RDC-Nyiragongo: tension à Kibati après le meurtre d’un déplacé par balle au camp Nyakabanda 1

Le site de déplacé de Nyakabanda 1 à Kibati
Le site de déplacé de Nyakabanda 1 à Kibati

Les tueries des déplacés dans les camps de Goma et environs se poursuivent. Un autre déplacé, jeune garçon de 16 ans, est décédé d’une balle tirée par des hommes en treillis dans la soirée du dimanche 19 mai au camp des déplacés Nyakabanda 1 de Buhama, dans le groupement Kibati (territoire de Nyiragongo) au Nord-Kivu. Plusieurs sources accusent les miliciens wazalendo qui se retrouvent parmi les déplacés dans plusieurs camps dans et autour de Goma. 

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Ce lundi, une vive tension a été observée à Kibati à la suite de ce nouveau meutre. Les déplacés en colère ont barricadé momentanément la RN2 afin de dénoncer l’insécurité dans les différents camps dans le territoire de Nyiragongo. 

«Nous ne savons plus si nous devons rentrer chez nous où il y a des rebelles ou si nous devons rester dans le camp et mourir sans cause. Mon fils était juste assis devant notre cabane ici quand les wazalendo se disputaient un téléphone, ils ont tiré plusieurs balles et voilà je viens de perdre un enfant. Que le gouvernement nous ramène chez nous s’il n’est pas capable de nous sécuriser ici », a déclaré le père du défunt.

Les hommes armés identifiés aux wazalendo ne sont pas à leur premier forfait dans ce camp. 

« Cet endroit est surmilitarisé, nous ne savons plus distinguer qui est muzalendo et qui est militaire FARDC. De fois ils se disputent même pour de petites choses et après c’est nous les victimes. Depuis notre arrivée dans ce camp, ils ont déjà tué plus de 10 personnes sans raison et nous disons trop c’est trop », renseigne un déplacé du site Nyakabanda 1.

A la suite des troubles de ce matin, le petit marché de fortune des déplacés n’a pas fonctionné.

« Depuis que nous sommes ici, apparemment le gouvernement nous a oubliés. Nous sommes parmi ceux qui n’ont jamais reçu de l’aide, nous avons pris l’initiative de commencer le petit commerce le long de la route mais avec ces tueries, de fois nous avons peur même de venir vendre. Nous souffrons énormément, qui pour finir cette souffrance que nous endurons ? », s’interroge Clémentine, déplacée en provenance de Rugari, dans le territoire de Rutshuru. 

La tension a été maîtrisée par les services de sécurité et les autorités territoriales de Nyiragongo. 

«Nous avons aussi appris cet événement malheureux et nous nous sommes rendus sur le lieu pour constater. Les autorités sont arrivés ici pour calmer la situation mais je crois que trop c’est trop, les tueries sont devenues monnaie courante dans ce village. Que les autorités trouvent une solution », a dit à ACTUALITE.CD Sikitu Kamandu Sylvestre, chef du village Buhama 1.

Ce nouveau meurtre rappelle la tuerie de plus d’au moins 35 déplacés dans les explosions des bombes le 3 mai dernier dans le camp 8ème CPAC à Lushagala dans à l’ouest de la ville de Goma suite aux affrontements entre les rebelles du M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans le territoire de Masisi. Les corps des victimes ont été inhumés à Kibati dans le territoire de Nyiragongo. 

Yvonne Kapinga, à Nyiragongo