La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), par le biais de son secrétaire exécutif, le Dr Mubita Luwabelwa, a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation sécuritaire de plus en plus préoccupante au Sud-Kivu, notamment après la prise d’Uvira par la coalition AFC/M23, une ville stratégique située près de la frontière entre la République Démocratique du Congo et le Burundi.
Dans un communiqué rendu public ce jeudi 11 décembre 2025, le Dr Mubita Luwabelwa, de nationalité zambienne, estime que le conflit en cours risque de déstabiliser l’ensemble de la région, d’autant plus qu’il a provoqué des déplacements massifs de populations.
De nombreuses personnes et familles ont été contraintes de fuir vers le Rwanda et le Burundi, entraînant une hausse du nombre de réfugiés et de personnes déplacées internes (PDI), qui ont désormais un besoin urgent d’assistance.
"La CIRGL condamne avec véhémence la violence infligée aux civils innocents. Nous exhortons toutes les parties concernées à prendre des mesures immédiates vers la désescalade et à honorer leurs responsabilités conformément au droit international humanitaire. Il est essentiel de donner la priorité à la protection des civils et de respecter les engagements énoncés dans les accords de paix, notamment les Accords de Washington récemment signés entre la RDC et le Rwanda, ainsi que l'Accord-cadre finalisé à Doha le 15 novembre 2025 entre le gouvernement de la RDC et la coalition AFC/M23", lit-on dans le communiqué de la CIRGL
En ce moment crucial dans la région, la CIRGL appelle toutes les parties à respecter le cessez-le-feu et à faire preuve d'un engagement sincère en faveur du dialogue. La CIRGL s'est dite prête à faciliter les efforts diplomatiques visant à favoriser la paix, en mettant particulièrement l'accent sur la sécurité et le bien-être des civils au Sud-Kivu et dans la région élargie des Grands Lacs.
"La CIRGL encourage tous ses États membres à poursuivre leur soutien indéfectible au processus de paix en cours dans l'est de la RDC, conformément à la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies et à d'autres accords en ce sens. Enfin, la CIRGL lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle augmente d'urgence l'aide humanitaire aux populations touchées et travaille en collaboration pour garantir un accès sûr et sans entrave à ceux qui souffrent pendant cette crise", ajoute le communiqué de la CIRGL
Cette communication intervient dans un contexte où la ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.
La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle.
Après l’occupation de Bukavu en février 2025, le gouvernement de Kinshasa avait désigné la Uvira comme siège provisoire des institutions dans les zones encore sous contrôle gouvernemental dans la province du Sud-Kivu. L’AFC/M23, soutenu par le Rwanda et son armée, ayant désormais pris le contrôle d’Uvira, inflige, selon le chef de la diplomatie burundaise, une "gifle " à Washington, seulement quelques jours après la signature des accords censés ramener la paix dans la région des Grands Lacs.
Clément MUAMBA