Au cours de la plaidoirie de ce jeudi 21 août dans l'affaire Joseph Kabila, accusé de trahison et d'être de mèche avec le mouvement insurrectionnel (l'AFC), la partie civile a argumenté que l'ancien président de la République est un sujet rwandais, adopté par Laurent Désiré Kabila, et dont le vrai nom serait Hyppolite Kanambe. Elle a insisté sur la requalification de l'infraction d'espionnage pour laquelle le prévenu doit désormais être jugé.
Face à ces révélations, l'un de ses bras droit à réagi. Sur X, peu après la remise de l'affaire, Néhémie Mwilanya, ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila alors aux affaires, a fustigé la manipulation de l'identité de l'ancien chef de l'État. Il dénonce une démarche politicienne qu'il qualifie de crime d'État.
“Manipuler l'identité d'un ancien Chef d'Etat,fils d'un héros national ,dont la mère biologique ainsi que les membres de la fratrie sont vivants,juste à des fins politiciennes est un crime d'Etat. Ces plaies que l'on ouvre à coeur joie aujourd'hui seront difficiles à panser demain”, a-t-il écrit.
Dans leur argumentaire, les avocats des parties civiles ont avancé que la nationalité du prévenu a une incidence sur la qualification de l’infraction de trahison lui reprochée, puisque, ajoutent-elles, celle-ci ne peut être commise que par un Congolais. Ainsi proposent-ils que l’infraction soit requalifiée en « espionnage », car commise par un étranger contre la République démocratique du Congo.
Présentant leurs conclusions, les avocats des parties civiles, la République Démocratique du Congo, les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ont sollicité la condamnation du prévenu au paiement de 21 781 787 261 USD au titre des dommages-intérêts, estimant que les actes posés par l’ancien Chef de l’Etat, en soutien à l’armée rwandaise et aux rebelles du M23 dans la déstabilisation de l’Est de la RDC, ont causé d’énormes préjudices, notamment sur le plan matériel, corporel, financier, etc. Ils ont énuméré : les destructions et dégradations, la perte des recettes de l’Etat, les meurtres des populations, les pillages des ressources naturelles, etc.
Sa formation politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) a crié sur une « mise en scène ». Selon Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti de Kabila, l’objectif est « d’écarter un acteur politique majeur de l’opposition congolaise, à la place d’une démarche qui devait plutôt privilégier une démarche pour la paix et la cohésion nationale ».
Depuis l'ouverture, le procès se poursuit en l’absence du prévenu Joseph Kabila Kabange dont le défaut a été acté par la haute Cour militaire.
Samyr LUKOMBO