Le partenariat entre l'Institut congolais pour la conservation, ICCN et l'Asbl Azlu, Amis du Zoo de Lubumbashi, est sur le point d'être rompu. Les violons ne s'accordent plus entre les deux parties.
A la base, l'arrivée contestée d'un couple de lions (un mâle et une femelle) en provenance de Kinshasa par l'Asbl Azlu qui a décliné toutes responsabilités en cas de dégâts liés au transport et séjour de ces félins au jardin zoologique de Lubumbashi.
Début des divergences
Azlu instruit ses agents de quitter le Zoo le samedi 07 Septembre 2024, après avoir appris l'arrivée probable d'un couple de lions (dont un mâle et une femelle) en provenance de Kinshasa, a-t-on appris des sources en interne.
Le partenaire de l'institut congolais pour la conservation de la nature, ICCN et gestionnaire du jardin zoologique dénonce une initiative unilatérale et décline toute responsabilité. Azlu menace de rompre le contrat qui le lie à l'ICCN depuis 2011.
Mis devant ses responsabilités, l'ICCN recule et reporte sine Dié l'arrivée des félins à Lubumbashi 5 heures avant leur embarquement pour la capitale du cuivre.
48 heures après, soit le lundi 09 septembre 2024, les agents de l'Asbl Azlu reprennent le service sur instruction de la présidente, madame Lydia, qui fonde sa décision sur le recul de l'ICCN devant la menace d'Azlu de résilier le contrat entre les deux parties qui est en sa 14ème année.
“Concernant l’arrêt de travail, il était tributaire à la décision de la Direction générale d’envoyer le couple des lions (mâle et femelle) sans au préalable avoir tenu une concertation avec AZLU comme le prévoient les clauses du contrat de gestion qui lie les deux parties”, a-t-elle dit.
Et de poursuivre :
“Par voie de conséquence, AZLU a naturellement décidé de poursuivre ses activités. Contre toute attente, les travailleurs appuyés par la Direction refuse l’entrée du Zoo à AZLU “.
Les agents de l'ICCN mobilisés sur instruction du directeur général décident de bloquer l'accès au jardins zoologiques et empêchent ainsi aux personnels d'Azlu d'accéder à leur postes de travail perturbant ainsi les tâches routinières pour nourrir et soigner les différents animaux.
Inquiétudes de l'ICCN
S'exprimant sur le dossier, Jean Mululwa, directeur du zoo de Lubumbashi reproche à plusieurs responsables d'Azlu, notamment la castration systématiquement des animaux de manière unilatérale et à l'insu de l'ICCN à qui reviennent les prérogatives notamment de repeuplement, le clonage et autres.
“Le couple devait arriver ce samedi ici samedi passé. Elle a écrit.Elle dit clairement que si vous amenez vos lions, moi je démissionne. Comme vous avez décidé d'amener les lions, je démissionne. C'est écrit. J'ai ça. Je démissionne et je mets fin au sponsoring. Le zoo est en train de se vider de ses passionnantes. Il n'est plus attractif. Nous recevons les plaintes des visiteurs. Il faut les prendre en compte. Et ce sont les visiteurs qui payent. Et s'ils ne viennent plus ce qui est malheureux tous les animaux, les mammifères maltraités sont tous castrés et à notre insu. Le partenaire Azlu décide seul. Il refuse mais là le zoo est presque vide “, dit-il dans sa mise au point.
Que reproche-t-on à l'Asbl Azlu?
La castration systématiquement des des différences espèces
- la déportation des certains animaux sans aucune explication. Allusion faite à des félins nés au zoo de Lubumbashi et transférés vers une réserve animalière en Afrique du Sud.
- L'unilatéralité dans le fonctionnement et la prise des grandes décisions.
Azlu assume et justifie sa position...
Face à cette avalanche d'accusations, la présidente des amis du zoo de Lubumbashi, Azlu, madame Lydia Forrest, n'a pas souhaité s'exprimer de vive voix. Elle a, via, messagerie électronique mise à la disposition de la presse, sa version des faits.
D'après elle, Azlu n'a contre le repeuplement du Jardin zoologique de Lubumbashi. Il faudrait que soient remplies les conditions adéquates pour que les nouveaux pensionnaires vivent dans des conditions requises. Le repeuplement implique les contraintes d'ordre logistique, financier et médical.
