M Kadima sur sa participation au Festival mondial de la musique et du tourisme : « le moment où le Chef de l’État s’est arrêté devant mon stand, c’était une consécration »

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Félix Tshisekedi visitant le stand de M Kadima au Festival mondial de la musique et du tourisme

Au premier Festival mondial de la musique et du tourisme, organisé à Kinshasa sous l’égide du gouvernement congolais et de l’ONU Tourisme, l’artiste peintre M Kadima a fait partie de la vingtaine ayant pris part. Ayant eu lieu du 16 au 18 juillet dernier, l’artiste a vu dans cette invitation une étape importante pour la reconnaissance des arts visuels en RDC car habitué aux expositions privées ou indépendantes, souvent sans soutien institutionnel.

M Kadima a présenté une série d’œuvres engagées, empreintes de spiritualité et de mémoire politique. Il a représenté le stand du ministère de la Culture, aux côtés de grands noms de la musique, de la sculpture, de la peinture. Revenant sur sa participation, l’artiste n’a pas caché de dire son honneur profond.

« C’est quelque chose qui m’a énormément touché. C’est un très grand honneur pour moi, parce que ce festival, j’en entendais parler depuis longtemps. Ce sont ce genre d’opportunités où l’on se dit que notre pays, notre gouvernement, commence enfin à nous considérer. J’ai participé à beaucoup d’événements, mais qui n’étaient pas organisés dans le cadre national, ni soutenus officiellement », dit-il à ACTUALITE.CD

L’une des pièces qui a retenu l’attention du public est l’œuvre intitulée « Code 40 ». Elle retrace un parallèle historique entre Simon Kimbangu (1921), Patrice Lumumba (1961) et Laurent-Désiré Kabila (2001), trois figures associées à la lutte pour la dignité et la libération du peuple congolais. M Kadima y voit une continuité spirituelle et politique, un héritage de la résistance.

« C’est une œuvre prophétique, politique et spirituelle. Elle raconte une ligne historique entre Kimbangu, Lumumba et Laurent-Désiré Kabila. Trois moments, séparés chacun de 40 ans, trois hommes, une même lutte, celle de la libération de notre peuple. Lorsque le Président est resté plusieurs minutes devant cette œuvre, j’ai senti qu’elle parlait. Elle touche quelque chose de profond chez ceux qui connaissent l’histoire de notre pays », explique l’artiste.

Questionné sur la dimension patriotique et spirituelle de son travail, pour M Kadima l’art n’existe pas sans inspiration, et cette inspiration est profondément liée à la souffrance, à l’histoire et à la vie du peuple. Son univers pictural vise donc à toucher, réveiller, interroger.

« On dit que mes œuvres sont patriotiques et spirituelles. C’est vrai. Mais je dirais même que l’art est d’abord spirituel à 80%. La technique, c’est seulement 20%. Une œuvre doit toucher l’âme. Elle doit parler à quelque chose d’invisible. Sans inspiration, il n’y a pas de création. Sans lien à la terre, il n’y a pas de sens. Le patriotisme est donc naturel. Quand un peuple souffre, quand sa terre est menacée, l’artiste ne peut pas rester neutre », soutient M Kadima.

L’un des moments les plus marquants du festival pour M Kadima a été la visite du Président Félix Tshisekedi, accompagné de la Première ministre, de plusieurs ministres, et de délégations d’États invités. Tous se sont arrêtés longuement devant ses toiles.

« Le moment où le Chef de l’État, avec les membres du gouvernement, est venu devant mon stand, pour moi c’était une consécration. Ce sont des personnes que Dieu a élevées spirituellement et physiquement. Je ne l’ai pas vécu seulement comme la visite du Président, mais comme celle d’un parent. En tant qu’artiste, nous représentons la société, nous portons sa voix, ses douleurs, ses rêves. Le fait qu’il se soit arrêté devant mon travail, alors qu’il aurait pu simplement passer, c’est un symbole fort. C’est comme un sceau posé sur mon parcours. Cela signifie que notre travail n’a pas été vain, même dans les moments où nous avons risqué notre carrière et parfois nos vies », raconte M Kadima.

Après cette exposition au Centre Culturel et Artistique des Pays de l’Afrique Centrale, M Kadima espère porter ses œuvres au-delà des frontières. Il appelle cependant l’État à créer des espaces d’exposition pérennes afin de permettre aux artistes congolais de vivre de leur travail, plutôt que d’exister uniquement sur les réseaux sociaux ou à travers des initiatives isolées.

« Mon rêve est de montrer ce travail ailleurs, mais notre pays n’a pas encore de galeries nationales. Nous sommes nombreux. Je suis seulement l’un parmi des milliers d’artistes talentueux. Nous avons besoin d’espaces. J’appelle l’État à construire ces lieux. L’art congolais doit vivre dans des maisons qui lui appartiennent », affirme M Kadima.

Organisé en collaboration avec ONU Tourisme, Festival mondial de la musique et du tourisme a rassemblé plus de 40 pays et a mis en lumière la Rumba congolaise, classée patrimoine immatériel de l’humanité. Entre concerts, expositions, circuits touristiques historiques et rencontres culturelles, l’événement ambitionne de repositionner Kinshasa comme capitale culturelle internationale.

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Kuzamba Mbuangu