Tina Salama, porte-parole de Félix Tshisekedi, reconnaît les rôles que doivent jouer la République démocratique du Congo et le Rwanda pour la mise en œuvre de l’accord de Washington, signé entre les deux États sous les auspices de l’administration Trump. Toutefois, à la veille de son entérinement par Félix Tshisekedi et Paul Kagame, en présence de Donald Trump, président des États-Unis, Tina Salama souligne que l’exécution des initiatives diplomatiques prend parfois du temps, mais qu’elles finissent toujours par se concrétiser.
" La diplomatie a son tempo, son rythme, sa cadence. On a peut-être l’impression parfois qu’elle est lente, mais il faut lui laisser le temps. Il y a d’un côté la diplomatie, mais de l’autre, les opérations. On a parlé ici du Conops, ce n’est pas toujours évident sur le terrain, parce qu’il faut, comme on le dit si bien, être deux pour danser, peut-être pas le tango, mais la rumba. Nous ne sommes pas seuls dans ce processus. Nous avons en face de nous quelqu’un, et c’est nous qui sommes agressés. C’est la RDC qui est le pays agressé donc il faut bien que de l’autre côté, celui qui nous a agressés puisse se retirer. Et donc vous avez raison de parler de mesures contraignantes. Vous avez l’impression qu’il n’y en a pas, mais il y en a très bien. Si vous lisez les accords de Washington, vous verrez qu’il y a des mécanismes de surveillance. Et dans ces mécanismes-là, il y a bien évidemment les États-Unis, il y a le Qatar, il y a la médiation africaine ", a déclaré Tina Salama lors d'un briefing presse co-animé mercredi 3 décembre 2025 avec le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Selon elle, cinq mois après la signature de l'accord de Washington au niveau des ministres des affaires étrangères de deux États, la RDC joue déjà sa participation conformément à ses engagements contenus dans ledit accord et exhorte le Rwanda à faire la même chose.
" Maintenant, s’il y a une partie qui ne respecte pas, moi je pense que de notre côté nous avons assez avancé. … on est engagé dans la voie de la construction. On ne va pas dire prétexte, mais on sait qu’ils mettent toujours sur la table les FDLR. Nous, nous avons commencé de notre côté, et nous sommes très avancés ", a indiqué Tina Salama.
Et de poursuivre :
" Il y a eu un rapport qui est sorti récemment, qui parlait des avancées de l’accord, comment chaque parti a respecté sa part, et je pense que nous, la RDC, on est quand même assez avancé par rapport au Rwanda. Et donc, on espère que comme il y aura des tête-à-tête demain entre le président Trump et le président rwandais, il y aura également une sorte de trilatéral avec les deux chefs d’État, où ils parleront de cette question-là : cesser le feu, retrait des troupes rwandaises, qui est vraiment une condition non négociable pour nous"
La rencontre annoncée entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, prévue le 4 décembre à Washington, devait être le symbole d’un tournant diplomatique. Sous l’impulsion directe des États-Unis, les deux dirigeants doivent ratifier l’accord signé en juin et donner corps au cadre d’intégration économique régionale adopté début novembre. Pourtant, à mesure que l’échéance approche, l’optimisme initial se fissure et laisse place à une réalité beaucoup plus complexe : un processus poussé par Washington, mais freiné par une défiance politique enracinée, des divergences de lecture et une situation militaire inchangée dans l’est de la République démocratique du Congo.
La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et le M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a changé : les positions ne bougent pas, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus (Washington et Doha) montre la complexité du dossier : d’un côté une médiation interétatique, de l’autre une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.
Clément MUAMBA