Depuis près de six mois, le quartier M'fidi situé dans la commune de Makala à Kinshasa connaît des coupures intempestives d'électricité. Cette situation expose la population à une grande insécurité et pour les commerçants, il est difficile de s'approvisionner en produits surgelés. Elles déplorent le fait que les produits pourrissent par manque d'électricité pour les conserver.
" Ça fait plusieurs mois que le courant n'est pas du tout stable. On peut passer des journées entières sans courant, et lorsqu'il se rétablit, c'est pour quelques minutes. Il y a un mois, j'ai perdu tout mon capital de commerce. Je sortais vers 04 h pour aller chercher la marchandise, j'ai croisé des kulunas. Ils m'ont tout ravi et même le pagne que j'avais au-dessus de ma robe. Si le quartier était éclairé, j'aurais pu les voir de loin et m'enfuir" confie Greta Belesi, mère de 2 enfants.
La santé physique et mentale de la population n'est pas épargnée.
"On vit sans électricité. Il nous arrive de passer trois à quatre jours successifs sans courant. Notre commune étant réputée pour son insécurité, cette situation nous expose considérablement. À partir de 20 h, il nous est difficile de sortir de nos maisons pour circuler dans le quartier. Il y a des Kulunas partout, ils ont des machettes et se jettent sur tous ceux qu'ils croisent sur leur chemin. On ne peut plus vivre normalement que ce soit la journée ou le soir quand il fait noir," déplore Nicole Banza, étudiante à l'UNIKIN.
"Mon enfant d'environ 17 ans est devenue infirme à cause des coupures d'électricité. Elle revenait du marché vers 19 h, le quartier était dans l'obscurité totale. Elle est tombée dans un puit créusé à l'entrée de l'avenue. Aujourd'hui, elle est à la maison, elle ne sait pas bouger parce que sa jambe droite ne fonctionne plus normalement," confie Zed Mundeke, vendeuse et mère de 4 enfants.
Les conditions de vie de la population sont tout de même menacées.
"Il y a deux jours, on s'est endormi avec un serpent dans la maison. Je l'ai découvert lorsque je me suis réveillé pour aller aux toilettes. Il était au coin de l'entrée de la chambre. Il a dû entrer le soir sans qu'on ne s'en rende compte. Nous étions plongés dans l'obscurité. Heureusement nous l'avons découvert," explique Iyenda Kongo, habitante du quartier.
Au mois de septembre, ma famille m'a apporté des vivres pour un mois vu que mon mari est malade. Tout a pourri à la maison parce qu'il n'y avait pas de courant pour les conserver. Aujourd'hui, je me retrouve dans une situation où je dois demander à manger chez les voisins et dans ma famille, s'offusque Rinéa Malaka.
La situation est également déplorée par Jacqueline et Élysée, elles aussi habitent à M'fidi.
"La semaine dernière, on a mangé des produits pourris parce qu'on ne pouvait pas les jeter. J'avais acheté des vivres pour quelques jours, d'habitude je ne les dépose que chez ma sœur pour la conservation, sauf que cette fois-ci, elle a dû se déplacer dans sa belle famille. J'ai décidé de garder la nourriture chez moi. Au bout de deux jours, tout était pourri. "J'ai quand même dû tout cuisiner et on a mangé ça avec mes enfants", raconte Jacqueline Iyondo.
"Par manque de courant, nous ne sommes plus en mesure de préparer et conserver la nourriture plus de deux jours. Nous sommes obligés de tout terminer chaque fois que l'on cuisine", a-dit Élysée Mulumbu.
Pour faire face à cette situation qui impacte presque toute la capitale, la SNEL projette la mise en service, d'ici le 8 novembre 2023, d'un poste électrique à Kinsuka qui recevra 150 MW de la centrale de Zongo II, c'est ce qu'a fait savoir le directeur général de la SNEL, Fabrice Lusinde, lors de sa visite de travail à Zongo II, le 30 octobre.
Nancy Clémence Tshimueneka