L'initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi) et SANOFI, une entreprise transnationale française dont les activités incluent la pharmacie et les vacins annoncent un taux de réussite allant jusqu'à 95% d’un traitement de recherche, l’acoziborole, enregistré dans le cadre d'une étude dite de phase II/III portant sur la sécurité et l'efficacité de ce traitement à dose unique, qui pourrait transformer la prise en charge de la maladie du sommeil.
Ces résultats ont été publiés ce 30 novembre dans la revue médicale The Lancet Infectious Diseases et cet essai clinique a été conduit par DNDi et ses partenaires en RDC et en Guinée.
« La maladie du sommeil est une maladie mortelle qui touche des patients dans des régions parmi les plus reculées d'Afrique de l'Ouest et d’Afrique centrale, où la distance entre les malades et l’hôpital se mesure en jours. Nous voici à l'aube d'un potentiel traitement qui peut être administré en une journée et en une dose unique de trois comprimés – cela pourrait être une révolution pour les médecins et les communautés », se réjouit Dr Victor Kande, investigateur principal de l'essai et auteur principal de l'article du Lancet.
Le nombre de cas déclarés de la maladie du sommeil a fortement diminué au cours des 20 dernières années, passant de près de 40 000 en 1998 (et une estimation de plus de 300 000 cas non diagnostiqués) à moins de 1 000 cas en 2020. Si cette tendance est encourageante, elle ne doit en aucun cas laisser place à l'autosatisfaction, la maladie étant connue pour ses résurgences sous forme d'épidémies dévastatrices.
« En simplifiant le paradigme du traitement, l'acoziborole est une innovation qui pourrait offrir aux systèmes de santé une réponse durable à la maladie du sommeil. Grâce à ces nouvelles données, nous avons l'espoir de pouvoir enfin éliminer une fois pour toutes la maladie, en ouvrant la voie à une approche dite de "dépistage et traitement" au niveau des villages », déclare Dr Antoine Tarral, responsable du programme de lutte contre la maladie du sommeil à DNDi et co-auteur de l'article.
Entre 2016 et 2019, DNDi et ses partenaires ont conduit une étude ouverte de phase II/III afin d'évaluer la sécurité et l'efficacité de l'acoziborole chez les patients atteints de la trypanosomiase humaine africaine (T.b. gambiense) aux stades précoce et avancé. 208 patients ont ainsi été recrutés dans 10 hôpitaux de la RDC et de Guinée.
« Le taux de succès du traitement de l'acoziborole était de 95% à 18 mois chez les patients atteints de T.b. gambiense à un stade avancé, ce qui correspond aux meilleurs résultats des études portant sur les traitements existants (94 %). De plus, 100 % des 41 patients atteints de T.b. gambiense au stade précoce ont été considérés comme des succès thérapeutiques à tous les intervalles de temps. L'étude montre également que l'acoziborole présente un profil de sécurité favorable, puisqu’aucun signal de sécurité significatif lié au médicament n’a été enregistré », précise l’article.
La Feuille de route pour les maladies tropicales négligées de l'OMS s’est fixée pour objectif d’interrompre la transmission d’ici 2030 de la forme gambiense de la trypanosomiase humaine africaine (T.b. gambiense). (Cette forme représente 93% de tous les cas de maladie du sommeil). S’inscrivant dans cette stratégie, l'acoziborole pourrait offrir une approche simple de « dépistage et traitement », qui permettrait à toute personne diagnostiquée à travers un test sanguin rapide de recevoir l'acoziborole, sans avoir besoin d'une confirmation parasitologique plus complexe ni d'une hospitalisation.
Thérèse Ntumba