Préserver le pouvoir d'achat des congolais et congolaises figure parmi les six engagements pris par le Chef de l'État Félix Tshisekedi lors de son investiture pour son second mandat à la tête de la République Démocratique du Congo. Ces six engagements coulés sous forme du programme d'actions du gouvernement (PAG 2024-2028) adopté à l'Assemblée nationale accorde une place de choix au secteur économique.
Dans un contexte économique marqué par les tensions budgétaires et les pressions sur les finances publiques, le gouvernement via le ministère de l'économie nationale tient à une certification transparente des pertes et manque à gagner du secteur pétrolier. Face aux allégations selon lesquelles l'actuel ministre de l'économie nationale entretenait un système opaque dans la compensation des pertes et manques à gagner PMAG- des sociétés pétrolières, il est de coutume connu que ces travaux relevant de la compétence du Ministère de l’Economie Nationale sont réalisés par un Comité interinstitutionnel élargi aux pétroliers qui comprend, notamment les délégués de la Présidence de la République, de la Primature, des Ministères de l’Economie Nationale, des Finances, des Hydrocarbures, du délégué de la Banque Central du Congo, de la DGDA, des sociétés pétrolières de logistique, des sociétés pétrolières commerciales et la Fédération des Entreprises du Congo (FEC).
« Face à ce rapport d’experts en termes de résultat final approuvé et signé par tous les participants, le Ministre de l’Economie Nationale procède aux notifications à toutes les sociétés pétrolières concernées de la situation de leurs pertes ou éventuellement des gains à devoir à l’Etat. La rigueur de la réalisation de ces travaux techniques empêche toute manœuvre de trucage des chiffres ou d’informations grâce au respect du principe de la transparence dans la mesure où toutes ces informations sont publiques et vérifiables par tous. En clair, le Comité de Suivi des Prix des Produits Pétroliers n’a aucune marge de manœuvre pour insérer (ajouter) sur la liste des société pétrolières celles qui peuvent être qualifiées de fictive », avait précisé dans une communication faite Jeudi 4 septembre 2025 la cellule de communication du ministère de l'économie nationale.
Les procès-verbaux du Comité de suivi de la structure des prix des produits pétroliers (CSPPP) prouvent le contraire. En mai 2024, la certification officielle a confirmé que sur 210 sociétés contrôlées, 127 devaient restituer des bénéfices à l’État et seulement 83 ont déclaré des pertes. Les PMAG ont chuté de 288,6 millions de dollars à 31,6 millions de dollars sur l’année, soit une baisse de 89 %, une avancée reconnue par la Présidence de la République et la récente mission du Fonds monétaire international (FMI).
« Ça évolue dans le bon sens depuis un certain temps déjà. On attend d’avoir plus d’informations et continuer les discussions lors de la prochaine mission de revue prévue en octobre », avait déclaré le 9 septembre 2025 Calixte Ahokpossi, chef de mission du FMI pour la RDC, précisant que : « les discussions entre les deux parties, qui s’inscrivent dans le cadre d’une mission technique, en vue de préparer la prochaine mission de revue, a consisté essentiellement à rassembler les informations nécessaires, portées essentiellement sur l’évaluation du niveau d’exécution de la feuille de route en ce qui concerne la gestion des prix des produits pétroliers, afin de minimiser le coût des pertes et manques à gagner, les subventions pétrolières aux miniers, nouvelle structure des prix des produits pétroliers pour les sociétés minières ».
Cependant, renseignent les travaux auxquels ont pris part les représentants de la Présidence de République, de la Primature, des ministères de l’Economie, des Hydrocarbures et des Finances, de la DGDA, de la GPDPP, du CPPN, de LERXCOM, de PETROLEUM et de la BCC- ont aussi révélé un manque de conformité : très peu d’entreprises avaient soumis leurs dossiers correctement, et certaines avaient même des dettes vis-à-vis de l’État. La méthodologie de calcul prix moyen frontière (PMF), volumes, marges et taux de change a été rappelée, et les experts ont recommandé la poursuite d’un système de certification régulière pour garantir la stabilité du secteur. Ce processus qualifié de transparent par plusieurs observateurs avait déjà permis une baisse à hauteur de 13% du prix du carburant à la pompe en octobre 2024. Les procès-verbaux réfutent donc l’existence de sociétés fictives payées indûment. Les institutions impliquées se sont engagées à maintenir ces avancées pour assurer transparence et sécurité de l’approvisionnement pétrolier.
À titre illustratif, dans la zone Ouest comprenant la ville de Kinshasa, le prix de l’essence passé de 3340 à 2 990,49 francs congolais, soit une baisse de 13 %, le demeure encore près de neuf mois après. Autant pour le prix du gasoil passé depuis de 3435 à 2 979,73 francs congolais.
« Cette diminution a favorisé depuis plusieurs mois maintenant l’augmentation du taux de la consommation qui a atteint aujourd’hui près de 50 %, signe d’un engouement généralisé de la population et des entreprises pour les carburants désormais plus abordables. À Kinshasa, la société de distribution pétrolière SEP-Congo enregistre une nette progression de ses livraisons. Avant la baisse de prix, elle distribuait en moyenne 1.500 mètres cubes de carburant par jour aux stations-services. Ce chiffre a plus que doublé, passant à 3.000 voire 3.500 mètres cubes par jour », avait indiqué lui-même Daniel Makoko Samba lors d'un récent briefing presse.
Selon toujours ces procès-verbaux, les experts ont conseillé au gouvernement de garantir la régularité de la certification des PMAG et de conserver le système actuel de remboursement régulier afin d’alléger la trésorerie des sociétés pétrolières. Pour leur part, les sociétés pétrolières devaient s’engager à respecter scrupuleusement leurs obligations en réglant l’intégralité de leurs stocks de sécurité.
Au demeurant, afin de pérenniser les avancées réalisées par le gouvernement via le ministère de l'économie nationale dirigé par le VPM de l'économie Daniel Mukoko, les parties prenantes du Comité de suivi de la structure des prix des produits pétroliers, comprenant la Présidence de la République, la Primature, les ministères de l’Économie nationale, des Hydrocarbures, des Finances, la DGDA et la Banque centrale du Congo -BCC-, se sont engagées à mettre en œuvre ces résolutions pour garantir la transparence et la fluidité de l’approvisionnement en produits pétroliers à travers tout le pays.
N'étant pas encore prêt à appliquer le « vrai prix » des produits pétroliers, le gouvernement Suminwa via le ministère de l'économie nationale s'était fixé comme mission de remettre de l'ordre dans ce secteur et de continuer à réduire le coût du manque à gagner payé chaque année aux entreprises pétrolières en vue de préserver le pouvoir d'achat de la population congolaise.
Clément Muamba