Butembo : reprise des activités ce vendredi après une journée ville morte pour dénoncer les récents massacres de civils à Lubero et Beni

Ville de Butembo/Ph. ACTUALITE.CD

Les activités ont repris timidement ce vendredi 12 septembre dans la ville de Butembo, au Nord-Kivu, au lendemain d'une journée ville morte observée pour dénoncer le massacre de plus de 80 civils tués par les combattants ADF dans les territoires de Lubero et de Beni.

Des organisations de la société civile ainsi que le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) ont appelé à observer une journée sans activités pour protester contre l’insécurité orchestrée par les ADF dans ces deux territoires.

ACTUALITÉ.CD a constaté la réouverture partielle de certains commerces. Toutefois, la quasi-totalité des boutiques et magasins situés le long du boulevard Président de la République n’ont pas ouvert à leurs heures habituelles. Quelques commerces, notamment dans les galeries commerciales, ont cependant ouvert leurs portes et reçoivent de rares clients.

Certaines officines ont également ouvert, mais la majorité sont restées fermées durant l’avant-midi. En revanche, les stations-service et les supermarchés de la ville fonctionnent normalement.

Le trafic est presque normal dans la ville. Dans les quartiers périphériques du centre commercial, les activités se déroulent comme à l’accoutumée. Les conducteurs de taxi-moto sont visibles sur les artères de la ville.

« Nous nous solidarisons avec les familles des victimes. Nous appelons la population à garder cet élan de mobilisation, parce que sans notre exigence envers le gouvernement, rien ne va marcher. Donc, nous devons rester exigeants, debout, pour que le gouvernement puisse nous ramener la paix.

Après cette journée de ville morte, nous allons maintenant envisager d’atteindre formellement les autorités avec nos recommandations, les plus concrètes possibles. On pourra voir si l’on peut trouver comment atteindre le président, déposer notre mémorandum avec des propositions concrètes, et donner un délai dans lequel il devra agir », a dit Jean-Pierre Kasma, militant du mouvement LUCHA à Butembo.

Au total, 64 des 89 civils tués lors des attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) le mardi 9 septembre dans la localité de Ntoyo (territoire de Lubero) ont été inhumés le mercredi 10 septembre. Selon le lieutenant Marc Elongo, porte-parole du secteur opérationnel Sokola 1, d’autres corps ont été remis à leurs familles à leur demande, pour que celles-ci puissent organiser le deuil et l’enterrement dans leurs villages d’origine.

Pendant ce temps, la peur persiste à Njiapanda et Manguredjipa, deux grandes agglomérations accueillant de nombreux déplacés. Chaque soir, des habitants des villages voisins tels que Kaheku, Mambembe et Masuapepo abandonnent leurs maisons pour se réfugier au centre de Njiapanda. Ils redoutent une nouvelle attaque des rebelles ADF, dont les mouvements après l’assaut de Ntoyo restent inconnus des services de sécurité.

Josué Mutanava, à Goma