Le 16 octobre, c'est la Journée de l'alimentation. En RDC, la situation alimentaire reste préoccupante. Selon la dernière analyse de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) publiée en 2022, plus de 26,4 millions de Congolais connaissent des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë. La dernière enquête menée par Grappes à Indicateurs Multiples (MICS Palu, RDC 2017-2018), dénote 41,8 % d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition chronique, soit 9,2 millions d'enfants de moins de 5 ans touchés. La prévalence du retard de croissance culmine à 52,4 % parmi les ménages les plus pauvres.
Cette situation affecte négativement le développement cognitif, les capacités d'apprentissage et la réussite scolaire des enfants et à l'âge adulte la productivité intellectuelle et physique, explique la professeure Nkuadiolandu Adolphine, pédiatre nutritionniste aux Cliniques Universitaires de Kinshasa.
Pour elle, toutes ces conséquences sur la population diminuent la capacité de développement du capital humain, aboutissant ainsi à des pertes socio-économiques immenses.
Elle note parmi les facteurs à la base : la ration alimentaire insuffisante en quantité et qualité ainsi que la maladie. Les mauvaises conditions d'hygiène (inaccessibilité à des installations d'assainissement adéquates, une très faible couverture d'accès à l'eau potable et les effets négatifs de la situation sécuritaire).
Comment lutter contre la malnutrition ?
La professeure Nkuadiolandu précise que l'adoption d'un régime alimentaire sain tout au long de la vie contribue à prévenir toutes les formes de malnutrition, ainsi qu'un grand nombre de maladies et pathologies non transmissibles.
Pourtant, la production croissante d'aliments transformés, l'urbanisation rapide et l'évolution des modes de vie ont provoqué un changement des habitudes alimentaires, soulève la nutritionniste.
Les personnes consomment désormais davantage d'aliments très caloriques, riches en graisses, en sucres libres ou en sel/sodium, et beaucoup ne mangent pas suffisamment de fruits, de légumes et de fibres alimentaires, comme celles apportées par les céréales complètes.
Selon l'expert, une alimentation diversifiée, équilibrée et saine repose sur « le manger bio », et la composition exacte de cette alimentation varie selon les besoins individuels (l'âge, le sexe, le mode de vie et l'exercice physique), le contexte culturel, les aliments disponibles localement et les habitudes alimentaires. Mais les principes de base de ce qui constitue un régime alimentaire sain demeurent les mêmes.
Pour les adultes, la professeure Nkuadiolandu explique qu'un régime alimentaire sain est composé des fruits, des légumes, des céréales complètes (par exemple du maïs, du millet, du blé et du riz brun non transformés).
Elle recommande au moins 400 g de fruits et légumes par jour et une quantité suffisante d'eau.
Les pommes de terre, les patates douces, le manioc et les autres racines amylacées ne font pas partie des fruits et des légumes.
Chez les nourrissons et les enfants, la pédiatre recommande le même régime alimentaire que les adultes, en ajoutant les éléments importants suivants :
• Les nourrissons devraient être allaités exclusivement au sein pendant les six premiers mois de leur vie.
• Il convient de poursuivre l'allaitement au sein en continu jusqu'à l'âge de deux ans et au-delà.
• À partir de l'âge de six mois, le lait maternel doit être complété par des aliments variés, adaptés, sûrs et riches en nutriments. L'ajout du sel et du sucre aux aliments de complément n'est pas recommandé.
La Journée Mondiale De l'Alimentation 2023 met l'accent sur l'eau en tant que fondement de la vie et de l'alimentation.
Elle vise à sensibiliser le monde entier à l'importance d'une gestion avisée de l'eau dont la disponibilité est menacée par l'accroissement démographique rapide, l'urbanisation, le développement économique et le changement climatique. Le thème retenu cette année est : « L'eau c'est la vie, l'eau nous nourrit. »
Nancy Clémence Tshimueneka