Le 27 juin dernier, un accord de paix a été signé à Washington entre la RDC et le Rwanda sous la médiation des Etats-Unis. Cet accord, salué comme une avancée majeure vers la restauration de la paix dans l’Est de la RDC, est perçu comme un signal fort censé mettre fin à plus de 30 ans de conflits dans l'Est de la RDC. L’accord est surtout salué par le pouvoir qui attend aussi la signature d’un deal minier avec l’administration américaine en échange de la sécurité.
L’accord prévoit entre autres, le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, le Rwanda étant le soutien militaire de la rébellion qui occupe ce jour de vastes territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. A Walikale, le plus grand territoire du Nord-Kivu, ACTUALITE.CD a interrogé certains habitants au sujet de l’accord de Washington qualifié « d’historique ». Les habitants restent prudents et partagés entre peur et espoir.
« Je considère cet accord comme un pas important vers la paix, malheureusement sur le terrain, rien n’a changé », confie un habitant de Nyalusukula, l'un des quartiers populaires de Walikale centre.
« Les rebelles du M23 sont encore dans les localités qu'ils occupent depuis bien avant cet accord, personne ne sait ce qu'ils pensent. Ce comportement nous inquiète. Rien ne prouve qu'ils vont se retirer de ces zones qu'ils occupent, ils sont là, ils ne bougent pas », fait remarquer un autre habitant rencontré au rond-point Tshishiku qui craint que cet accord demeure lettre morte.
Ce sentiment de méfiance est largement partagé à travers le territoire. Pour de nombreux citoyens, l’expérience des accords précédents et les multiples cessez-le-feu non respectés laissent planer le doute sur la réelle volonté des parties prenantes à mettre fin durablement au conflit.
« Nous voulons voir des actes concrets sur le terrain, nous n'avons pas besoin de parole. Beaucoup d'autres accords ont été signés mais quid de leur exécution ? », se demande un autre habitant qui pense qu'aussi longtemps que les armes auront la force sur les accords, la paix dans l'Est de la RDC ne restera qu'une promesse lointaine.
Pour la population locale, le fait pour rebelles de garder leurs positions qu'ils renforcent chaque jour davantage ne démontre nullement la volonté de ce mouvement armé de mettre fin à l'insécurité dans l'Est du pays.
« Ils continuent de renforcer leurs positions, c'est pour quel objectif ? », se demande un habitant de Walikale qui estime que les rebelles se préparent pour la poursuite des hostilités malgré la signature de l’accord de Washington.
Le territoire de Walikale, situé dans une zone à forte valeur stratégique et économique, continue de payer un lourd tribut à l’instabilité chronique. Les déplacements massifs de populations, les violences armées et l’insécurité généralisée empêchent toute perspective de développement et de reconstruction dans les localités sous contrôle des rebelles, affectant même les zones proches des localités occupées.
Cependant, d'autres habitants nourrissent l'espoir de voir la paix redevenir une réalité grâce à cet accord.
« Donnons le temps au temps. C'est trop tôt de juger car d'abord pour arriver à la signature de cet accord, ça veut dire que même le Rwanda est fatigué d'être chaque jour cité dans la déstabilisation de la région des grands lacs. Je suis sûre que bientôt la paix sera rétablie chez nous », confie une femme, enseignante de son état.
« Cet accord n'est pas comme tous les autres qui ont déjà été signés entre le gouvernement et les groupes rebelles. Cette fois, ceci a été signé entre notre pays, et le pays qui a toujours appuyé ceux qui nous déstabilisent. Comme c'est l'auteur intellectuel de l'insécurité de notre pays qui accepte que la paix revienne, je crois que nous allons oublier toutes ces années de calvaire, nous allons pouvoir enfin respirer », se soulage un autre habitant de Walikale.
L’accord qui a comme soubassement la déclaration de principes par les parties congolaise et rwandaise, comprend plusieurs axes tels que le respect de l’intégrité territoriale; la cessation des hostilités; le désengagement ; le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques; la création d’un cadre d’intégration économique régional et autres.