les USA nous doivent des explications sur le rôle de leurs citoyens dans cette tragédie. Nous devons prendre conscience que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour défendre notre nation sans l'aide extérieure.
Pour la première fois, trois des sept membres du nouveau bureau définitif de l’Assemblée nationale pour la législature 2024-2028 en RDC sont des femmes. Comment avez-vous accueilli leur élection ?
Adzik Onkipa Agnès : C'est une très bonne nouvelle et un bon signal pour la promotion du genre dans notre pays. Avoir 3 femmes au bureau de l'Assemblée nationale, sans compter la première ministre, est très encourageant pour le reste des femmes, qui doivent se fonder sur ces modèles pour ne plus inhiber leurs ambitions, mais compétir et viser tous les postes de prise de décision.
Les malles contenant des items de l’examen d’état hors session en provenance de Shabunda, destinées à la province éducationnelle Sud-Kivu 3, ont été pillées par des hommes armés à Kamituga. Comment garantir la sécurité pour un bon déroulement de l'examen d'État dans cette partie du pays ?
Adzik Onkipa Agnès : Le seul moyen pour garantir la sécurité dans ces zones est le rétablissement de l'autorité de l'État. Il faut que la police et les FARDC soient présentes dans chaque coin pour assurer la sécurité des Congolais et de leurs biens, afin de permettre un déroulement apaisé de l'examen d'État.
Dans une déclaration sur Jeune Afrique, le président kenyan William Ruto affirme que le M23, étant composé de Congolais, est un problème purement congolais et n'a rien à voir avec le Rwanda. Qu'en pensez-vous ?
Adzik Onkipa Agnès : M. Ruto fait preuve d'une ignorance incroyable. Plusieurs rapports de l'ONU attestent le soutien de l'armée rwandaise aux terroristes du M23. Mais je pense que sa déclaration devrait néanmoins réveiller nos autorités pour comprendre que ces gens sont tellement hypocrites qu'on ne devrait pas compter sur eux ni attendre leur avis pour défendre l'intégrité de notre pays et assurer la sécurité de nos concitoyens.
En tant que Président élu, Mahamat Idriss Déby Itno a prêté serment le 23 mai. Quels défis doit-il relever en premier pour le développement du Tchad ?
Adzik Onkipa Agnès : La réconciliation nationale, la réforme du système éducatif, la stabilisation des prix et l'accélération du développement économique sont des défis essentiels à relever et qui nécessitent une approche globale et cohérente pour assurer le développement du pays et répondre aux besoins du peuple tchadien.
Mabinta Djiba, militante du Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), s’est offusquée du peu de place faite aux femmes dans le nouveau gouvernement sénégalais. Selon vous, quelles stratégies peuvent mettre en place les femmes pour accéder davantage aux postes à responsabilité ?
Adzik Onkipa Agnès : Les femmes doivent davantage coaliser leurs efforts, être plus engagées dans des mouvements et partis politiques, se former davantage dans tous les domaines pour se perfectionner et exprimer ouvertement leurs ambitions pour compétir à tous les niveaux. Elles ne doivent pas attendre que les hommes leur fassent des cadeaux au nom de la promotion du genre, mais elles doivent se battre pour mériter d'être nommées ou élues.
Le Brésil va accueillir en 2027 la première Coupe du monde féminine organisée en Amérique du Sud. Comment peut-on promouvoir le sport féminin et le rendre attrayant à travers le monde ?
Adzik Onkipa Agnès : il faut que les gouvernements et les structures d'accompagnement mettent des moyens au service des athlètes pour qu'elles exercent leurs métiers dans les meilleures conditions. Il faut également que les structures qui gèrent le sport féminin mettent en place des projets qui peuvent attirer les investisseurs, car personne ne peut investir dans un domaine s'il ne gagne rien en retour. Il faut également que les médias accordent de l'espace à la promotion du sport féminin pour le rendre attrayant.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka