Au moins 10 personnes ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche 6 août, dans les villages Runzenze et Marangara, dans le groupement Tongo, chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), rapportent les sources concordantes. Les rebelles du M23 encore présents dans la région sont accusés. Selon le fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur dans la chefferie de Bwito, Isaac Kibira, le M23 a agi ainsi en représailles aux embuscades leur tendues par des miliciens patriotes dits Wazalendo.
« Les présumés RDF/M23 ont fait incursion dans les villages de Runzenze et Marangara, en groupement Tongo, chefferie de Bwito. Arrivés dans ces villages à 3h du matin, ils ont tiré à bout portant sur des civils et brûlé des maisons. Le bilan fait état de huit personnes tuées à Marangara et deux autres à Runzenze. Ces deux villages se trouvent à la lisière du parc national des Virunga, là où les M23 se camouflent et tendent des embuscades », a témoigné à ACTUALITE.CD, Isaac Kibira, fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur dans la chefferie de Bwito.
Du côté de la société civile locale, l’on avance plutôt un bilan de neuf morts et six blessés. D’autres sources renseignent que deux autres personnes seraient décédées parmi les blessés enregistrés.
« Neuf personnes ont été victimes des massacres perpétrés par le M23. Il s'agit de deux hommes, deux femmes et cinq enfants ainsi que six autres personnes grièvement blessées. Ce sont des gens n'ayant aucun lien avec les hostilités. Cette méthode de massacrer les populations civiles devient de plus en plus récurrente. Aucune semaine ne passe sans qu'il y ait un nouveau massacre signé par le M23 au vu et au su des forces régionales de l'EAC qui sont stationnées à Tongo. Nous demandons le déploiement de la force onusienne à Tongo pour protéger les civils », dit Héritier Gashegu, militant du mouvement citoyen Vision pour la victoire du peuple actif à Rutshuru.
Le fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur dans la zone appelle à prendre au sérieux la résurgence des attaques du M23 contre les civils.
« Nous demandons qu'une enquête internationale soit menée pour qu'on sache pourquoi les terroristes du M23 sont en train de tuer les civils dans le groupement Tongo, tel qu'ils l'ont fait à Bungushu, à Bukombo, à Kanyangiri, à Marangara, à Munzenze et même à Kishishe et dans Bambu Mburamazi. Pourquoi les gens sont en train d'être tués et les enquêtes ne sont pas menées ? Nous demandons à notre gouvernement de prendre ses responsabilités et de ne pas continuer à se fier aux accords et déclarations. Il faut trouver d'autres mécanismes de protection de la population. » a indiqué M. Kibira.
Les exactions contre des populations civiles dans des zones sous occupation des rebelles du M23, censées être contrôlées par les forces régionales de l’EAC s’intensifient ces derniers temps dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo. Les derniers événements se sont déroulés alors que le vice-premier ministre et ministre de la Défense nationale Jean-Pierre Bemba était en mission d'évaluation des opérations militaires dans la troisième zone de défense, regroupant plusieurs provinces de l’Est dont le Nord-Kivu. Après Goma où il a travaillé avec son homologue kényan, Aden Barre Duale, M. Bemba s’est rendu à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo. Peu avant lui, c’était le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, Peter Kazadi, qui était également de passage à Goma, en provenance d’Isiro et Kisangani où il était également allé évaluer la situation sécuritaire dans l’Est du pays.
Jonathan Kombi et Yvonne Kapinga