Kinshasa : les femmes de Ngaba fustigent les pratiques de prostitution auxquelles se livrent les jeunes filles

Photo/ Actualité.cd
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Une trentaine de filles dont l'âge varie entre 14 et 19 ans ont été arrêtées la nuit du 01er au 02 novembre 2023 dans le quartier Mateba à Ngaba, lors d'une patrouille de police.


Selon les habitants du quartier, ces filles se livraient à la prostitution nocturne le long des avenues Kibunda et Université, ainsi que sur les avenues parallèles de la commune voisine de Makala.


Approchées à ce sujet, les femmes de Ngaba déplorent ces pratiques ignobles auxquelles se livrent les jeunes filles, et appellent le gouvernement à renforcer l'éducation et la sécurité du peuple par des lois punissant sévèrement ce genre de pratiques.

"C'est regrettable de voir aujourd'hui les jeunes filles et certaines familles normaliser ce genre d'actes. Comment expliquer qu'une fille de 14 ans se retrouve la nuit à rechercher des hommes ? Combien d'argent vont-ils remettre à ces filles pour couvrir tous leurs besoins ?" s'interroge Marie Milandu, vendeuse au marché de Ngaba et mère de 4 enfants.

Et de poursuivre : 

Le Congo était un pays rempli de valeurs, mais actuellement, il n'y a plus rien comme mœurs. Les antivaleurs sont prises pour des qualités, et on ne sait même plus comment éduquer les enfants. »

Gisèle Mayala, coiffeuse au marché de Ngaba et mère de deux enfants, estime quant à elle que l'État doit restructurer les choses dans la commune de Ngaba pour assurer l'avenir de tous les habitants, mais surtout des femmes.

"La femme doit apprendre à se respecter et se faire respecter. Il est déplorable de voir ces filles se livrer à la prostitution et le faire avec n'importe qui sans honte ni gêne. Tout ça parce que les autorités du quartier, de la commune et de la ville ne sanctionnent pas les concernés. Nous sommes une commune abandonnée. Le gouvernement provincial doit mettre en place des stratégies pouvant permettre de suivre ce qui se passe dans chaque commune avec détail afin d'exercer l'autorité de l'État quand et comme il le faut."

Joséphine Manga, étudiante à l'ISC, appelle quant à elle, à des punitions sévères contre toute personne qui se livre aux actes qui n'honorent pas les valeurs africaines. 

"On a déjà une fois pris l'initiative de leur parler pour leur faire comprendre que ce qu'elles font n'est pas bien, mais on a été agressé par elles avec des machettes. Au-delà du fait que ce sont des prostituées, elles sont KULUNA. Et pour protéger le reste de la population, on doit se prendre en charge en punissant sévèrement toute personne, surtout les femmes qui se livrent à des actes qui déshonorent les femmes."

De son côté, Chancel Nzeba, couturière de formation et vendeuse dans une pharmacie de Ngaba, invite les parents à bien veiller sur l'éducation de leurs enfants, surtout des filles, en mettant au premier plan l'essor de la RDC. 

Le développement d'une nation repose sur la femme parce que c'est elle qui est appelée à éduquer, orienter et inculquer les bonnes manières. En tant que telle, elle ne peut donner que ce qu'elle reçoit. C'est pourquoi les parents doivent veiller sur l'éducation de la femme pour ne pas désorienter toute la nation.

Les habitants de Ngaba s'inquiètent de l'ampleur que prend le phénomène. 

L'une des prostituées, surnommée "De la Renta" a révélé qu'elle se livre à ces pratiques pour subvenir aux besoins de sa famille, et que la majorité de ses collègues prostituées ont été initiées par leurs mères, tantes ou sœurs du quartier pour gagner de l'argent plus rapidement.

"On ne demande pas beaucoup d'argent par peur de faire fuir les clients.Nous avons opté pour un montant allant de 2000 f à 10. 000 f selon la demande du client, pour qu'avec 4 ou 5 partenaires par nuit nous percevions une somme pouvant nous permettre de répondre aux besoins de la journée", a-t-elle précisé. 

Selon Simon Kalubi, médecin généraliste, ce genre de pratiques régulières exposent la femme au cancer de l'utérus et à des infections sexuellement transmissibles au cas où ces actes sont posés sans protection. Il appelle les femmes à se méfier de ces pratiques qui pourront à la longue détériorer leur santé physique, mentale et psychologique.

Les autorités communales que nous avons essayé de contacter n'ont pas répondu favorablement à notre demande.


Nancy Clémence Tshimueneka