Élim/Coupe du Monde 2026 : « On a battu une bonne équipe qui a pris beaucoup de risques » (Sébastien Desabre)

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Sébastien Desabre avec Pamphile Mihayo et Théo Bongonda

Les Léopards de la République démocratique du Congo (RDC) ont disposé des Lions Indomptables du Cameroun (1-0) jeudi 13 novembre 2025 au stade El Barid en demi-finale des Barrages Africains de la Coupe du Monde États-Unis - Canada - Mexique 2026.

La moisson est honorable pour Sébastien Desabre. Le plafond de verre qui planait sur les Congolais contre leurs voisins camerounais s’est vu être brisé avec dextérité et tonicité. Vingt-sept ans plus tard, les Léopards se débarrassent des Lions pour se libérer du féru d’un bourreau sans dents offensivement. Dans la verticalité et dans la diagonale : Bryan Mbeumo, le facteur X de Marc Brys. L’ancien copain de Yoane Wissa parfaitement muselé n’a retrouvé son tranchant dans son registre préférentiel qu’à la 60e minute : appel intérieur dans la profondeur entre les demi-espaces. Ce pari tactique de sortir du match le meilleur buteur de Manchester United (5 buts) en Premier League et l’homme providentiel de l’animation offensive camerounaise a été le déclic de ce succès tant mérité. Pour en arriver là, le sélectionneur français de la RDC « avait préparé le match avec un autre système de jeu du Cameroun », avoue-t-il en conférence de presse d’après-match, ajoutant que « c’était la première fois que j’ai utilisé une défense à trois, 3-4-3 ou 3-4-1-2. Ça dépendait de la position de Mbeumo. Il a fallu qu’on s’adapte assez rapidement sur nos phases de pressing qui n’étaient pas prévues initialement puisqu’on attendait ce 4-3-3. On avait joué des équipes avec cette organisation. Ç’a été assez rapide. Dans tous les secteurs du jeu on a été bien, même l’adaptation au système de jeu de l’adversaire nous a surpris », s’étonne-t-il.

Visiblement, l’homme a appris de ses erreurs. Le débâcle du 9 septembre dernier au stade des Martyrs lui a servi à jamais de portrait-robot sur lequel Desabre a vachement cravaché pour accentuer le travail de la compacité, des marquages de zone, des replis défensifs, du pressing haut. Loin de Kinshasa, dans des conditions météorologiques pas très commodes de Rabat : pelouse trempée, pluie battante, ses consignes ont été reproduites à la perfection sur une surface neuve tout de même adaptée à un spectacle de haut vol.

« C’était un match contre deux belles équipes d’Afrique dans des conditions de jeu qui étaient un peu difficiles avec la pluie mais sur une très bonne pelouse. On a joué dix premiers matchs sur du terrain synthétique, ça nous fait du bien pour poser notre jeu, être sur de bonnes pelouses. On a nos vertus et l’organisation tactique qui s’en suit. On pouvait peut-être ouvrir le score avant mais voilà, on est content. La météo, c’était pour les deux équipes. Ça n’a pas perturbé la vivacité du jeu, ç’a mis un peu de punch dans la rencontre. Nos joueurs sont comme eux, ils jouent en Premier League, ils en ont quand même l’habitude. Il y a eu du spectacle, nous avons eu nos situations, ils ont eu les leurs et on a réussi à gagner sur coup de pied arrêté. C’est ce qu’il y a à retenir de ce match, il ne s’est pas joué à grand-chose. Le fait que nous soyons assez soudés et patients quelques fois également fait qu’on a la réussite sur le corner. On était prêts. Je suis content que Chancel marque parce qu’on travaille beaucoup sur les coups de pied arrêtés. J’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai été fier de coacher mes joueurs. La RDC n’avait pas battu le Cameroun depuis longtemps. On a battu une bonne équipe qui a pris beaucoup de risques en fin de rencontre pour essayer de marquer ce premier but. C’est une étape : on sort de notre onzième match de qualification pour aller à la Coupe du Monde », s’extasie-t-il de sa deuxième victoire de la campagne en autant de rencontres, contre deux défaites.

En finale, pour s’effrayer le chemin des barrages intercontinentaux en mars au Mexique, ce seront les Super Eagles du Nigeria qui se dresseront sur son chemin. Il devra prouver que son équipe est enfin prête à battre une équipe du Top 5 du classement FIFA - CAF afin de franchir définitivement un palier dans la progression de la dynamique collective de son groupe, qui va s’étendre sur 39 matchs depuis sa prise de fonctions en août 2023. Desabre sera contraint de faire prévaloir les qualités de sa troupe pour faire acter le retour définitif de la RDC au-devant de la scène onze ans plus tard. La dernière victoire de la RDC face à une équipe du Top 5 au bout du temps réglementaire remonte au 15 octobre 2014 contre les Éléphants de la Côte d’Ivoire (4-3) à Abidjan, au Félix-Houphouët-Boigny. L’enjeu va donc au-delà d’une simple finale qui le maintiendrait en vie pour les Amériques : il sera aussi question de confirmation de la renaissance complète du onze national face aux gros os ; est-il besoin de rappeler que la plaie de la désillusion (3-2) face aux Lions de la Teranga du Sénégal devant plus 1000. 000 âmes au stade des Martyrs reste très béante.

« On va faire un douzième dimanche, c’est un long parcours. On a de la qualité, si on est connecté, assez rigoureux tactiquement, on a les armes pour pouvoir faire ce qu’on a fait, c’est-à-dire exister dans un très bon match de football africain. Depuis quelques temps, il y a des jeunes qui commencent à venir, qu’on fait entrer pour les mettre dans le bain petit à petit, ça fait un collectif. On est à l’image de ce qu’on a été à la dernière CAN. On va se concentrer pour être performants à partir de dimanche parce qu’on va jouer une belle équipe du Nigeria également. Le Nigeria reste ce qui se fait de mieux en Afrique. Des équipes qui sont devant nous au classement FIFA, on sait qu’on a encore une marge de progression. On a des joueurs d’expérience. Ce qui est mis en place n’est pas du jour au lendemain. On travaille depuis trois ans pour être capables, forts, contre les équipes comme le Cameroun et battre ce genre d’équipe. On sait qu’on progresse pour jouer une Coupe du Monde dans un chapeau. L’objectif de la finalité dans les six ans, c’est être au moins dans les neuf premiers. On avance, on fait un bon pas aujourd’hui, et on aura une équipe contre le Nigeria pour montrer de quoi on est capables. Ce sera un autre match. Quoi qu’il arrive, on va se lancer à fond dans la partie. Contre le Sénégal, on était à cinq minutes de la Coupe du Monde. On avait reculé de quelques pas. On est à un pas de ce fameux barrage au Mexique. On va jouer gravement notre chance comme l’adversaire. On va être vaillants, combatifs », promet-il.

Jenovic Lumbuenadio