Dans un communiqué, l’ONG internationale Amnesty International a réagi par rapport à la levée du moratoire sur la peine de mort en RDC. Pour cette organisation, comme pour plusieurs autres qui ont déjà réagi à propos, la décision est à abroger car ne respectant pas les droits de l’homme.
Le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique orientale et australe, Tigere Chagutah, a déclaré que la peine de mort est un pas en arrière pour le pays.
« La décision du gouvernement de rétablir les exécutions est une injustice flagrante pour les personnes condamnées à mort en République démocratique du Congo et montre un mépris insensible pour le droit à la vie. C’est un énorme pas en arrière pour le pays et un signe supplémentaire que l’administration Tshisekedi recule sur son engagement à respecter les droits de l’homme », a-t-il dit.
Le gouvernement congolais justifie cette démarche dans l'objectif de "débarrasser l'armée du pays, des traîtres d'une part et d'endiguer la recrudescence d'actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d'hommes d'autre part", en exécution de la décision prise lors de la cent vingt-quatrième réunion ordinaire du Conseil des Ministres.
Pour Amnesty International, la décision est sans cœur et met en danger la vie de centaines de personnes.
« Que ceux qui ont été condamnés à mort soient dans l’armée ou la police nationale, dans des groupes armés ou aient été impliqués dans la violence des gangs, tout le monde a le droit à la vie et à ce droit d’être protégé. Cette décision sans cœur mettra en danger la vie de centaines de personnes qui ont été condamnées à mort, y compris celles qui ont été mises dans le couloir de la mort à la suite de procès injustes et d’accusations à motivation politique », ajoute Tigere Chagutah.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort dans tous les cas sans exception - indépendamment de la personne qui est accusé, de la nature ou des circonstances du crime, de la culpabilité ou de l’innocence ou de la méthode d’exécution.
« La peine de mort est la peine ultime cruelle, inhumaine et dégradante. Le gouvernement de la RDC doit immédiatement mettre fin à tout plan visant à reprendre les exécutions et établir un moratoire officiel sur les exécutions en vue de l’abolition de la peine de mort », indique encore le document.
Cette organisation s’appuie aussi sur le fait que le Président de la République, Félix Tshisekedi, s’est plaint à plusieurs reprises du dysfonctionnement du système judiciaire en RDC, y compris en le décrivant comme « malade ». “C’est encore plus alarmant compte tenu de la répression en cours contre les opposants politiques, les militants des droits de l’homme et les journalistes”, constate l’ONG.
Dans la sphère politique ou pas, plusieurs voix se sont levées contre cette levée du moratoire sur la peine de mort en RDC. Parmi ces voix, celle de Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018 et candidat président de la république en 2023. Connu pour son militantisme pour la justice en RDC, le gynécologue qualifie l’application de la peine de mort d’une décision inconstitutionnelle et qui “illustre une dérive autoritaire et un recul inquiétant du système de protection national droits humains”.
Plutôt que de recourir à la peine de mort, la Voix des Sans Voix préconise l'application des sanctions exemplaires et sévères, conformes aux lois congolaises et aux normes internationales des droits de l'homme. Cela pourrait inclure des condamnations à la prison à vie, des renvois ou des radiations des forces de l’ordre et de sécurité pour toute personne accusée de trahison.
Kuzamba Mbuangu