Législatives nationales en RDC:La prolifération des regroupements politiques pose un sérieux problème de lisibilité et d'équité dans le paysage électoral (Étude)

Les bulletins de vote lors des élections de 2028 en RDC
Les bulletins de vote lors des élections de 2028 en RDC

L’Institut Congolais d’Etudes sur l’Action Politique, Elections et Mouvements Sociaux (ICEAPEM) et le Centre Congolais d’Etudes Stratégiques et Prospectives (CECESP) ont mené une étude sur les partis politiques et leurs poids réels à l'issue des élections législatives de décembre 2023. Il ressort de cette étude consultée par ACTUALITE.CD jeudi 27 février 2025 une fragmentation marquée et une compétition intense entre les intervenants.

Cette recherche se justifie par la prolifération des regroupements politiques en République Démocratique du Congo qui pose un sérieux problème de lisibilité et d’équité dans le paysage électoral. Conçus comme des alliances de circonstance, ces regroupements absorbent les résultats obtenus par leurs partis membres, réduisant leur visibilité et leur légitimité politique.

"L’un des principaux facteurs aggravant cette situation est le rôle de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), qui ne prend en compte que les regroupements lors des inscriptions des candidats et de la proclamation des résultats. Cette approche nuit à la reconnaissance du travail des partis et empêche une juste évaluation de leur poids réel. Pourtant, les citoyens congolais votent d’abord pour des partis politiques, dont ils reconnaissent les valeurs et l’ancrage territorial, plutôt que pour des regroupements aux contours flous", précise l'étude menée par ces deux organisations.

Ce phénomène est particulièrement frappant en milieu rural, où l’influence des leaders politiques locaux joue un rôle déterminant dans le choix électoral.

"Les résultats des élections législatives nationales du 20 décembre 2023 mettent en évidence la structuration du paysage politique en RDC, avec 40 regroupements franchissant le seuil d’éligibilité. Toutefois, cinq regroupements se démarquent particulièrement en dépassant chacun la barre des 20 députés. L’AFDC, pilier de l’AFDC-A, s’illustre avec 38 députés nationaux (90 % des élus du regroupement). L’UNC se positionne comme un acteur clé avec 36 élus (87 % des sièges de l’UNC et de ses alliés). L’ACO, avec 14 députés, représente 29 % des 47 élus de la Dynamique Agissons et Bâtissons. L’APOCM, pour sa part, s’impose avec 13 sièges (59 % des élus du regroupement AAAP), tandis que le BUREC assure une représentation de 12 députés (57,1 % de son regroupement A/B50)", explique l'étude.

En termes de poids politique individuel, l’UDPS/T domine le classement avec 70 députés (14 % du total), suivi de l’AFDC (38), l’UNC (34), le MLC (19), Ensemble (18), l’ACO (15), l’APOCM (13), le BUREC (12), l’AVRP (10) et le CNC (9). 

Ces résultats illustrent la concentration du pouvoir entre quelques formations majeures et la fragmentation du reste de l’échiquier politique.

"Cette étude appelle à une plus grande responsabilité des acteurs politiques et institutionnels pour renforcer la stabilité et l’efficacité des institutions démocratiques. Elle participe à la « refondation 
des partis politiques qui pourront alors contribuer positivement à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit, tout en assurant l’effectivité du développement socio-économique » du pays. Elle met également en avant le rôle crucial des citoyens et de la société civile dans l’évolution du  paysage politique congolais, vers une démocratie plus mature et représentative", souligne l'étude.

Selon cette étude, pour améliorer leur leadership et leur influence lors des compétitions électorales, les partis 
politiques congolais doivent adopter les stratégies suivantes :

- renforcer les structures organisationnelles pour assurer une présence locale active et établir des antennes dans toutes les provinces pour un ancrage national solide ;

- développer des programmes clairs et adaptés capable proposer des projets concrets 
répondant aux préoccupations de la population (éducation, santé, emploi) ;

- former les cadres et militants à travers l’organisation des sessions de formation pour  améliorer les compétences en communication, stratégie électorale et gestion des campagnes;

- s’appuyer sur les technologies ( les réseaux sociaux et les outils numériques) pour mobiliser  les électeurs, en particulier les jeunes surtout dans les milieux urbains ;

- communiquer efficacement à travers des campagnes de proximité et utiliser des messages  clairs et cohérents pour renforcer leur visibilité ;

- promouvoir l’éthique et la transparence pour gagner la confiance des électeurs en respectant les engagements pris et en évitant les scandales de corruption.

Ces stratégies, selon cette étude, permettront aux partis politiques d'améliorer leur crédibilité et d’accroître leur représentativité.

Clément MUAMBA