La journée mondiale de la photographie a été célébrée le 19 août dernier. A l’occasion, quelques photographes de métier, œuvrant à Kinshasa, se sont confiés à ACTUALITE.CD pour raconter leur expérience, proposer des améliorations pour la bonne marche de leur art.
Pour transmettre un message, faire ressentir des émotions, faire découvrir, raconter l’histoire, arrêter le temps, avec leurs appareils photo, les photographes accompagnent la vie. Elle est prise comme un métier mais pour la plupart, elle commence comme une passion. C’est le cas de Herman Kambala, qui a fait des études supérieures en biologie sans abandonner la photographie.
Il dit affectionner la photographie artistique, d’aventure, de paysage. Il a, pour cela, déjà photographié quelques parcs de la RDC qu’il présente dans ses photos en série.
« J’essaie de faire découvrir le Congo et les différentes merveilles qui s’y trouvent à travers mes images. Je tends à redorer le blason terni et l’image stéréotypée de l’Afrique par les médias et autres. Je présente le Congo avec sa belle robe », a fait savoir Herman.
Pour sa part, la photographe et slameuse Do Nsoseme, qui a 8 ans d’expérience, dit se partager entre la photo d’art qui porte son intention vers ce qu’elle souhaite transmettre comme message, émotion avec une esthétique particulière ; et la photographie événementielle qui, selon elle, relève de la maîtrise de la technique pour capturer tous les moments importants d'un évènement en vue de satisfaire le client.
« Pour moi, faire des photos, c'est un moyen de raconter des histoires. C'est arrêter le temps sur un fait, un événement qui captive mon attention ou celle d'autres personnes. C'est aussi cette envie d'être fidèle au réel », affirme-t-elle.
Do Nsoseme expose ses œuvres photographiques dans différents espaces à Kinshasa et en dehors. Elle le considère comme un excellent moyen de faire connaître son travail. La dernière exposition à laquelle elle a participé était dans le cadre de la deuxième édition de la biennale Yango, dans des quartiers à Kinshasa. Elle a présenté sa série dénommée “Grand Prêtre Mère”.
Avec l’évolution de la technologie, elle compte s’adapter aux expositions digitales. Elle espère mettre en place un site internet pour placer régulièrement ses œuvres photographiques.
« Il y a beaucoup de photographes mais très peu de lieux d'exposition. Il n’y a pas encore de musée de la photographie congolaise, je serai ravie de voir un tel lieu être érigé. Je souhaiterai voir aussi des galeries d'art photographique s'installer à Kinshasa, et plus d'événements autour de la photo dans toute la ville », souhaite Do Nsoseme.
Une autre catégorie de photographe est celle qu’on appelle “shooter”. Ils se pointent, pour la plupart, dans des lieux précis et photographient ceux qui le fréquentent. Ceux de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) se sont constitués en association pour éviter des magouilles et instaurer l’ordre pour mieux œuvrer dans le site universitaire. À chaque fois qu’un client se présente, un ordre est bien suivi pour éviter le désordre.
Père de famille, étudiants, passionnés, ces catégories se retrouvent parmi les photographes de l’UNIKIN. Certains vivent de ce métier, comme nous a rassurés le président de l’association des shooters de l’UNIKIN, Jonny Twambilangana, qui lui aussi a une histoire d’amour avec la photographie.
« La photographie m’a beaucoup aidé. J’ai perdu mon père quand j’étais en premier graduat. Je me suis en sorti avec mon appareil photo, j’ai payé mes études avec l’argent de la photographie. Je ne peux pas la négliger », nous a-t-il rassurés.
Dans l’association, il y a des membres tels qu’un professeur de cinéma de la faculté des lettres et un ancien photographe à la présidence, à l’époque de Joseph Kabila. Jonny, pour qui la photographie est un travail noble, est revenu sur certains préalables pour un photographe professionnel. Il a notamment évoqué l’instruction, le respect de la déontologie, la possession d’une carte, la connaissance de ses droits et ses limites.
Emmanuel Kuzamba