RDC : « Adjani », le film qui interroge les traditions, les us et coutumes africains

Photo. Droits tiers

Réalisé par Julio Lolo Bibas et produit par Nancy Adjani qui en est également l’actrice principale, le film a été diffusé pour la première fois le 15 juillet, aux salles Ciné Kin et Ciné Buzz à Kinshasa. « Adjani s'inspire essentiellement du poids des coutumes et des interdits africains sur le quotidien des familles. 


« Nancy avait posté sur ses réseaux sociaux une photo d’elle qui m’a beaucoup inspirée. Je lui ai laissé un message pour lui proposer d’écrire un film dont elle sera le personnage principal. Elle a accepté d’être l’actrice et s’est également proposé de produire ce film,» explique Julio Lolo Bibas, réalisateur du film.

 
Le tournage a pris environ une année, entre Kinshasa et Moanda au Kongo Central. Du début à la fin du film, Adjani qui passe des nombreux cycles de sa vie, des déceptions amoureuses, un mariage qui échoue, un suicide, la perte de son père biologique et enfin un mariage heureux, ne change visiblement pas sa coiffure, des braids.


Pour Julio Lolo Bibas, il fallait à travers ce film, donner une ampleur aux traditions africaines.

« C’est une histoire purement congolaise. Nous nous sommes battus pour valoriser l’Afrique, son identité, sa culture. Je suppose que l’on devrait tous connaître nos traditions et pouvoir les respecter. Nous nous retrouvons actuellement dans certaines situations qui nous renvoient à nos origines. Il faudrait interroger nos ancêtres, connaître les interdits, les us et coutumes de nos tribus. Ces cheveux sont une référence pour l’Afrique, nos cheveux afros, nos villages, nos ancêtres.»  


L’histoire du film n’a rien avec ma vie personnelle


 Nancy Adjani Ngelekwa est animatrice culturelle, ancienne de l’Institution Nationale des Arts. En 2009, elle intègre le groupe Collywood. Mais plus tard, dans son parcours,  elle se retrouve devant l’obligation de rompre avec le cinéma pour travailler dans un autre secteur . Pendant quatre ans elle sera office manager dans un hôtel cinq étoiles mais elle finira par démissionner de son poste pour renouer avec son métier en 2020. « C’était un peu fou, mais je ressentais cela en moi. J’aime le cinéma, il fallait que j’y retourne », confie-t-elle au Desk Femme. 


La dernière projection a eu lieu à 21h 00. L’actrice se réjouit, « Je suis très heureuse de ces projections. Les gens m’ont découvert l’année passée à travers le film Jeu mundele (…) et Adjani ne fait que confirmer le talent que j’ai en moi. J’ai produit ce film de tout cœur. L’histoire n’a rien à avoir avec ma vie personnelle. J’ai simplement incarné le rôle principal ».  

Nancy Adjani saisit l'occasion pour déplorer le fait que l'industrie cinématographique pourrait rapporter énormément à la RDC. Elle déplore le fait qu'il ne soit pas soutenu et promu par le gouvernement.

Cependant, elle note également que l’industrie se développe, « Le cinéma au Congo, c’est encore un ghetto. Il est très difficile de voir un producteur s’investir pour mettre à la disposition du public des longs métrages. Il y a aussi le problème de la valorisation de notre métier. Mais, nous nous sommes décidés de travailler, même sans  soutien extérieur, nous allons nous produire, en attendant que tout arrive ».

Par ailleurs, les deux cinéastes ont aussi plaidé pour le respect et la protection des droits d’auteur.

Prisca Lokale