La relance de la centrale hydroélectrique de Katende est un dossier récurrent dans les discussions gouvernementales. Déjà abordée lors de la 82ᵉ réunion du Conseil des ministres en janvier 2023, l’option d’un financement supplémentaire de 188 millions USD avait été évoquée avec Exim Bank Inde. Toutefois, ces démarches n’ont pas permis de relancer les travaux jusqu'à l’annonce récente de l'option prise de financer sur fonds propres la finalisation de ce méga-projet.
Face aux multiples tentatives infructueuses et à la question de savoir pourquoi le gouvernement n'envisage pas de recourir à la ligne Inga - Shaba pour desservir la population de l'espace Grand Kasaï en énergie électrique, Teddy Lwamba a expliqué, lors de son intervention au briefing presse organisé mardi 24 décembre 2024 à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï-Central :
"A chaque fois qu'on veut entamer un projet d'infrastructures électriques, il y a toujours des études. Le soutirage de l'électricité sur la ligne Inga est possible, mais le poste de soutirage prévu à Tshimbulu, à 117 kilomètres de la ville de Kananga, coûterait 400 millions USD, parce que la ligne est en courant continu et qu'il faudrait la reconvertir en courant alternatif. Ce coût est élevé. Soutirer signifie qu'on retire de l'énergie transmise pour la redonner ici. Ce qui se fait, c'est que construire la centrale de Katende est un additif, une injection", a expliqué le ministre des Ressources Hydrauliques et Électricité, Teddy Lwamba.
Il a poursuivi :
"L'incidence même de la production d'électricité a une corrélation directe avec le cadre macroéconomique. Nous donnons toujours des ratios : ici, en RDC, quand on introduit 300 mégawatts, nous créons 8 milliards sur le PIB, c'est-à-dire la création de richesse. Cela signifie que Katende, avec 60 mégawatts, représente environ 1,2 milliard USD supplémentaires en création de richesse pour la RDC. Faut-il soutirer ou ajouter une centrale pour créer de la richesse ? La logique veut que l'on construise."
Selon ce membre du gouvernement Suminwa, le recours au financement sur fonds propres a pour objectif d'accélérer les travaux de cette centrale hydroélectrique. Occasion pour celui qui fut DGA de la SNEL d’expliciter les différents avantages liés à la construction d'une nouvelle centrale hydroélectrique :
"Nous allons construire une centrale en courant alternatif qui desservira la population, et le surplus de cette production — ce que je vais ajouter ici, c'est que les financements indiens n'ont pas été totalement écartés — mais nous avons eu la possibilité de compléter ces financements (NDLR : financement sur fonds propres) pour faire un raccordement entre le Kasaï et le Grand Katanga. Je pense que dans notre état de l'art, ce serait quelque chose de très important, parce que nous allons bâtir. Une fois arrivés à Mbuji-Mayi, nous aurons la possibilité de construire une ligne Mbuji-Mayi - Mwene Ditu, et Mwene Ditu qui va rejoindre Kolwezi. Cela signifie que l'excès de la production d'électricité, une fois atteint le pic de 60 mégawatts, pourra être revendu ailleurs."
Il a poursuivi :
"Mais aussi, en cas de pénurie, parce que ce sera une grande centrale au milieu du Grand Kasaï, s'il y a une panne, avec la nouvelle ligne, on pourra faire l'interconnexion entre les deux provinces. Cela représentera une sécurité N-1 pour ne pas dépendre uniquement de l'énergie de Kolwezi, où il y a un poste de conversion alternatif pour alimenter le Grand Kasaï. Aujourd'hui, si on fait une analyse comparative, le coût comparatif et l'avantage comparatif nous montrent qu'il faudra construire une nouvelle centrale. Cela représente une création de richesse, un développement des potentiels, mais aussi la sécurisation de la province avec ses propres sources énergétiques."
Pour Teddy Lwamba, laisser également l'espace Grand Kasaï dépendre de la ligne Inga n'est pas sécurisant. Il a saisi l'occasion pour inviter la population à accompagner l'option prise pour finaliser ce projet :
"Aujourd'hui, si nous dépendons de la même source, Inga, une fois en panne, cela signifie que le Katanga et le Kasaï seraient aussi en panne. Mais si nous avons une sécurité N-1 avec la centrale dans le Grand Kasaï, ce serait un avantage. Ici, je vais vous rassurer : jusqu'ici, il n'y avait jamais eu de solution de prise en charge par les fonds du Trésor. C'est une alternative qui vient d'être adoptée. Je pense que la meilleure façon de faire, le meilleur crédit que vous pouvez nous accorder, c'est de nous laisser avancer", a plaidé Teddy Lwamba.
La desserte en électricité fait partie des attentes majeures de la population de l'espace Grand Kasaï durant ce second mandat de Félix Tshisekedi. Après plusieurs tentatives non abouties , le gouvernement espère régler cette question sur fonds propres.
Clément Muamba