Le Rwanda aurait secrètement engagé des milliers de soldats dans l’est de la République démocratique du Congo pour soutenir militairement le groupe rebelle M23, selon une enquête publiée par la chaîne américaine NBC News.
Le reportage, diffusé cette semaine, s’appuie sur des documents confidentiels, des images satellites, des vidéos de surveillance et des témoignages de contractants militaires étrangers engagés auprès des forces congolaises. Il décrit ce qu’il qualifie de « guerre clandestine » menée par Kigali, en lien direct avec le M23, un groupe qui affirme défendre les intérêts de la communauté tutsie congolaise.
Selon NBC, ces documents montrent que le Rwanda a non seulement soutenu logistiquement le M23, mais a aussi déployé plus de 5 000 soldats sur le sol congolais. Les images analysées par la chaîne révèlent la présence de bases rwandaises à l’intérieur de la RDC, utilisées pour armer, entraîner et commander les troupes du M23.
NBC indique que du matériel militaire lourd, dont des mortiers guidés, des mitrailleuses, des lance-missiles et des systèmes de défense antiaérienne, a été introduit dans l’est de la RDC par les Forces de défense rwandaises (RDF). Pour éviter toute identification, les soldats rwandais et les combattants du M23 auraient été dotés d’uniformes et d’équipements similaires. Les armes auraient été rapatriées chaque nuit au Rwanda, selon le reportage.
La chaîne affirme également que les soldats rwandais morts au combat étaient discrètement retirés du champ de bataille, ou dépouillés de tout insigne pour ne pas compromettre la discrétion de l’opération. Une analyse d’images satellites d’un cimetière militaire au Rwanda fait état de plus de 900 nouvelles tombes entre 2021 et 2024, avec un pic de sépultures enregistré entre fin 2023 et début 2024, période marquée par des frappes de drones congolais.
Dans un rapport interne daté de 2022, obtenu par NBC, les RDF reconnaissent que deux de leurs soldats avaient été capturés sur le territoire congolais pendant une attaque conjointe avec le M23. Ce document interne recommande des sanctions contre leur supérieur pour n’avoir pas dissimulé leur identité.
Kigali, de son côté, a toujours nié toute implication dans le conflit. Interrogé par NBC, un porte-parole du gouvernement rwandais a déclaré que le Rwanda « agit pour défendre ses frontières » et « n’a aucune ambition territoriale en RDC ».
Alors que les combats ont provoqué des milliers de morts et le déplacement de millions de civils, NBC rapporte également que certaines familles rwandaises ont bravé les consignes du silence en publiant des avis de décès de leurs proches morts en RDC.
Malgré les accusations, le Rwanda participe actuellement aux pourparlers de paix facilités par les États-Unis, sans avoir officiellement reconnu sa participation au conflit, indique la chaîne américaine.
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