La capitale de la RDC déverse par jour 9 000 tonnes de déchets, selon Gentiny Ngobila (gouverneur de Kinshasa). Parmi ces déchets, environs 2 millions sont des matières plastiques. Rencontre avec 4 Kinoises qui transforment des bouteilles ramassées de toutes parts en objets réutilisables.
Cela va faire plus de 20 ans que Yambo Bomboti vend différentes sortes de bouteilles plastiques au marché central de Kinshasa. Ce ne sont pas des bouteilles neuves, elles sont soit ramassées dans les rues soit tirées dans des poubelles. “Mon époux et moi étions engagés dans l’armée. En 1996, il est décédé. Mais, je pratiquais déjà ce commerce depuis 1985. Je voulais être financièrement autonome”, dit Yambo en train de nettoyer ses bouteilles. Et d’ajouter : “Nous vendons 5 bouteilles 350 ml à 100 francs congolais, 1 bouteille de détergent à 200 francs, 3 bouteilles de 1.5 litres à 200 francs, des petites bouteilles de whisky à 100, 200 francs selon leurs dimensions.”
Comme Yambo, Madeleine Bonyama est aussi veuve. Par jour, elle gagne jusqu’à 7.000 francs congolais grâce à ses bouteilles. “Pour vendre certaines marchandises au marché central, il faudrait avoir un fonds de commerce assez consistant. Moi, je n’ai pas beaucoup de moyens financiers. Avec 2.000 francs congolais seulement, je peux me procurer un grand colis de bouteilles en plastique que je dois revendre à mes clients. Je gagne entre 6000 et 7000 franc par jour.”
Sur le même marché, Germaine vend uniquement des bidons de 20 et 25 litres. Elle a intégré le marché central à 30 ans. “J’ai commencé à vendre au marché central depuis 1980. J’avais ce plein désir de développer un commerce. Quand j’ai eu la chance de venir vendre au marché central, j’ai commencé par d’autres articles. Puis je me suis stabilisée dans la vente des bidons. Mes clients viennent de partout, stations d'essence, églises, salles de fêtes, tout dépend du besoin.”
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“Ce sont les éboueurs qui nous vendent ces bouteilles”
Chacune de ces femmes a au moins une source qui lui procure ses marchandises. Madeleine et Yambo “ont des clients (femmes et jeunes garçons) qui ramassent des bouteilles en plastique et en verre à travers la ville, dans les décharges et les établissements publics et privés pour les leur vendre”. Elisée précise : “Je collecte mes bouteilles en verre auprès des éboueurs ou des enfants de la rue. Parfois, nous les prenons dans nos maisons. A mon tour, je les nettoie et revend à mes clients tenanciers des bars et des boîtes de nuit. Ils s’en servent pour acheter des casiers de boissons auprès des sociétés brassicoles.”
Germaine négocie ses bidons avec certains commerçants du marché central. “Je récupère ces bidons à un prix raisonnable auprès d’autres commerçants pour les revendre à 3000 francs congolais ou 3500, selon leurs différentes qualités.”
Des inquiétudes pour les fêtes de fin d’année
Ces femmes ont également parlé des difficultés dans lesquelles elles se retrouvent en cette fin d’année. Notamment, au sujet de l’inflation de la monnaie. “Le taux de dollars n’est pas stable.Cela ne favorise pas la vente. Les clients deviennent de plus en plus rares ”, s’inquiète Yambo Bomboti.
Pour Madeleine, c’est plutôt la hausse des prix des produits alimentaires. “Les prix des produits alimentaires augmentent tous les jours. Nous ne gagnons pas assez, mais nous prenons aussi en charge nos petits-fils. Serions-nous en mesure de leur offrir de bonnes fêtes ? ”, s’interroge Madeleine Bonyama. A Germaine, sourcils froncés, de renchérir : “Je ne pense même pas aux fêtes de fin d’année. Seul l’avenir en décidera”.
Prisca Lokale