La question relative à l'appréciation du Franc congolais sur le marché de change a été abordée par le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi dans sa communication lors de la 61e réunion du conseil des ministres. D'entrée de jeu, il a commencé par féliciter le gouvernement ainsi que la Banque Centrale du Congo pour les résultats probants récemment enregistrés sur le marché de change.
En effet, dit-il, un affermissement significatif du franc congolais vis-à-vis du dollar américain a été constaté ces dernières semaines sur le marché interbancaire traduisant une appréciation de 9,1% depuis le 19 septembre 2025. Pour Félix Tshisekedi, ce progrès constitue ainsi une preuve tangible des efforts coordonnés et constants dans la mise en œuvre des politiques monétaires et budgétaires.
"Cette évolution positive résulte de la conjugaison d'actions volontaristes et des facteurs conjoncturelles favorables, il convient notamment de relever la forte demande de la monnaie nationale pour les banques liée à la constitution de leurs réserves obligatoires, la ponction de liquidité opérée par le Trésor dans le cadre des échéances fiscales, les interventions ciblées et mesurées de la Banque Centrale sur le marché de change à travers la vente des devises.Ces acquis démontrent que lorsqu'elles sont conduites avec discipline et cohérence nos politiques économiques peuvent produire des résultats tangibles et renforcer la confiance des opérateurs ainsi que des citoyens" a fait remarquer Félix Tshisekedi dans le compte rendu de la réunion tenue vendredi 3 octobre 2025 à la Cité de l'Union Africaine.
Le Président de la République soutient qu'il est désormais nécessaire d'aller plus loin : la politique budgétaire devra rester rigoureuse et compatible avec l'objectif de stabilisation en limitant les pressions inflationnistes et en réduisant drastiquement les risques de dépréciations. Aussi, il a précisé qu'une approche plus innovante et structurée dans la conduite des politiques économiques est requise pour stimuler une demande accrue du franc congolais et renforcer sa crédibilité afin de garantir une stabilité durable du taux de change. Il a relevé néanmoins l'existence des disparités préoccupantes dans le taux de change pratiqué selon les zones géographiques particulièrement dans la ville de Kinshasa. Ces écarts créent des opportunités d'arbitrage qui nourrissent la spéculation et fragilisent les équilibres du marché.
"En conséquence, il a instruit formellement le gouvernement et la Banque Centrale du Congo à prendre de manière concertée des mesures immédiates et vigoureuses pour réduire ses pratiques speculatrices, harmoniser le fonctionnement du marché de change et de consolider la bonne dynamique observée. Plus particulièrement, en ce qui concerne les dépenses publiques, il a recommandé de bien réguler le décaissement des dépenses de sécurité par un mécanisme d'aval indispensable de la haute hiérarchie, l'objectif ultime est de garantir une stabilisation durable du taux de change, protèger le pouvoir d'achat de nos concitoyens et créer les conditions d'une croissance économique inclusive et soutenable" a recommandé Félix Tshisekedi dans sa communication.
La légère appréciation du franc congolais face au dollar américain est diversement commentée dans l'environnement sociopolitique congolais. Le gouvernement justifie cette appréciation par un ajustement du niveau des réserves obligatoires par la Banque centrale du Congo (BCC) mais aussi par le resserrement budgétaire.
Devant ses militants ce samedi dans la commune de Matete, à Kinshasa, l'opposant Delly Sesanga a sévèrement critiqué la baisse «quasi factice» du taux de change du dollar américain à Kinshasa. Il estime qu'il s'agit des simples supputations aussi longtemps que les retombées ne sont pas palpables sur le marché. Au cours de ce meeting, le député national honoraire de Luiza (Kasaï Central) a démontré que la baisse de cette devise étrangère n'a pas eu d'effet sur le panier de la ménagère, relevant, l'un après l'autre, quelques produits de première nécessité dont les prix n'ont pas bougé.
Pour sa part, l'économiste et sénateur Faustin Luanga appelle à la vigilance considérant que cette appréciation n'est pas le fruit d'une réforme structurelle. Pour lui,il est temps de bâtir une économie qui mérite sa monnaie.
Clément MUAMBA