Jean Bamanisa Saidi, opérateur économique et ancien gouverneur de la province Orientale, demande aux autorités congolaises de s’activer pour la mise en place effective des “zones économiques spéciales” (ZES). Pour cet ancien député national, le pays est menacé par des importations non contrôlées venant des pays voisins et ne parvient pas à soutenir ses propres entreprises. Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, l’homme d’affaires congolais invite le gouvernement à se réveiller et à prendre à bras le corps ce dossier au risque de voir, selon lui, les entreprises congolaises fermer leurs portes à cause de la concurrence déloyale.
«<i>Lorsqu’en 1995, je suis allé voir ce qui se tramait au Congo Brazza, j’avais demandé à notre gouvernement d’acheter même un port à Pointe-Noire. Et d’avoir aussi des accords sur la rive droite du fleuve côté Brazzaville en ayant nos dépôts de transit. Parce qu’aujourd’hui, le monde bouge, vous allez voir bientôt la marchandise quitter Pointe-Noire et arriver à Brazzaville. Ces marchandises vont tuer les entreprises congolaises à Kinshasa. Parce que les Congolais de Brazza ont le grand port sur la mer, ils ont le rail et la route entre Pointe-Noire et Brazzaville, qui coûte moins cher que le corridor de Matadi. Et comme nous en RDC on n’est pas outillé, la marchandise va rentrer ici en fraude et ça va tuer les entreprises congolaises », a-t-il dit.</i>
Jean Bamanisa affirme également que c’est depuis plusieurs années qu’il mène un plaidoyer auprès des autorités pour la création de ces zones économiques qui, en principe, devraient avoir un traitement spécifique aux entreprises notamment sur la fiscalité.
<i>«Les autres sont en train de s’organiser comme l’Angola et le Congo-Brazzaville qui l'ont fait depuis 2001 et même avant 1998. Attirons les gros investisseurs pour construire le port de Banana. On n’a pas fait ça en 15 ans mais Pointe-Noire l’a fait. Il en est de même de l’Angola, qui a construit des ports en eau profonde. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est de rentrer dans ce corridor et développer notre route et même notre chemin de fer jusqu’à Banana. Le chemin de fer de Matadi à Kinshasa ne fonctionne pas. Mais pourquoi ? Nous avons besoin de ce rail. Pourquoi on n’intervient pas pour que le port et le rail soient moins chers et plus attractifs ? La Régie des Voies Maritimes taxe 25 $ la tonne, ce qui est excessif, vraiment excessif. Nous avons un corridor qui doit baisser le prix pour permettre de vivre sinon elle va disparaître effectivement ». </i>
Bamanisa Saidi préconise une conscience nationale pour lutter contre ce “fléau”.
<i>«Il faut que le Congolais soit vigilant, réfléchisse sur les enjeux économiques de la région et même du monde, au lieu de dire que nous sommes 70 millions d’habitants. L’Ouganda se développe à cause notamment de la population de l’Ituri et de l’est. Le Rwanda et la Zambie également se développent grâce à la population de l’Est qu’ils considèrent comme consommateurs. Bref, tous les pays voisins trouvent des consommateurs chez nous, parce qu’ils nous considèrent comme potentiel marché. Et la RDC doit inverser la tendance en prenant des mesures rapides. Ça fait 20 ans que nous en parlons et 20 ans qu’on ne fait presque rien ».</i>
Notez que les zones économiques spécialement sont des lieux choisis pour permettre aux entreprises et autres d’investir en obtenant une fiscalité et un traitement spécial à l’exemple de la zone économique créée à Maluku (Kinshasa) et à Kimpese (Kongo Central).
<b>Willy Akonda Lomanga/ Desk Eco. </b>