Est de la RDC : la capacité de nuisance de la CODECO reste "intacte" et les massacres des ADF se poursuivent et ciblent les forces loyalistes (Ebuteli)

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Le rapport mensuel (octobre 2025) du Baromètre sécuritaire du Kivu, de Ebuteli (escalier en lingala) institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence épingle la capacité de nuisance de la Codeco( Coopérative pour le développement du Congo) association informelle de divers groupes de  miliciens Lendu opérant en Ituri dans l'Est de la République démocratique du Congo qui est restée "intacte".

Selon le rapport rendu public lundi 24 novembre 2025, la Codeco a été impliquée dans au moins quatre affrontements dans les villages de Liko, Dada, Mbudjona et Jiba durant le mois d’octobre. Elle a été responsable de la mort d’au moins 23 civils et de l'enlèvement d’au moins 11 autres personnes dans les territoires de Djugu (son bastion) et de Mahagi où elle a installé un nouveau commandement à la tête de leurs factions dans les chefferies de Mokambo et Djukoth.

"Les Codeco ont également attaqué les FARDC au village de Liko en territoire de Djugu le 9 octobre. Lors de leur retrait, les combattants Codeco ont tué neuf agriculteurs dans leurs champs", précise le rapport.

ADF : les massacres se poursuivent et ciblent les forces loyalistes 

Au cours du mois d’octobre, le KST a documenté 19 incidents attribués aux ADFs sur les territoires de Mambasa (6), Lubero (11) et Irumu (2). Au moins 75 civils ont été tués par les ADF sur les territoires de Mambasa (2), d’Irumu (3) et Lubero (70). Alors que les ADF avaient jusque-là plutôt évité les confrontations directes avec les forces de l’alliance ougando-congolaise (UPDF/FARDC), le groupe s’est montré offensif à l’égard de ces deux forces armées et des Wazalendo au cours du mois d’octobre. 

"Les ADF, affiliés à l'organisation de l’État islamique depuis 2017, ont initié deux affrontements contre la coalition FARDC-UPDF, et deux autres contre les Wazalendo/FARDC. Alors qu’ils continuent à cibler les populations civiles en représailles aux offensives des opérations Shujaa, ou pour des besoins de réapprovisionnement 3 dans les territoires de Beni, Irumu et de Lubero, les ADF ont commis moins d’exactions sur le territoire de Mambasa. Les témoignages de plusieurs survivants aux attaques et anciens captifs rapportent que le groupe s’y est concentré sur la collecte de taxes", dit le rapport de Ebuteli.

Durant la nuit du 22 au 23 octobre, la coalition FARDC-UPDF a effectué des tirs d’artillerie sur des bastions des ADF au nord du village Lolwa. Ces tirs ont contraint les ADF à se déplacer temporairement vers le territoire d’Irumu, au nord de la cité de Komanda, où ils ont commis des exactions contre les civils.

"Lubero est le territoire le plus meurtri avec 72 morts civiles dont 70 causées par les ADF durant la période sous examen. Les ADF ont ainsi tués des civils à Rizerie (5), Itembo (3), Mukondo (19), Manguredjipa (11), Gwado (7), Mangea (3), Pethema (17) et Malewe (5)", ajoute le rapport.

Malgré l'opération Shujaa, les ADF restent actives en raison de défis tels que leur mobilité, des objectifs militaires limités, et des enjeux géopolitiques et logistiques complexes. En juin dernier, le général d'armée Muhoozi Kainerugaba, fils de Yoweri Kaguta Museveni et chef d'État major général de l'armée ougandaise et le lieutenant général Jules Banza Mwilambwe, chef d'État major des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont signé à Kinshasa, le mémorandum d'entente révisé sur les opérations conjointes Shujaa contre les terroristes ADF-MTM. 

Selon le général major et porte-parole des FARDC, Sylvain Ekenge, le nouveau mémorandum d'entente réactualisé en fonction de l'évolution actuelle de la situation sur le terrain prévoit le renforcement des opérations contre les ADF sur le terrain et leur élargissement dans les territoires de Mambasa en Ituri. Ces opérations conjointes seront également étendues contre les groupes armés auteurs de l'insécurité dans la province de l'Ituri plus particulièrement dans les territoires de Djugu, Irumu, Mahagi et Aru. 

Pour appuyer ces opérations, il a été décidé du maintien de l'équipe conjointe des renseignements. L'autre point inscrit dans le nouveau document est la sécurisation conjointe des travaux de réhabilitation de la route Kasindi - Beni - Butembo. Malgré celà, la menace persiste toujours et la population continue de payer le prix de l'incapacité des dirigeants à sécuriser sa population. 

Clément MUAMBA