Covid-19 en RDC : des Kinoises livrent leurs impressions à propos de la campagne de vaccination

Covid-19 en RDC : des Kinoises livrent leurs impressions à propos de la campagne de vaccination

Ce lundi 19 avril, la campagne de vaccination contre la maladie à coronavirus a été lancée à Kinshasa. Le ministre sortant de la santé, Eteni Longondo et quelques diplomates ont été parmi les premiers bénéficiaires. Le Desk femme d'Actualité.cd est allé à la rencontre de certaines Kinoises qui se sont exprimées en cette première journée de vaccination. 


"J'ai suivi les informations à propos du vaccin, je pensais que la vaccination proprement dite n'aurait jamais lieu. Je suis vraiment surprise de voir la volonté du gouvernement à mettre en œuvre cette campagne", s'exclame Bijoux Mampuya, vendeuse des braises.. Et d'ajouter, « Cette pandémie a ravagé des nations. Nous avons compté les morts dans la ville et dans le monde. Tout ce que je souhaite pour le moment, c’est de voir le vaccin guérir complètement tous les malades ». Quant à savoir si elle se fera vacciner, Mme Mampuya émet des réserves.


Réticences basées sur les effets secondaires signalés dans d’autres pays

Âgé de cinquante-trois ans, Esther Ngoyi aimerait bien se faire vacciner. Cependant, elle craint de voir les effets secondaires se manifester dans son organisme. Je suis prête à le faire.  "Je pourrais bien me faire vacciner (…) mais pas tout de suite. Je vais attendre jusqu’à la fin du mois d’avril. Nous avons vu les gens se plaindre au sujet des effets secondaires des vaccins. Certains pays, notamment la France, ont suspendu l’administration du vaccin Astrazeneca. Bien qu’ils aient repris, les craintes autour du vaccin demeurent inchangées. Je souhaite aussi voir ce que cela va produire chez les premiers bénéficiaires. Je ne veux pas subir la même chose" confie la quinquagénaire. 


Si pour Esther c’est une question de volonté personnelle, Marie-Jeanne Matumpa s'appuie  sur les recommandations de ses enfants, dont la plupart sont à l’étranger. « J’aurais 70 ans l’année prochaine. Plus on grandit, plus on devient vulnérable. Angèle, Astride et Annie, mes filles ont refusé catégoriquement que je me fasse vacciner. Elles sont à l’extérieur du pays, c’est là que la maladie a commencé  avant de se propager dans le monde et atteindre l’Afrique. Je ne voudrais pas poser un acte qui leur fera regretter de vivre loin de moi. Non, je ne prendrai pas le vaccin pour l’instant », confie Marie-Jeanne.


Pour sa part, Denise Kabeya, une femme d'affaires rencontrée sur l'avenue Deux plateaux, dit avoir entendu des témoignages plutôt favorables au vaccin. « J’ai des sœurs, des amis à l’étranger. Nous discutons régulièrement autour de la pandémie, le confinement, les mesures restrictives, les propositions de sortie de crise pandémique, et même le vaccin. Ils ont pour la plupart été vaccinés et jusqu’à présent, ils n’ont pas présenté des effets secondaires. Je pense que je vais aussi me faire vacciner d’ici la fin de la semaine, » a-t-elle fait savoir. 


Développer une bonne communication autour du vaccin


Omoyi Anastasie propose au ministère de la santé d’appuyer la campagne de vaccination par une meilleure communication. « Depuis mars 2020, lorsque les autorités sanitaires ont annoncé la présence de la pandémie  en RDC, les gens ont développé une certaine réticence. C’était notamment à cause de la communication autour de la maladie et les rumeurs autour des plantes médicinales. Jusqu’ici, aucune communication efficace n’a succédé à ces évènements, » regrette Omoyi. Et de poursuivre, « Maintenant que le vaccin est disponible, le ministère de la santé  devrait y songer. C’est l’une des méthodes qui feront regagner confiance à l’équipe de la riposte ainsi qu'au ministère.»


Pour rappel, 11 sites ont été répertoriés dans la capitale congolaise pour cette première phase qui devrait également s'effectuer dans les 4 provinces touchées : Kinshasa, Haut-Katanga, Nord-Kivu et Kongo Central. Ceci concerne, les catégories dites prioritaires: à savoir, les professionnels de santé et les travailleurs sociaux qui représentent environ 1% de la population, les personnes avec comorbidité (maladie rénale chronique, hypertension, diabète), représentant 13% de la population et les personnes âgées de plus de 55 ans qui représentent 6% de la population.

Le gouvernement congolais avait suspendu le début de la vaccination contre le coronavirus programmé à partir du 15 mars suite aux problèmes de circulation sanguine détectés chez plusieurs personnes vaccinées.


La RDC avait réceptionné le 2 mars dernier un premier lot de 1 700 000 de doses de vaccin de la firme Astrazeneca (AZD 12222) dans le cadre du programme COVAX, l'initiative mondiale visant à garantir un accès rapide et équitable aux vaccins contre la COVID-19 à tous les pays, quel que soit leur niveau de revenu. Ce lot est entreposé à l'Hôpital Général de Référence de Kinkole qui répond aux conditions exigées de conservation.

Un deuxième lot de 4 millions 300 milles doses de vaccins est attendu dans les prochains jours pour couvrir le 20% de la population ciblée d’ici à fin 2021, expliquaient les autorités.

Prisca Lokale