Journaliste depuis une quinzaine d'années et lauréate de plusieurs prix internationaux, Zaina Kere Kere a présenté le 29 mars, son ouvrage portant sur les élections en RDC. Riche d'un parcours professionnel qui l'a amenée de l'Agence France Presse, à l'Agence Congolaise de Presse et à l'Agence Presse Associée, de RFI à Tropicana FM, Numerica TV, Canal+, TV5Monde et ARTE, celle qui occupe actuellement le poste de productrice radio à Internews RDC revient sur les motivations derrière ce livre.
Madame Kere Kere, vous venez de mettre sur le marché le livre « Les élections en RDC, vues par une journaliste ». De quoi parlez-vous essentiellement ?
Zaina Kere Kere : généralement, lorsque la RDC organise des élections, nous avons tous le cœur suspendu. On craint, notamment des tensions. J’ai couvert les trois processus électoraux en RDC (2006, 2011, 2018). J’ai aussi été observatrice. J’ai également eu le privilège de voyager dans d’autres provinces du pays, pour y voir les conditions de vie des populations. (…) Dans ce livre, j’ai essayé de ressortir tout ce que j’ai vécu. Je parle de comment, avec les Nouvelles Technologie de l’Information et de la Communication, tout le monde peut se faire passer pour un journaliste, j'y aborde également de la peur avant ou après diffusion des résultats électoraux, du pouvoir des médias, des rôles parfois de médiateur, d’observateur, de contestateur que joue l’église, de l’opposition qui va souvent aux élections sans une préparation préalable, des attentes de la populations auprès des gouvernants, de presque tout.
Les élections, pourquoi ce sujet alors que le journaliste couvre plusieurs autres domaines ?
Zaina Kere Kere : les élections sont le socle du développement d’un pays. C’est le pouvoir exprimé du peuple. Dans tous les secteurs du pays, les élections permettent de prendre un nouveau départ. J’ai écrit ce livre par ce je me dis souvent, je suis sur terre pour apporter ma pierre à la construction d’une planète durable, j’agis. J’aime ce pays et je ne pouvais pas attendre qu’un autre journaliste, venu d’ailleurs, écrive cette histoire. En ce mois de mars, j’invite toutes les femmes à oser s’engager et exprimer clairement ce qu’elles ressentent.
En parlant des attentes de la population, qu’avez-vous observé ?
Zaina Kere Kere : les populations croupissent dans la misère, alors qu’elles ont élu à des postes de direction, des personnes pour répondre à leurs besoins. Les politiques pensent tromper les gens mais la population n’est pas dupe. Dans cet ouvrage, j’interpelle aussi la communauté dans son pouvoir de choisir ses gouvernants.
2023 pointe à l’horizon, et des nouvelles élections se préparent en RDC. Quelles sont vos recommandations ?
Zaina Kere Kere : je recommande aux journalistes de s’approprier cet outil, dans un contexte où il n’existe pas de loi sur qui accorde le droit à l’information. Aux acteurs politiques, ecclésiastiques, de jouer pleinement leurs rôles pour offrir un état stable et durable à la population congolaise.
Combien de temps vous a pris la rédaction de l’ouvrage ? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées?
Zaina Kere Kere : cela m’a pris sept mois pour rédiger cet ouvrage. La difficulté était la transition, transiter de l'écriture journalistique à l'écriture du livre. M'adapter à cette écriture d'auteurs n'était pas évident. Entre l'éditeur Éric Impion Foundation et moi, il y a eu de nombreux désaccords car l'éditeur il me suggérait sans cesse d'adapter, refaire, réadapter les paragraphes, réécrire...
Propos recueillis par Prisca Lokale