“ AZLU n’a jamais refusé de recevoir d’autres animaux cependant cela devrait se faire en fonction de ses capacités d’accueil, de la sécurité des soigneurs, de la sécurité des employés du Zoo et des milliers de visiteurs par mois et sans oublier de se moyens financiers. À titre d’exemple , un lion mange 7 Kgs de Viande par jour, ajoutez à cela ses soins et autres besoins. La décision d’envoyer de Kinshasa un couple des lions par l'ICCN n’était pas partagée avec AZLU qui l’a appris par pur hasard que les lions arrivent le Samedi 07 septembre dernier. Le Zoo de Lubumbashi ne dispose que d’un seul enclos sécurisé pour des lions et dans cet enclos il y a déjà un lion mâle. AZLU a demandé au DG de reporter sa décision et devant le refus de ce dernier, elle n’a pas voulu assumer là responsabilité en cas d’accident car gérer c’est prévoir, et a informé officiellement le DG de son retrait de la gestion pour non respect de l’accord et dans ce cas ICCN assurera seul toutes les responsabilités en cas d’accident. C’est à ce moment précis que le Directeur général suspend sa décision 5h avant l’expédition des lions. Pendant 20 ans, de la véritable brousse à un des plus beaux zoos d’Afrique, AZLU a investi des millions de dollars grâce à ses sponsors”, a-t-elle précisé.
Concernant le repeuplement, le Zoo est limité dans l’espace. Ce disant, il doit limiter ses pensionnaires et ne peut se permettre une prolifération des espèces d’animaux tenant compte de ses engagements financiers. Ainsi, repeupler le Zoo relève d’une décision concertée.Gérer implique des contraintes.
“Nous ne sommes pas opposés au repeuplement mais nous voulons repeupler selon les exigences de gestion. On ne pouvait accueillir un couple de lions au risque de voir ces derniers se multiplier au détriment des moyens de le nourrir, les soigner et les loger.”
S’agissant de castration, il convient de relever que le Zoo n’est pas une activité d'élevage. En laissant les mâles et les femelles ensemble, il y a reproduction multipliée. Cette multiplication des animaux va occasionner une catastrophe en termes de financement, d’espace de logement, d’alimentation et des soins, explique une autre source. Connaissant la situation des autres Zoos à travers le pays, on ne peut les envoyer ailleurs. C’est donc pour ces différents motifs relatifs aux contraintes de gestion que nous avons castré tous les mâles. Cela a été réalisé en son temps en parfaite collaboration avec les autorités de Kinshasa, donc la Direction générale, il n'y a jamais eu de différend à ce sujet sinon Kinshasa nous l’aurait fait savoir”.
Quel a été l'apport d'Azlu au zoo de Lubumbashi?
Avant l'avènement d'Azlu, le Jardin zoologique de Lubumbashi passait les moments les plus sombres de son histoire. Cette mini réserve animalière n'était qu'un espace de broussailleux où ne vivent qu' une poignée d'animaux mal en point.
En 2007, sous l'initiative à la vision de madame Lydia Forrest l'Azlu a été créée. Plusieurs personnalités politiques et entrepreneurs ont soutenu l'idée de sauver le Jardin zoologique de Lubumbashi.
Selon madame Lydia Forrest, Azlu a joué et joue encore un rôle prépondérant dans l'organisation et le fonctionnement
“Le Zoo de Lubumbashi accueille à ce jour, plus de 18000 visiteurs en moyenne par mois. Il faut noter que des cours pour la protection de la faune y sont dispensés, il y a un musée des sciences naturelles, une clinique vétérinaire et le seul musée de la Termite en Afrique. Tout ce travail grâce à AZLU et ses membres portés par le bénévolat et la passion d’un travail au résultat ostensible. Il faut noter que l’ICCN ne débourse aucun frais en termes de gestion, entretien, soins, rémunérations du personnel à l’exclusion des ses agents. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui le Zoo de Lubumbashi fait la fierté de la République. Gérer un Zoo ou un Parc relève d’un pari totalement différent.
Aux dernières nouvelles, les activités ont déjà repris au zoo. Les visites n'ont pas été perturbées. Les agents Azlu et ICCN sont chacun à son poste de travail.
Depuis le 24 février 2011, un accord de partenariat lie l'ICCN, concessionnaire du Jardin zoologique de Lubumbashi et Azlu, gestion de cette mini réserve. Selon ce contrat les deux parties doivent se concerter avant toute prise de toute .
Sauf en cas rupture initiée par l'une des parties, le contrat entre l'ICCN et Azlu court jusqu'en février 2026. L'Azlu pour sa part est d'accord pour un renouvellement de contrat.
José Mukendi