Présidentielle en RDC: méfiante vis-à-vis de la Cour constitutionnelle, l'opposition ne déposera pas de recours 

Les résultats partiels de la présidentielle
Les résultats partiels de la présidentielle

Les principaux opposants et candidats à la présidentielle du 20 décembre dernier en République démocratique du Congo (RDC) ne vont pas saisir la Cour constitutionnelle pour exiger l’annulation des élections. Ces élections sont pourtant entachées de beaucoup d’irrégularités, selon plusieurs missions locales et internationales d’observation des élections accréditées. Le manque des procès-verbaux de dépouillement dans les bureaux de vote ainsi que la méfiance envers la haute cour, jugée proche du pouvoir en place, sont les principales raisons pour lesquelles l’opposition ne  va pas aller  en justice contre la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

« Il n’y aura pas de dépôt de recours. Il n’y a eu que quelques procès-verbaux de dépouillement disponibles dans les bureaux de vote. On  n’a pas eu les résultats bureau de vote par bureau de vote. On vous met devant le fait accompli. C’est le même scénario qu’en 2011 et 2018 », a déclaré à ACTUALITE.CD un conseiller de Dénis Mukwege, candidat à la présidentielle.

L’opposition congolaise n’a pas confiance en la Ceni. Le 10 décembre dernier, les candidats Martin Fayulu, Jean Claude Baende, Marie-Josée Ifoku, Denis Mukwege, Théodore Ngoy, Nkema Liloo ainsi que Floribert Anzuluni avaient déposé une requête à la Cour constitutionnelle contre les irrégularités du processus électoral. Le 14 décembre, la haute cour déclarait cette requête non fondée.  Ceci renforce la méfiance de l’opposition envers la Cour constitutionnelle.

« Nous avons été déboutés, quand nous avions saisi la Cour constitutionnelle. De plus, le 21 décembre sur Top Congo FM, le président de la Cour constitutionnelle a félicité la CENI. Sachant comment Félix Tshisekedi a nommé les membres de cette cour le 17 juillet 2020, nous ne pouvons rien attendre d’elle», a indiqué l’opposant et candidat Martin Fayulu. 

Concernant justement cette requête jugée « non fondée » par la Cour constitutionnelle, le camp Mukwege estime qu’il s’agit d’un test raté. « C’était un test pour nous. La Cour  a tout balayé d’un revers de la main. Au niveau de la Cour, il n’y a rien à espérer, elle est inféodée. La Cour constitutionnelle va, comme toujours, simplement confirmer ce qu’a dit la Ceni », a souligné le conseiller de Dénis Mukwege déjà cité. 

« La conséquence est logique: la fraude corrompt tout », a renchéri pour sa part Vital Barhole, directeur de cabinet de Dénis Mukwege. Et d’ajouter :

«Quel recours pourrait-il déposer dans un contexte politique aussi burlesque où,  avant les élections,  la Cour constitutionnelle n'avait pas pris en compte la requête de plusieurs  candidats à la présidence avec les avertissements sérieux qu'elle contenait? Deviendrait-elle par magie impartiale ? ».

Du  côté d’Ensemble pour la république de Moïse Katumbi, la Cour constitutionnelle est perçue comme dernier rempart pour avaliser la fraude électorale. 

« La Cour constitutionnelle est l’axe de blanchiment de la tricherie. On conteste s’il y a eu élections, ce n’est pas le cas. Il y a une panoplie de violations de la loi que ces “élections” ont collectionnées. Mais ce n’est pas cette Cour qui pourra les sanctionner», a fait savoir Hervé Diakese, porte-parole de campagne de Moise Katumbi, déclaré deuxième avec un peu plus de 18%par la Ceni, largement derrière Félix Tshisekedi avec un peu plus de 73%.

Selon l’article 73 de la loi électorale, seuls des  partis ou regroupements politiques ayant aligné un candidat à la présidentielle, voire un candidat indépendant ont le droit de déposer un recours à la Cour constitutionnelle dans le cadre des élections présidentielles. La Cour a  7 jours pour le traiter, selon l’article 74 de la même loi. « Dès que la requête est introduite, elle est transmise au rapporteur de la cour constitutionnelle dans une plénière. Celui-ci examine les griefs soulevés par le requérant sur base des preuves et des procès-verbaux, qui peuvent constituer  les éléments matériels d’une requête », a expliqué ce mardi à ACTUALITE.D le professeur Eugène Banyaku Luape, ancien juge de la cour constitutionnelle.

Bruno Nsaka