RDC : Marie-Ange Mushobekwa, une femme de moins à l’Assemblée Nationale ?

Photo/ Actualité.cd
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Dans une décision du mercredi 15 juin, Adolphe Muzito, Luc Mulimbalimba, Henri Mova, Papy Niango, et Marie-Ange Mushobekwa ont été invalidés en tant que députés nationaux pour des absences non justifiées et non autorisées aux séances plénières de l'Assemblée nationale. Ceci ressort du rapport de la commission chargée d'examiner les cas des élus absentéistes adopté lors de la plénière de ce mercredi 15 juin 2022.


« C’est une décision qui s’appuie sur le règlement intérieur de la Chambre basse du parlement. L’Assemblée s’est basée sur la session de mars et celle de septembre 2021, pour voir quels sont les députés qui ne se présentaient pas aux plénières. Par conséquent, une centaine des députés a été auditionnée auprès d’une commission spéciale créée à cette occasion. Chacun a présenté ses moyens de défenses, de ce fait, la Commission a retenu cinq noms parmi ceux qui n’ont pas bien motivé leurs absences, notamment la députée Mushobekwa », justifie-t-on au niveau de l’Assemblée Nationale. 


Une femme de moins, dans les 12% de représentativité à l’AN


Marie-Ange Mushobekwa est pourtant la seule femme à avoir été invalidée. Pour elle, les motivations de ladite commission vont au-delà des simples absences, étant donné qu’elle possède toutes les preuves justifiées de ses absences et que « son nom a été ajouté au manuscrit dans la liste dictée par la présidence »,  mais aussi que « ses points de vue dérangent », peut-on lire dans une série de tweets sur son compte personnel. 


Au niveau des organisations de défense des droits des femmes, les réactions sont mitigées. Pour une frange des structures, « cette décision est hautement politique. Et n’a rien à avoir avec sont statut de députée femme », disent-elles à ACTUALITE.CD


D’autres qui se veulent légalistes, estiment que « tout se base sur le règlement intérieur. On vote, on soutient les candidates, pour qu’elles respectent les normes établies. Si au niveau du parlement, les preuves existent de ses absences non justifiées, il est tout à fait normal que la conséquence soit son invalidation », ont dit certaines structures. 


" Nous étions nous-mêmes à l’Assemblée nationale à la plénière du 15 juin dans le cadre du suivi de notre plaidoyer en ce qui concerne la loi électorale. Nous étions surpris d'apprendre l'invalidation d'une femme pour cause d'absences injustifiées aux séances plénières (…) C'est vraiment regrettable que nous perdions un siège qui était occupé par une femme.   L'effectif des femmes au niveau de l'assemblée nationale va baisser avec cette décision. Nous étions à 10 %, nous avons atteint 12 % au cours de cette législation et là nous allons perdre un poste. C'est un coup dur en termes de représentativité des femmes au sein des instances de prise des décisions", a dit Annie Bambe, membre de la Coalition Beijing +25, du mouvement Rien Sans les Femmes et présidente de l'ONG FODJEC. 


Si l'assemblée nationale s'appuie sur les sessions parlementaires de mars et septembre 2021, les preuves portant autorisations médicales pour la plupart, brandies sur le compte Twitter de Madame Mushobekwa justifient ses absences. 


Pour Annie Bambe, ces preuves devaient être présentées auprès de la commission spéciale créée à cette occasion. "L’honorable dit détenir des preuves qui justifient ses absences. Je pense que ces éléments devaient être apportés auprès de la commission spéciale si vraiment ces preuves existent. Je pense aussi qu'elle ne doit pas baisser les bras. Elle devrait saisir le comité des sages pour que son cas soit revu. Mais si cela s'avère que la députée n'a pas présenté ses preuves, ce sera regrettable. Nous l'encourageons à présenter ses moyens de défense" a-t-elle conclu. 


On apprend également de l’Assemblée nationale que certains députés invalidés avaient sollicité la parole au cours de la plénière mais cela ne leur a pas été accordé.

Prisca Lokale