Désorientation scolaire des personnes vivant avec handicap : les témoignages de ceux qui ont relevé les défis

Photo/ Actualité.cd
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Le Desk Femme d'Actualité. CD a recueilli quelques témoignages d'anciens étudiants de l'Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication (IFASIC) en situation de handicap qui décrivent leur trajectoire de vie et en particulier leur insertion en milieu scolaire.

Elie Awalo, journaliste et licencié en communication des organisations et des entreprises, révèle que son parcours scolaire n'a pas été facile. Grâce à son courage et sa détermination, il a pu achever ses études.

"Depuis que j'ai trois ans, je suis atteint de poliomyélite. J'ai rejoint l'école primaire à l'âge de 7 ans. Au secondaire, mes parents m' ont obligé à abandonner mes études pour suivre une formation de 6 mois en coupe et couture. Pour eux, le métier de couturier est mieux pour une personne handicapée. Mon père estimait que faire de longues études ne servait à rien. Cependant, la communication en général et le journalisme en particulier me passionnaient depuis l'enfance. J'ai poursuivi mes études secondaires jusqu'à obtenir mon bac avec brio. N'ayant pas de soutien pour entamer des études supérieures, j'ai dû chômer une année et l'année suivante, grâce à mon courage et détermination, j'ai commencé la première année de graduation sans  aucun soutien. Aujourd'hui, je suis licencié en Communication des Organisations et Entreprises. Je demanderais aux parents ayant des enfants vivant avec handicap de les orienter selon leurs capacités intellectuelles et non selon leur handicap. Je conseille aux personnes handicapées qui parfois se trouvent dans une situation de désorientation scolaire comme moi, de rester focalisée et déterminée peu importe ce que les gens disent, car le handicap ne réfléchit pas, c'est plutôt la tête qui le fait. "

Par contre Mélanie Musau Kabamba, femme vivant avec handicap et candidate à l'élection de 2023, dit avoir obtenu du soutien auprès de sa famille pour poursuivre ses études.

« Ma famille m'a vraiment encadré. J'ai ce handicap depuis que j'ai 12 ans. Mon père m'encourageait à aller à l'école. Il me disait, tu es une personne vivant avec handicap et je ne veux pas que tu sois une charge pour tes frères et sœurs, c'est la raison pour laquelle tu dois faire des études. J'ai voulu m'orienter vers des études de médecine après l'obtention de mon diplôme d'État, mais certaines personnes m'ont découragé. Mon deuxième choix était le journalisme et mes parents m'ont soutenue jusqu'à l'obtention de mon diplôme. Je voudrais ici lancer un message aux parents qui ont des enfants en situation de handicap. Ces enfants vivants avec handicap sont l'avenir de notre pays et ce sont des êtres humains à part entière. Actuellement, je suis candidate à la députation nationale ; si je n'avais pas atteint le niveau d'étude qui est le mien, je n'aurais pas pu postuler. "

De son côté, Rachelle Mbuyi Kabongo, première vice-présidente du réseau national des associations des femmes vivant avec handicap du Congo (RENAFAC) et fonctionnaire de l'Etat, explique qu'elle n'a pas été désorientée. Son père l'a encouragée dans tous ses choix.

"J'ai été atteint de poliomyélite à l'âge de 2 ans ». Je me rappelle que mon père m'a beaucoup encouragée. Quand il nous demandait ce qu'on voulait faire comme métier plus tard, je lui répondais que je voulais être journaliste. Je souhaiterai que les parents qui ont des enfants vivant avec handicap ne se découragent pas. Une personne vivant avec handicap n'est pas un sujet de charité ou de moquerie. Les parents doivent se demander ce que deviendront ces enfants, une fois qu'ils ne seront plus sur Terre. « Il faut donner aux personnes vivant avec handicap la possibilité d'être autonomes."

Grace GUKA