La question relative au paiement de la dette intérieure a été abordée mardi 25 novembre à l'ouverture de l'édition Makutano 2025, placée sous le thème « Les Contrats du Congo : l’heure du Choix ». Cette rencontre des décideurs politiques et acteurs économiques du secteur privé se veut une plateforme de réflexion et d’action sur les leviers majeurs du développement économique de la République Démocratique du Congo.
Répondant à la question de savoir si le gouvernement envisagerait de mettre en place une ingénierie financière pour régler cette question qui dure depuis plus de deux décennies afin de booster l'économie nationale? La première Ministre Judith Suminwa a reconnu la nécessité pour le gouvernement de régler cette question. Selon elle, il existait déjà une planification pour ce faire mais tout a été perturbé à la suite de la détérioration de la situation sécuritaire dans l'Est marquée par l'agression rwandaise via la rébellion de l'AFC/M23.
"Une chose est sûre, nous avons bien conscience que de toutes les manières il faudra bien régler cette question, vous l'avez dit vous-mêmes, on l'a depuis plus de deux décennies mais qu'il est plus urgent de la régler. Non seulement, il va falloir qu'on regarde à l'intérieur ce qu'on a déjà commencé à faire parce-que vous le savez dans ces dettes intérieures il y a à boire et manger, il y a des gens ou les choses se sont faites correctement, passation des marchés correcte et que l'État leur doit effectivement des ressources et l'État a l'obligation de rembourser celà et ça je pense qu'il y avait déjà un plan pour pouvoir le faire malheureusement la guerre est arrivée, ce qui a un peu perturbé la planification pour le remboursement de ces créances" a déclaré la première Ministre Judith Suminwa Tuluka devant les acteurs du secteur privé réunis à l'hôtel Sultani à Kinshasa, capitale de la RDC
Toutefois, la cheffe de l'exécutif central a distingué l'existence des créances légitimes et les "dossiers montés de toutes pièces" qui ne peuvent être payés par le gouvernement. Judith Suminwa Tuluka a promis une nouvelle planification après les chocs de la guerre.
"Autre chose aussi et on l'a vu, il y a un certain nombre de dossiers qu'il va falloir regarder de près parce-que on a eu aussi à constater des dossiers qui ne tenaient pas du tout la route, L'État ne peut pas payer des dossiers qui sont montés de toute pièce, rembourser de l'argent dans des dossiers qui sont montés de toute pièce. Il faut faire la part des choses mais par rapport aux créances qui sont réellement dues à l'État, nous n'avons pas le choix, nous devons le faire et la planification devra être revue pour que celà soit repris le plus rapidement possible" a rassuré la première Ministre Judith Tuluka devant l'assistance.
D'après les récentes données de la Direction générale de la dette publique (DGDP), la dette intérieure suit un rythme plus modéré avant 2021, passant de 1,38 milliard de dollars en 2010 à 1,41 milliard en 2011, 1,34 milliard en 2012, 1,40 milliard en 2013, 1,39 milliard en 2014, 1,38 milliard en 2015. Elle progresse ensuite à 1,82 milliard en 2016, 1,87 milliard en 2017, 1,92 milliard en 2018, 1,95 milliard en 2019 et 2,52 milliards en 2021. Là aussi, la montée devient plus marquée à partir de 2022 : 3,84 milliards en 2022, 3,71 milliards en 2023, 5,56 milliards en 2024, puis 5,50 milliards au premier semestre 2025.
Une dette intérieure marquée par les titres publics et les créances de la Banque centrale
La dette intérieure atteint 5,432 milliards de dollars au 30 juin 2025. Elle se répartit entre arriérés certifiés et validés (989,67 millions – 18 %), arriérés certifiés non validés (720,28 millions – 13 %), protocoles d’accords (412,84 millions – 8 %), arriérés envers la Banque centrale (1,416 milliard – 26 %) et titres publics (1,893 milliard – 35 %). La progression de la dette intérieure s’explique, selon la DGDP, par l’extension du marché domestique des titres publics et par la réévaluation des anciennes avances de la Banque centrale au Trésor, ayant donné lieu à un protocole d’accord.
Rappelons-le, d'après plusieurs experts du secteur économique, l'importance du paiement de la dette intérieure réside dans sa capacité à stimuler l'économie en période de crise, à financer des investissements publics et à soutenir les ménages et les entreprises. Cependant, un endettement excessif comporte des risques, comme l'augmentation des charges d'intérêt, la limitation des investissements publics et privés, et la fragilisation de l'économie à long terme.
Clément MUAMBA