Des Congolais de la diaspora, plus précisément établis en Belgique, suivent de près l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, marquée par l’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23, qui contrôle une grande partie des provinces du Nord et du Sud-Kivu. C’est dans ce contexte qu’ils ont investi, samedi 1er novembre 2025, les rues de Bruxelles pour exiger le rétablissement de la paix dans cette région meurtrie par près de trois décennies de conflits armés.

Mobilisée comme un seul homme, la diaspora congolaise a marché pacifiquement de la place du Trône à la place du Luxembourg. Dans leurs mains, des banderoles clamaient :«L’Est du Congo n’est pas à vendre, justice pour les victimes », « M23 soutenu par le Rwanda RDF hors de l’Est du Congo » ou encore « Stop génocide au Congo ».
À l’arrivée, selon les organisateurs, un moment fort a été marqué par la lecture d’une déclaration réclamant la reconnaissance internationale d’un génocide en RDC, le départ sans condition des forces rwandaises opérant à l’Est sous le label M23, et dénonçant « l’hypocrisie de l’Union européenne ». Autre moment marquant : la prise de parole de la députée fédérale Lydia Mutyebele, qui a appelé à la justice pour les victimes et à l’application de la résolution 2773 des Nations unies, exigeant le retrait sans condition du M23 du territoire congolais.
« Tout ce que nous devons continuer à réclamer, ce sont des sanctions contre le gouvernement rwandais et contre le M23, parce qu’il n’y aura pas de paix sans justice. Trente ans de conflit, c’est trop ; trente ans de violences, c’est trop ; trente ans de souffrance, c’est trop. Ce mercredi, au Parlement, il y aura une journée consacrée exclusivement au Congo, à ma demande. L’ambassadeur de la RDC viendra présenter la situation dramatique aux députés, et un professeur de l’Unikin interviendra également pour expliquer la réalité du terrain.Il est temps d’informer la population et l’opinion publique sur ce qui se passe » a déclaré Lydia Mutyebele Ngoi, membre du Parti socialiste et de la Chambre des représentants de Belgique.
L’élue belge d’origine congolaise a également dénoncé les ingérences rwandaises dans le processus de réouverture de l’aéroport international de Goma. Selon elle, la présence du Rwanda à la Conférence de Paris visait notamment à représenter le M23, dont il est le véritable parrain.
« Monsieur Emmanuel Macron a déclaré qu’il fallait rouvrir l’aéroport international de Goma et établir un couloir humanitaire. Ce qui me choque, ce sont les propos du ministre rwandais des Affaires étrangères affirmant que le M23 n’était pas présent, alors que tout le monde sait que c’est le Rwanda qui dirige le M23. Les populations ne peuvent pas continuer à souffrir impunément. Continuons à exiger, car notre combat n’est pas vain, et je sais que la paix et la justice viendront en République démocratique du Congo» a ajouté la députée Mutyebele.
Autre temps fort de la journée : la remise symbolique d’un mémo par les deux coordinatrices de la manifestation, Dr Audrey Mundine et Mme Melissa Zalo, à Mme Hilde Vautmans, députée européenne, présidente de la délégation Europe/Afrique et négociatrice des résolutions sur la RDC au Parlement européen. Pour les organisateurs, cet acte illustre la volonté de porter la voix du peuple congolais au sein des institutions européennes, afin que des sanctions fermes et concrètes soient prises à l’encontre des agresseurs de la République démocratique du Congo, dans la continuité de l’engagement constant de Mme Vautmans en faveur de la paix et de la justice en Afrique centrale.
« À la suite de cette remise, Mme Vautmans a invité les coordinatrices au Parlement européen, dans les prochains jours, pour échanger de vive voix sur le contenu du mémo et les pistes d’action possibles »ont rapporté les organisateurs.
La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC demeure très préoccupante, marquée par les affrontements persistants entre les FARDC et les groupes armés, notamment l’AFC/M23 appuyé par le Rwanda. La crise humanitaire s’aggrave, avec des milliers de déplacés, des coupures budgétaires, et une augmentation des violences ainsi que des menaces contre les humanitaires.
Malgré plusieurs initiatives diplomatiques régionales et internationales, l’instabilité persiste dans cette partie du pays.
Clément MUAMBA