De l´insécurité dans l'Est à la publication des résultats définitifs des élections législatives en passant par l'ouverture de la session à la chambre basse du parlement. La semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Lauriane Kamuyi.
Madame Lauriane Kamuyi, pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Lauriane Kamuyi: Je suis entrepreneure dans le secteur de l’environnement. Gérante de BELKIN SERVICES et présidente de l’Ong MECO, qui oeuvre pour l’éco-responsabilité des entreprises et des ménages à Kinshasa. J'ai un master en Ressources Humaines de la Koreatech University de Séoul et un Waste Management Diploma de l’EPTRI en Inde. Je suis également membre YALI, mais aussi alumni KOICA.
Au cours d’une matinée politique, Augustin Kabuya a annoncé que la primature va revenir de "droit" à l’UDPS. Que pensez-vous de cette déclaration?
Lauriane Kamuyi: La primature ne revient pas de droit à un parti politique, ce serait discriminatoire. Le rôle de l’informateur est celui de constituer la majorité présidentielle, noble mission complémentaire à l’objet de l’existence de l’union sacrée, afin que de cette majorité, et factuellement, le poste de Premier Ministre respecte l’équilibre démocratique du pouvoir.
La RDC n’affrontera pas directement le Rwanda. Si elle ne peut pas se mettre autour d’une table avec les rebelles du M23, que pouvez-vous proposer comme voie de sortir de cette crise?
Lauriane Kamuyi: La situation de l’Est du Congo exige un profond diagnostic politique et des questions stratégiques pour comprendre l’architecture actuelle des ambitions du M23. Il y a plusieurs groupes armés et des conflits qu’on attribue de manière très superfétatoire aux rebelles nationaux, et pourtant la consistance des atrocités de l’Est de la RDC tient des pouvoirs supra-nationaux qu’on ne sait pas indiquer ouvertement. La RDC pourrait, certes, entrevoir un dialogue de forme avec les M23 sans ignorer les dessous de cartes bien joués par le Rwanda et ses alliés.
Paul Kagamé a ouvert lundi dernier la voie à une rencontre avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi, pour discuter de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Q'attendez-vous de Félix Tshisekedi par rapport à cette annonce du président rwandais?
Lauriane Kamuyi: Nous n'attendons rien d'autre que des dispositifs tant politiques que diplomatiques de paix et de collaboration économique à nos frontières. Notre intérêt demeure celui-là. Notre président, Felix-Antoine Tshisekedi, avait parfaitement bien démarré cet élan dès le début de son premier mandat. Il est resté intégré dessus. Et nous savons compter sur lui, car il continue de l’exiger à son homologue Rwandais.
43 députés nationaux ont been proclamés définitivement et 43 others invalidés, selon les résultats définitifs publiés par la Cour constitutionnelle. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle?
Lauriane Kamuyi: J’ai apprécié l’exercice méticuleux que la Cour Constitutionnelle s’est donné à ce sujet. C’est un bon élan politique. On devrait apprendre désormais à se soumettre aux règles de forme; c’est utile pour les futures ambitions de la députation.
D'après ces résultats, l'UNC de Vital Kamerhe a perdu 4 sièges mais garde sa deuxième place au sein de la majorité. Pensez-vous que ceci pourrait être suffisant pour l'UNC de réclamer la présidence de l’Assemblée nationale de RDC?
Lauriane Kamuyi: Cette question est subjective à l’ambition que l’on prête à Monsieur Kamerhe depuis l’installation du « Pacte pour un Congo Retrouvé». La présidence de l’Assemblée Nationale est un poste politique à résultante factuelle. Ce sont les faits qui créent son opportunité, pas les calculs et les scénarios. Lorsque le Parlement sera établi, la suite sera limpide et buvable, attendons.
Ouverture ce vendredi, 15 mars, de la session à la chambre basse du parlement. La Commission ad hoc devant rédiger le règlement intérieur traîne les pieds. Ceci pourrait, selon vous, retarder le début des travaux au parlement?
