Gouvernement Suminwa : La Fédération des personnes handicapées soutient la suppression de leur portefeuille dédié et milite pour une inclusion totale basée sur les compétences

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Personnes vivant avec handicap au Nord-Kivu, photo d'illustration, droits tiers.

Les personnes vivant avec un handicap, réunies au sein de la Fédération des personnes handicapées (FECOPEHA), ont été reçues par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka dans le cadre des consultations en vue de la formation prochaine du gouvernement de la République. Il était question pour cette délégation de rappeler à la cheffe du gouvernement que les personnes vivant avec un handicap sont aptes, selon leurs compétences, à être à la tête de n'importe quel portefeuille ou structure de l'État.

Se référant au critère relatif à la réduction de la taille du gouvernement, cette organisation s'est montrée favorable à la suppression du portefeuille qui leur est dédié, afin de se conformer au principe de l'inclusion tel que voulu dans la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées et la loi organique n°22/03 du 3 mai 2022 portant protection et promotion de la personne vivant avec un handicap, qui exigent la présence des personnes handicapées au sein de toutes les institutions.

"Nous lui avons fait voir que nous avions pris des voies pas assez correctes dans notre activisme pour faire entendre la voix des personnes handicapées en République Démocratique du Congo par le biais de Madame Irène Esambo. Nous avons eu à ne pas accepter un principe qui nous est cher, celui de l'inclusion. L'inclusion des personnes vivant avec un handicap ne veut pas dire discrimination. Nous avons fait créer un ministère et nous nous sommes amendés auprès de la Première ministre Judith Suminwa afin que la Première ministre transmette notre message d'excuses auprès du Président de la République pour les actes qui l'ont induit en erreur. Nous voulons que les personnes vivant avec un handicap soient dans toutes les structures de la République et nous avons demandé à ce qu'il y ait un ministère et que ce ministère-là ne soit pas seulement pour les personnes vivant avec un handicap", a déclaré devant la presse Madame Bénédicte Wonganombe, Présidente de la Fédération congolaise des personnes handicapées du Congo (FECOPEHA).

En réaction, Rehema Sergine, Présidente de l'ONGD Handicap Zéro et journaliste à Top Congo FM, a salué le fait que certaines organisations de défense des droits des personnes avec un handicap sont revenues à la raison. À l'en croire, depuis la mise en place du gouvernement Sama Lukonde, nous avions alerté jusqu’à demander la suppression de ce ministère qui n'était qu'une autre forme de discrimination.

"Nous constatons qu'elles se sont amendées du fait d'avoir poussé le bouchon trop loin en voulant un ministère des personnes en situation de handicap alors qu'en son temps nous avions fait comprendre que ce ministère revêtait un caractère discriminatoire et que si on voulait réellement appliquer l'article 49 de la constitution, il fallait que les personnes en situation de handicap puissent être représentées dans les institutions normalement et qu'on n'avait pas besoin d'avoir un ministère spécifique. Les personnes avec un handicap peuvent occuper n'importe quel poste tenant compte de leurs compétences, donc on n'a pas besoin d'un ministère spécifique des personnes avec handicap dirigé par une personne handicapée. Aujourd'hui, on me donne raison, ça n'a rien donné comme bons résultats", a dit ACTUALITE.CD Sergine Rehema.

Et de poursuivre :

"Nous, Handicap Zéro, nous nous réjouissons du fait qu'il y a des personnes en situation de handicap qui ont ouvert les yeux pour comprendre que ce n'est pas comme ça que les choses devaient marcher et qu'il fallait voir les choses autrement. L'inclusion ne veut pas dire quelque chose à part, l'inclusion, ça veut dire être là avec les autres. Nous nous réjouissons qu'il y ait cette prise de conscience et nous pensons que leur message est bien écouté par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka et nous espérons qu'elle va en tenir compte, il n'est pas encore trop tard pour mieux faire, on peut encore arranger des choses surtout qu'il se dit qu'il y aura réduction de la taille du gouvernement donc il faudra voir comment faire pour que les personnes en situation de handicap puissent participer dans les institutions, c'est un droit pour ces personnes-là."

À la lumière de l'article 49 de la constitution, il est dit ceci : la personne du troisième âge et la personne avec un handicap ont droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques, intellectuels et moraux. L’État a le devoir de promouvoir la présence de la personne avec un handicap au sein des institutions nationales, provinciales et locales.

La République Démocratique du Congo compte un nombre considérable de personnes vivant avec un handicap. Au moins 10 millions de personnes vivant avec un handicap ne jouissent pas de leurs droits inaliénables. Et depuis 2022, la RDC dispose d'une loi qui défend cette catégorie de personnes.

Clément MUAMBA