Lauriane Kamuyi: Le retard que nous accusons à ce niveau est cyclique, et il n’y a que la Constitution pour modifier cela. Nous prenons du temps après les scrutins présidentiels avec deux tours, ajouté la période d’examen de la Cour Constitutionnelle pour confirmer le gagnant. Ensuite, nous consommons du temps avec les législatives dont les recours prennent les mêmes démarches engageant du temps matériel à la Cour Constitutionnelle. Pendant ce temps, le gouvernement démissionnaire décide par force majeure sur les questions les plus délicates, car des nouvelles perspectives du développement économique et de la vie congolaise attendent d’être débattues. À mon avis, il serait utile de meubler au sein de la Constitution, l’installation d’un gouvernement intérimaire (très condensé) pour assurer la continuité des affaires d’Etat, et de retenir des membres intérimaires aussi au Parlement (chaque parti ou tendance politique représenté) afin de combler le vide de l’administration et aider à temps (préparer) les remplaçants dans la continuité. Nous n’accuserions plus ces retards et ces vides qui d’ailleurs occasionnent l’insécurité de la gestion de l’État.
Ados Ndombasi a créé un nouveau regroupement politique, "Alternance 2028." Pensez-vous que ce regroupement pourra combler le vide de l'opposition en RDC, comme l'indique son initiateur?
Lauriane Kamuyi: Il n’y a pas « vide de l’opposition » en RDC. On peut peut-être nuancer sur le manque d’organisation de l'opposition, et d'ailleurs, le Chef de l’Etat l’a annoncé dans son discours d’investiture que l’opposition aurait une brèche ouverte pour intervenir démocratiquement dans les affaires de l’Etat pour le bien de la gouvernance.
Dans une récente opération, la Garde Républicaine a réquisitionné un véhicule ayant transporté la dépouille de Laurent Désiré Kabila, ainsi que plusieurs clefs USB et une montre appartenant à Jaynet Kabila. Que pensez-vous de ceci?
Lauriane Kamuyi: Que toutes les mesures prises soient respectueuses de la Constitution et particulièrement aux lois de la justice dans ce pays, c’est tout ce que je souhaite sur cette affaire. Aucune opinion objective ne peut être émise à ce sujet à l’instant; nous n’en avons pas le vrai déroulé.
Des tirs d’armes à feu ont été entendus jeudi au niveau du quartier Kawele, dit Pakadjuma, dans la commune de Limete à Kinshasa. Il s’agissait, selon des sources concordantes, d’un accrochage entre des militaires des forces spéciales de l’armée basées à l’aéroport de Ndolo et des policiers communément appelés "Udjana." Comment évaluez-vous ce comportement des forces de l'ordre et sécurité congolaises?
Lauriane Kamuyi: C’est un manque de compétences. Une expression éloquente de manque de discipline dans le corps de la sécurité de la ville de Kinshasa. Si les sanctions prévues pour ce genre de situations ne sont pas correctement assignées à ces gens, il est inutile pour nous de débattre du qu’en pensons-nous. Un uniforme ne devrait se porter qu’après formation et mérite d’une fonction de sécurité quelconque. Les uniformes que plusieurs portent dans cette ville sont non-justifiés. It's in the practice and in the facts that we comprehend our exposure to these tasks.
La nourriture manque terriblement dans le territoire palestinien, bouclé par Israël, annonce l'OMS, qui a constaté en début Mars le décès de dix enfants en raison de la malnutrition. Quelles mesures peut-on mettre en place pour protéger les enfants de ce conflit?
Lauriane Kamuyi: Les conflits armés n’ont pas la configuration de savoir protéger une catégorie de personnes selon les âges. Ces enfants subissent les effets des atrocités attendues et voulues par leurs dirigeants. Une guerre est une décision. C’est par là que l’OMS serait encore fragile dans ses interventions. On ne peut pas réfléchir sur une distincte stratégie pour sauver la santé d’un groupe d’enfants lorsque globalement l’environnement politique est engagé à agir en leur défaveur. Les dirigeants locaux engagés ou mêlés à cette guerre ont l’obligation d’établir des paramètres d’opportunités pour les organismes tels que l’OMS, dans le but d’intervenir proprement à la survie des civils tant adultes qu’enfants. C’est une situation de crise qui exige que nos politiques internationales soient plus humaines.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka